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Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience ?

Publié le 13/03/2004

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conscience
Dans les deux cas, la problématique est morale (responsabilité) plus que juridique.1. Le sujet dans l'histoire.- À première vue, de nombreux événements se déroulent sans ma participation ou sans que j'en prenne une connaissance lucide et approfondie. Ces événements peuvent être actuels aussi bien qu'historiques (concernant le passé de mon groupe, ou de ma famille).- Il s'agit de savoir, si, malgré tout, une part de ma responsabilité est engagée dans de tels événements. Question a priori surprenante: comment me sentir responsable de ce qui est hors de ma portée (hors de la portée de ma conscience)? Mais qui se justifie à partir du moment où j'admets que tout être humain a pour tâche, dans sa propre existence, de définir à travers son propre comportement ce que peut être l'humanité, et donc, réciproquement, de se sentir concerné par tous les événements qui touchent l'humanité sous toutes ses formes - même apparemment la plus « lointaine».- C'est-à-dire d'un point de vue existentialiste. Rappeler la position de Sartre: engagement intégral.
conscience

« III.

Signification morale de la cure — Les théories freudiennes proposent, non seulement une description nouvelle de l'appareil psychique, maisaussi une méthode thérapeutique.

Si l'on admet la première, il faut être attentif au sens de la seconde.Par définition, la cure a pour objet de «rééquilibrer» un sujet perturbé par ses pulsions inconscientes.

Cerééquilibrage (pour ne pas parler de guérison) s'effectue par une «prise de conscience» des élémentstraumatisants et de leur signification.

La cure, ainsi, obtiendrait un effacement de l'effet pathogène.— Il apparaît dès lors que l'inconscient ne peut plus être un alibi pour fuir la responsabilité: la cure au contraireconfirme que tout sujet a la possibilité d'assumer celle-ci, y compris à l'égard de ce qui semblait dans unpremier temps la nier. Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à lapsychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalitépsychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique parcette formule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça »représente l'inconscient.

Il est remarquable que la traduction de laphrase allemande ait prêté à controverses.Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que lapsychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avanttout une thérapie, une façon de guérir des patients.Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe maladeen raison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelle et larésistance qui s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'unconflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et desdésirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ».Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.

Le malade subit donc un combat interne dont il n'a ni la maîtrise,ni la connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces casmorbides inquiétants, elle organise de longues et minutieusesrecherches, elle se forge des notions de secours et des constructionsscientifiques et, finalement peut dire au moi : « il n'y a rien d'étrangerqui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique quis'est soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir.

» En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attentiondans cette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable àune lutte normale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entre desforces dont quelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépassé lalimite de l'inconscient.

C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le mêmeterrain.

Et je crois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible.

» («Introduction à la psychanalyse »).Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisseprendre conscience de celui-ci.

Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.

Seule la claireconscience des désirs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit faire entre ses désirs et ses normes, peutamener à la guérison.

Supprimer le refoulement conduit à remplacer une censure dont je n'ai pas conscience,par un jugement et un choix conscient : « En amenant l'inconscient dans la conscience, nous supprimons lesrefoulements [...] nous transformons le conflit pathogène en un conflit normal, qui, d'une manière ou d'uneautre, finira bien par être résolu.

»Autrement dit, la cure n'a d'autre but que de remplacer chez le patient le ça, l'inconscient, par la conscience.De favoriser le jugement et le choix et d'éliminer un conflit vécu mais ni connu ni maîtrisé.

Le psychanalyste n'adonc pas à trancher le conflit à la place de son patient, ni à transformer celui-ci.

A l'inverse, il doit permettre àce dernier sa propre reprise en main.

Là où le patient était un individu scindé, déchiré entre conscience etinconscient , la cure devrait favoriser une réunification du sujet.« Vous vous étiez fait de la guérison du nerveux une autre idée, vous vous étiez figuré, qu'après s'être soumisau travail pénible d'une psychanalyse, il deviendrait un autre homme ; et voilà que je viens vous dire que saguérison consiste en ce qu'il a un peu plus de conscient et un peu moins d'inconscient qu'auparavant ! Or,vous sous-estimez certainement l'importance d'un changement intérieur de cet ordre.

» Le but du traitement analytique tel que le décrit Freud est de rendre au sujet, déchiré par un conflit dont il n'apas conscience, la maîtrise de soi.

Loin que la psychanalyse soit une apologie de l'inconscient, elle s'assignecomme but la promotion du sujet, de la conscience, et la réduction du ça, de l'inconscient.

Ni confesseur, nigourou, le psychanalyste, sachant que tout être humain est d'abord et avant tout un être scindé, déchiré, «décomposé » pour reprendre le mot de Freud, s'efforce de favoriser la recomposition du sujet et l'avènementde la maîtrise de la conscience. Conclusion Freud a affirmé que la théorie analytique propose des éléments que l'être humain n'est pas du tout prêt àaccepter.

L'un de ces aspects ne serait-il pas l'exigence même de prendre connaissance de ce qui d'abord. »

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