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Suis-je ce que je connais le mieux ?

Publié le 07/04/2005

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Une condition de possibilité de la connaissance de soi par soi est la réflexivité. La réflexivité désigne la faculté pour une instance de connaissance, de pouvoir se prendre soi-même pour objet. Or le sujet jouit bien d'une telle capacité de réflexivité, car le sujet se définit d'abord par la conscience, qui est elle-même une faculté réflexive, qui peut se prendre pour objet. Dans les Méditations métaphysiques, au terme de l'épreuve du doute méthodique, Descartes  découvre le cogito, comme première vérité indubitable. En effet pour penser il faut être, donc puisque je pense, je suis. Si je suis ce que je connais le mieux, c'est d'abord parce que la connaissance de la certitude de sa propre existence est la première connaissance qui soit absolument certaine. Donc dans l'ordre de la connaissance, la connaissance de soi vient en premier. Ensuite dans cette première connaissance qu'il a de lui-même, le sujet se découvre avant tout comme esprit, parce qu'il pourrait imaginer ne pas avoir de corps et rester le sujet qu'il est, mais si on le privait de son esprit il cesserait d'être ce qu'il est. Donc puisque le sujet se définit par son esprit, et que cet esprit peut se prendre directement pour objet, il est ce qu'il connaît le mieux. C'est pourquoi dans la 4ème partie du Discours de la méthode, Descartes  écrit que l'âme, ou l'esprit, est plus aisé à connaître que le corps.

En quoi la connaissance de soi diffèrerait-elle de la connaissance des autres objets, pour qu’un sujet puisse dire qu’il est ce qu’il connaît le mieux ? Il faut immédiatement remarquer que la connaissance de soi, avant de différer en quantité de la connaissance que l’on peut avoir des autres objets, en diffère en qualité. En effet dans la connaissance que nous avons des choses autres que soi-même, le sujet de la connaissance et l’objet diffèrent. Par exemple lorsqu’un homme apprend le fonctionnement d’un moteur, le moteur est un objet différent de lui, qu’il observe donc de l’extérieur. A l’inverse, dans la connaissance de soi, le sujet et l’objet de la connaissance coïncident, puisque le sujet se prend lui-même pour objet de sa connaissance. On peut alors se demander si cette connaissance par introspection, où le sujet et l’objet coïncident, est seulement possible. Ensuite, il convient de se demander si cette connaissance est plus sûre que la connaissance où le sujet prend en vue un objet de connaissance extérieur à lui-même. Enfin on pourra se demander si le sujet lui-même n’est pas constitué par son rapport à autrui, de telle sorte qu’il ne serait pas possible de se connaître soi-même indépendamment des échanges que nous avons avec nos semblables. Il se pourrait alors que la connaissance de soi passe toujours par une connaissance de l’autre.

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