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Le sujet se suffit-il à lui même ou bien ai je besoin des autres pour être moi ?

Publié le 06/11/2005

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AUTRUI (lat. alter huic, cet autre-ci, présent)

Autrui n'est pas simplement celui qui est autre que moi mais l'autre comme autre moi (alter ego) et corrélatif du moi.

BESOIN

Gén. Nécessité naturelle ayant une cause physiologique; par ex., le besoin de manger. Il faut ici distinguer besoin et désir (désir de manger du fromage plutôt qu'un dessert). Le désir privilégie toujours un objet plutôt qu'un autre, et implique donc un choix là où le besoin manifeste une nécessité. Phi. Il est difficile cependant de faire du besoin une catégorie strictement naturelle. Nos besoins sont inséparables de notre histoire psychologique (Freud) et sociale (Marx) ou bien sont dits culturels ; dans tous les cas, ils échappent à une détermination objective. Ainsi, parler de besoins vitaux reste délicat : où se termine la survie ? Où commence l'abondance ? Les frontières du besoin semblent donc poreuses.

BIEN (lat. bene, bien; bonus, bon)

Phi. Ce qui est objet d'approbation ou de satisfaction. Pour les Anciens, le Bien est la finalité naturelle de la volonté, étant d'abord ce qui fait du bien, le profitable. Le problème éthique essentiel est alors de distinguer les « faux biens », les biens trompeurs qu'on recherche tant qu'on ignore qu'ils n'en sont pas, des « vrais biens », ceux qui nous sont vraiment utiles. Mot Le Bien se définit comme la norme suprême dans l'ordre éthique, ce vers quoi doit tendre toute action morale.

SUJET (lat. subjectum; de subjicere, jeter en dessous)

Log. Opposé à attribut ou prédicat. Le sujet est ce dont tout le reste s'affirme. Ex. : Socrate (sujet) est mortel (prédicat). Méta. Pour Aristote, seule la substance est sujet. Phi. Opp. à objet : être qui connaît les objets ou qui agit sur eux. On appelle encore sujet épistémologique, ou sujet universel, le sujet qui connaît, c.-à-d. non pas tel sujet particulier empirique (l'individu qu'on rencontre dans l'Expérience ) mais le sujet rationnel, autrement dit le sujet en tant qu'il possède la faculté universelle de penser, identique en tout homme. Crit. Kant appelle sujet transcendantal le Je pense et l'ensemble des lois et principes universels a priori de la pensée. Le sujet transcendantal se définit par son activité législatrice dans l'acte de connaître. Au contraire, la sensibilité, ou « capacité de recevoir des représentations des objets par la manière dont ils nous affectent », se définit par sa passivité et caractérise plutôt l'individu en tant qu'il a un corps. Dr. Le sujet de droit ou sujet du droit est le sujet considéré en tant qu'il possède un droit» comme tout autre et non comme individu particulier, ou sujet empirique. personne. Pol. Le sujet politique est le citoyen soumis aux lois de l'État.

BIEN : Au sens éthique, ce qui est conforme à l'idéal de la moralité, qui doit être recherché pour lui-même indépendamment de son utilité. Il mérite l'approbation d'une conscience droite. Sa possession seule peut procurer le bonheur (ou souverain Bien). SUFFIT-IL : Est-ce suffisant, assez, sans qu'il y ait besoin de plus ou d'autre chose ?

Le rapport immédiat à nous-mêmes et au monde nous donne l’impression d’être des sujets autonomes et indépendants les uns des autres qui ensuite seulement, une fois leur personnalité constituée, vont à la rencontre des autres. Le rapport à autrui se présente donc comme un rapport secondaire et contingent. Nous sommes d’abord nous-mêmes, et ensuite seulement nous rencontrons d’autres personnes. Cette impression vient sans doute du fait que nous sommes en permanence avec nous-mêmes et nous-mêmes, tandis que les autres vont et viennent dans nos vies. Pourtant, l’expérience de la solitude radicale, qu’elle soit celle du prisonnier, du naufragé sur son île ou tout simplement de la solitude qui nous guette à certains moments de notre vie nous fait voir à quel point les autres jouent un rôle fondamental dans la perception que l’on a de soi et même dans la constitution de notre identité. La fréquentation d’autres êtres humains semble en effet être indispensable à notre santé mentale, mais aussi à notre enrichissement. Sommes-nous donc si autosuffisant que nous le croyons ? Pourtant, cette présence des autres n'est pas toujours si bien accueillie. Nous ressentons tous parfois le besoin d’être seul, de ne pas être envahis et d’avoir un temps et un espace à soi. L’expression devenue courante selon laquelle il est bon de « se retrouver « par la solitude tend au contraire à nous montrer que la présence des autres peut nous gêner. Autrui est-il celui qui me permet d’être moi, ou au contraire ce qui me détourne de moi-même et m’empêche d’être pleinement moi-même ?

« la constitution du sujet.

En effet, le petit enfant ne parvient à se reconnaitre dans un miroir et donc às'identifier comme étant une personne différente de son entourage qu'à partir de 6 mois, et cela uniquementparce qu'un de ses parents le porte devant le miroir et le désigne en lui disant « c'est toi ».

Sans le miroir, etsurtout sans ses parents, le petit enfant ne saurait donc se forger en tant que sujet.

