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La technique n'est-elle que l'application de la science ?

Publié le 19/03/2010

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technique
Si l'on considère que la technique se caractérise par l'efficacité dans la réalisation de quelque chose, alors c'est pourquoi l'on considère souvent que cela provient de la science. Etre un vrai technicien, c'est savoir y faire, c'est disposer d'un savoir-faire. Dire que l'on procède avec technique, ou techniquement, c'est souligner que l'on procède avec méthode, dans les règles de l'art et non avec ignorance. Mais en même temps, de très nombreuses techniques se sont développées sans s'appuyer sur des connaissances scientifiques. Les techniques anciennes en donnent de nombreux exemples (l'éclairage, la machine à vapeur, les machines de guerre...). Ainsi, la technique ne se réduit pas immédiatement de la science, et la science ne semble pas suffisante pour la technique. De ce fait, si la technique fait appel à la science, elle ne lui semble pas pour autant entièrement dévouée et subordonnée. Dans quelle mesure alors la technique est-elle l'application de la science ?
II. la technique est l'application de la science
III. Mais la technique ne peut se réduire à l'application de la science

IV. Approfondissement du sujet
 


technique

« L'application proprement dite consisterait alors en une simple déduction de la connaissance des lois et des règles duréel.

II suffirait de les connaître pour résoudre tous les problèmes techniques qui se posent à nous.

Il ne faudraitalors pas d'autre savoir que la science.Or dans quelle mesure peut-il s'agir d'une simple application, qui ferait du technicien ou de l'ingénieur un simpleexécutant d'ordres déjà programmés ? ll faut de l'habileté En effet, si la technique est bien l'application de la science au sens où elle utilise son apport, il n'en reste pas moinsque l'application elle-même constitue encore une difficulté.

Comme le dit Kant développe dans le paragraphe 43 dela Critique de la faculté de juger: « l'art en tant qu'habileté humaine est également distinct de la science (le savoir-faire est distinct du savoir), comme une faculté pratique est distincte d'une faculté théorique ».S'il suffisait de savoir ce qu'il faut faire pour parvenir à le réaliser, alors on ne parlerait pas d'art, ni d'activitétechnique.

Car, il ne suffit pas de se représenter « comment devrait être faite la meilleure chaussure » pour parvenirà la faire.

Non !, II faut une « mise en ceuvre », autrement dit « un passage à l'acte ». Il faut être capable d'invention, ce qui ne peut relever de l'application d'un savoir Mais il ne s'agit pas ici seulement de l'habileté manuelle, gestuelle permettant d'exécuter une technique apprise.

Ils'agit d'un aspect essentiel de l'activité technique, qui participe à son évolution : une nouveauté technique n'estpas « découverte », mais elle est inventée.

Ce qu'il faut réaliser, c'est quelque chose qui n'existe pas encore (unprocédé, un objet).

L'invention, par principe, ne se réduit pas à l'application de quelque chose de connu ou de déjàexistant.

Inventer, c'est opérer de nouveaux assemblages d'éléments, de pièces fonctionnelles selon des causalitésnon déjà connues.Ainsi la technique, de part son procède d'invention, ne peut être seulement une application de la science.

Il n'y apas de science pour inventer, non plus de technique sûre pour cela.

Ce qui relève du savoir-faire technique en cesens ne peut s'enseigner comme s'enseigne le contenu de la science, car la part du savoir-faire, du tour de main, du« génie » propre n'est pas transmissible comme un contenu théorique. IV.

Approfondissement du sujet L'examen de la science et de la technique dans leur évolution rend impossible de considérer l'approfondissement quel'une soit simple application de l'autre; il y a influence réciproque entre la science et du problème la technique.Ainsi, dire que la technique est l'application de la science ne peut constituer une caractérisation valable, etsuffisante, de la technique en général, car on éliminerait de ce fait une part essentielle de la technique, qui est lapart de l'invention.

L'invention, à la différence de la découverte scientifique et de la création artistique, est laproduction de quelque chose d'absolument nouveau (qui ne préexistait pas dans la nature) mais qui suit les lois de lanature.

C'est ce qui fait que la technique semble, parfois, précéder la science.

II faut donc approfondir l'examen desrelations entre la science et la technique. La science, pour progresser, a besoin de technique; elle doit être inventive En effet, autant le progrès technique est inséparable d'une certaine scientificité, autant, à l'inverse, le progrèsscientifique est inséparable d'une certaine technicité.

La science, peut être aussi confrontée à des problèmesproprement techniques.Il ne s'agit pas, en effet, d'observer la réalité pour en déduire les lois du réel, ni d'appliquer ce qu'on sait déjà pouren savoir plus.

La difficulté ne consiste pas seulement à « poser les bonnes questions à la nature », mais à savoircomment obtenir les réponses.

Mais, le réel ne se laissant pas observer facilement, il faut le provoquer, en obtenantgrâce à un procédé expérimental, les effets attendus susceptibles de confirmer une X hypothèse.La science est donc entièrement tissée de technique, elle construit ses objets, et ses découvertes sont dans unecertaine mesure, des inventions.

De ce fait, la science et la technique ne présentent pas de grande différence, nidans les procédés, ni du point de vue du savoir.

Elles correspondent toutes deux à une relation par rapport à lanature ; c'est-à-dire que l'une et l'autre procèdent à un découpage du réel, cherchent à faire ce que fait la nature,ou ce que la nature aurait pu faire. La technique et la science ne sont ni réductibles l'une à l'autre, ni pensables séparément. En fait, dans ce cas-là, la technique ne se définit pas essentiellement comme l'application de la science, mais, àl'inverse, on pourrait dire que la science se serait constituée comme un des moyens de réalisation de la technique,elle se serait développée historiquement pour répondre à l'exigence de la technique, pour lui venir en aide. V.

Conclusion Ainsi, la technique, bien loin d'être seulement l'application de la science, constituerait une forme essentielle derapport au réel, rencontrant la science, s'en instruisant, et l'instruisant, réclamée par la science et la réclamant.Canguilhem, dans « Machine et Organisme »', résume ces rapports complexes ainsi : « Science et Technique doivent. »

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