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Sujet : Commentez cette formule de Bachelard "l'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissance."

Publié le 21/07/2010

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bachelard

La pensée de l'auteur semble à première vue en contradiction avec la définition même de l'opinion puisque la pensée est la condition sine qua non de l'opinion qui repose sur un jugement personnel (ou non) élaboré et porté sur un objet . Pourquoi alors l'auteur conteste la filiation entre opinion et pensée et en quoi l'opinion traduit elle notre « besoin en connaissance « ?Pour répondre il va donc falloir commenter la progression logique de l'auteur qui affirme catégoriquement que l'opinion pense mal, ce qui l'amène à déduire que l'opinion ne pense donc pas et traduit en fait des besoins en connaissance.    « L'opinion pense mal «.L'auteur considère l'opinion comme un sujet, un sujet qui pense mal, la notion donc d'opinion est personnifiée, elle semble désincarnée de l'homme. Par opinion l'auteur désigne la croyance, les préjugés et le jugement qui peut aussi être collectif (c'est à dire l'opinion commune). Penser renvoie quant à lui à la réflexion, à la méditation voir au rêve. Mal signifie ici non pas la douleur ou le malheur mais le défaut, l'imperfection. L'opinion pense donc mal puisqu'elle est subjective, personnelle donc y adhérer c'est s'en convaincre soi même et ce sans objectivité ce qui peut conduire par exemple au dogmatisme voir au fanatisme. L'opinion ne semble alors pas être en mesure de pouvoir émettre un raisonnement issu de la pensée.    Il n'y a donc pas d'effort de la pensée lié à l'opinion. L'opinion n'est donc pas une connaissance mais une méconnaissance, l'opinion reflète notre propre ignorance. Exemple, l'opinion que l'on peut avoir sur une personne ne concerne que nous, il n'y a pas d'argumentation logique pour l'expliquer de même que pour certaines ethnies que l'on considère comme primitive de part l'opinion commune reposant sur des préjugés et autres idées préconçues. L'opinion a pour conséquence que l'on « pense mal «, qu'il n'y a pas de réflexion, l'opinion semble donc un ennemi de la raison.    Mais, récapitulation et transition, il y a alors une distinction entre l'opinion qui d'une part n'est qu'une affirmation issue d'idées et non de la logique et la pensée de l'autre qui permet d'établir un jugement objectif fondé sur la raison. Alors si l'opinion n'est pas le fruit de la réflexion, elle ne peut permettre de penser.    Ainsi comme le dit l'auteur : « elle ne pense pas « , l'opinion est fausse par nature puisque fondée sur l'intérêt et non sur la raison comme expliqué précédemment, elle se dit incontestable et ne veut donc pas être remise en question car le doute annihile l'opinion, la ridiculise, car la remise en question amène à la réflexion et cette réflexion conduit à discréditer l'opinion, à la faire disparaître au profit de la pensée. L'exemple le plus probant est lorsque l'opinion renvoie à la religion et plus précisément au fanatisme religieux avec les croisades au moyen âge ou encore les Cathares qui chassaient les « hérétiques « c'est à dire ceux qui ne partageaient pas leurs croyances.Platon, dans «la République « critique l'opinion qui est fondée sur les perceptions et ne permet donc pas d'avoir accès à la connaissance ainsi que l'opinion commune reposant sur des idées préétablies et les représente comme des chaînes empêchant les prisonniers d'atteindre la vérité. Il est donc nécessaire d'utiliser la raison pour chercher la connaissance véritable.    Pour échapper à cette puissance trompeuse et avoir une connaissance véritable il faut donc se remettre en question, exprimer des doutes quant à nos opinions afin d'avoir accès à une connaissance véritable, Socrate l'énonce avec cette citation inspirée des Grecques : « connais toi toi-même « c'est à dire reconnaître son ignorance, définir les choses importantes non pas en fonction de l'opinion mais par notre capacité à penser. Le doute conduit à penser et la pensée permet d'aboutir à un jugement objectif car résultant d'une réflexion, cela nous permettant d'accéder à la vérité.    Récapitulons et transitionnons. L'opinion est le reflet de l'ignorance et non le fruit de la raison., pour parvenir à se libérer de l'opinion il faut s'interroger, s'étonner (ce que la philosophie permet entre autre de faire) étant donné que cela amène à la vérité. Mais si l'opinion apparaît comme ennemie de la connaissance que peut t'elle donc nous apporter ?    L'auteur considère l'opinion non pas comme un moyen visant à nous apporter quelque chose mais comme une preuve de notre propre ignorance, en effet, pour énoncer la fonction de l'opinion, Bachelard utilise l'expression suivante : « elle traduit des besoins en connaissance. «.Ici, le verbe «traduit« signifie citer, s'exprimer par l'intermédiaire du langage et de l'art qui sont les deux moyens d'expression de l'opinion. Les besoins renvoient peut être à des désirs mais l'auteur a semble t'il eu l'intention de les nommer besoins pour qu'il y ai une certaine impression de connivence entre l'opinion et la nature de l'homme comme si l'être humain ne pouvait se libérer de l'opinion. Connaissance ici est synonyme de vérité, cela signifie la certitude, la compréhension. L'opinion sert alors à représenter, à refléter l'incertitude, le questionnement voir le mal être et se positionne comme l'ersatz d'un jugement objectif, l'opinion feint d'être légitime, d'être exact alors qu'elle symbolise l'ignorance du sujet, son incapacité à émettre un avis objectif qui le conduit à donner une opinion, reflet de son ignorance et traduit donc une volonté d'accéder à la vérité. Exemple, l'opinion en tant que croyance semble exprimer, refléter une volonté, un désir de savoir universel, en l'occurrence ici l'existence d'une vie après la mort.    Concluons donc, avec Bachelard, pour dire que l'opinion ne traduit pas notre connaissance ce qui ne permet pas de juger correctement car elle n'est pas le fruit de la raison et que seul la pensée permet d'accéder à la connaissance véritable. Pour se soustraire à l'opinion il est nécessaire de se remettre en question mais que l'opinion n'est pas vaine, en effet elle nous permet de voir notre ignorance et de là nous accorde à penser véritablement, en somme l'opinion par sa nature conduit à sa propre annihilation.

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