B.

Michel Tournier, dans ce grand roman sur la solitude qu'est Les limbes du Pacifique nous montre combien la présence d'autrui est essentielle à la constituion du sujet et à sa santé mentale.

Voici ce que dit lenarrateur de son séjour solitaire sur l'île : « Lorsqu'un peintre ou un graveur introduit des personnages dansun paysage ou à proximité d'un monument, ce n'est pas par goût de l'accessoire.

Les personnages donnentl'échelle et, ce qui importe davantage encore, ils constituent des points de vue possibles qui ajoutent aupoint de vue réel de l'observateur d'indispensables virtualités.

A Speranza, il n'y a qu'un point de vue, lemien, dépouillé de toute virtualité.

Et ce dépouillement ne s'est pas fait en un jour.

Au début, par unautomatisme inconscient, je projetais des observateurs possibles - des paramètres - au sommet des collines,derrière tel rocher ou dans les branches de tel arbre.

» Je ne peux donc exister sans autrui, car c'est lui seulqui donne à mon existence toutes les virtualités possibles, ne serait-ce que de point de vue, virtualité dontle moi se démarque et ainsi peut se construire.

C.

Qui plus est, être moi, ce n'est pas seulement être moi à mes propres yeux, mais aussi être reconnu par les autres comme ayant telle identité et telle personnalité.

En lisant le texte de Sartre extrait de l'Être et le Néant concernant le garçon de café, on voit combien il est essentiel non seulement de faire un effort pour coller à son moi, ici le fait d'être garçon de café, mais aussi que les autres nous identifient facilement commetel.

Le sujet humain, parce qu'il est le seul être dont l'existence précède l'essence est aussi celui qui doit seforger son moi.

Notre identité n'est pas prédéfinie, c'est pourquoi le regard des autres est essentiel pour quenous puissions nous en donner une.

Autrui a donc une place essentielle dans le regard que j'ai de moi-même.En effet, le sentiment de la honte nous montre que l'on ne peut avoir honte que devant autrui, parce quecelui-ci est un rempart contre la mauvaise foi : en dialogue solipsiste avec moi-même, je puis toujourstrouver des excuses pour expliquer mes actes.

Mais lorsque le regard d'autrui est là et me juge, je suiscontraint d'affronter la stricte réalité de mes actes.

Ainsi peut-on dire qu'autrui « est le médiateurindispensable entre moi et moi-même ». Transition : pourtant, on peut se demander si toute présence d'autrui est toujours une présence qui me permet d'être moi.

Les autres ne peuvent-ils pas également permettre une fuite de soi ? III. La présence des autres ne peut-elle pas aussi être oubli de soi ? A.

De même, René Girard a montré que le désir est toujours mimétique, autrement dit, que ce que l'on désir, on ne le désir pas seulement en soi, mais aussi et surtout parce que d'autres le désir.

Ainsi, Proust dans La Prisonnière écrit-il qu'une femme n'est jamais voulue par un homme seulement pour elle-même, mais aussi toujours parce que les autres hommes la désirent.

Même ce que nous pensons être le plus personnel et leplus intime, notre désir, n'est donc compréhensible que dans le cadre de notre relation à autrui.

Cetteanalyse du désir peut donc offrir une piste de réflexion nouvelle : si autrui prend une place si essentielle dansla constitution de ma propre personnalité, ne peut-il pas aussi me faire oublier ce que je suis en propre ? est-ce que je sais encore ce que je désire si tous mes désirs sont commandés par les désirs des autres.

B.

Heidegger dans Être et temps appelle cet oubli de soi dans la vie quotidienne que l'on mène auprès des autres la vie dans le « on ».

En lisant le journal, en empruntant lestransports en commun, on se dissout soi-même dans cette existencequi est celle du « on » c'est-à-dire de tout le monde et de personne.Cette oubli du sujet dans le « on » est également ce qui permet ladéresponsabilisation, car si « on » l'a bien voulu, c'est qu'en définitivepersonne ne l'a voulu.

C.

C'est pourquoi on ne peut pas dire que le sujet a toujours besoin des autres pour être soi, car certaines présences constituent un oublide soi, et non une véritable relation de soi à soi.

On pourrait s'appuyersur un texte de Hannah Arendt pour distinguer les différents rapportsque l'on peut avoir aux autres.

Ce texte, extrait de Responsabilité et jugement distingue la solitude de l'esseulement et de l'isolement.

La solitude seule comporte un schisme essentiel : bien que seul, dans lasolitude, je suis seul avec moi-même, ce qui est la condition premièrede la pensée ; dans ce cas, si quelqu'un s'adresse à moi, je dois luirépondre « quand je lui parle, je change.

Je deviens un : je suis biensûr conscient de moi-même, mais je ne suis plus pleinement etexplicitement en possession de moi-même ».

Par contre, si la personnequi me parle se préoccupe des mêmes choses que celles quim'intéressaient, alors, cette personne devient un autre moi-même, cartout se passe comme si je m'adressais à un autre moi.

C'est pour celaque je peux aussi bien me sentir très seul parmi d'autres que ne pas me sentir seul quand je suis avec moi-même.

Autrement dit, la présence des autres peut aussi bien être un. »

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