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La technique contribue-t-elle au développement de l'intelligence humaine ?

Publié le 26/01/2004

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technique
La main n'est « pas un outil, mais plusieurs » (Aristote, IVe siècle av. J.C, Traité des Parties des animaux). La main, a écrit Kant (XVIIIe s.) signale chez l'homme le « congé définitif» que l'intelligence donne à l'instinct. La main, organe doué d'expressivité. Pensez aussi au caractère éminemment individuel de la main : empreintes digitales, graphologie, lignes de la main, expressivité de la main du musicien, etc. A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils. L'outil est une sorte de ruse de la raison, qui se détourne provisoirement du but à atteindre, pour construire un moyen d'action efficace : fabriquer un marteau, c'est différer d'enfoncer le clou... pour l'enfoncer plus facilement.
technique

« marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...

pour l'enfoncer plus facilement.

Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animalfabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).

On dit souvent, dans le même sens,que l'homo sapiens est d'abord un homo faber.

La répétition des mêmesobservations conduit à la règle, les sciences se développent comme lasystématisation de ce qui n'a d'abord été que suggestion, proposition.

Troisième partie : L'aliénation à la science Si le développement technique suppose une maîtrise indéniable de la nature,et s'il est l'expression d'une extrême complexité de l'intelligence humaine, ilfaut distinguer son existence de son application : « Plus le niveau de latechnique est élevé, plus les avantages que peuvent apporter des progrèsnouveaux diminuent par rapport aux inconvénients.

» Simone Weil, Oppression et Liberté , 1955. Le danger pour l'intelligence n'est donc pas celui de la conception, qui témoigne au contraire d'un haut degré de sophistication et deprécision, mais celui de la mise en oeuvre sociale : « Plus les techniques progressent, plus la réflexion est en recul.

» Gabriel Marcel, Les Hommes contre l'humain , 1951.

On construit donc une société centrée sur l'objet et non sur la personne.

Heidegger va plus loin dans la critique, considérant qu'il nes'agit pas de deux stades séparés et dissociés, mais que le processus technique lui-même est déjà marqué parl'absence de toute objectivité : « Quand nous considérons la technique comme quelque chose - de neutre, c'est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception [...] nous rend complètement aveugles enface de l'essence de la technique.

» Heidegger, La Question de la technique , 1953.

On peut donc considérer que la technique contribue aussi à l'appauvrissement de l'intelligence, aliénantl'individu, l'obligeant à être un utilisateur et non plus un inventeur.

Latechnique est aussi l'ennemie du rêve et de l'imaginaire, elle enferme chacundans les mêmes cadres que l'autre (des études ont même été entreprises surle « formatage » de l'écriture par l'ordinateur). Heidegger: La technique 1.

Le projet cartésienPour Heidegger, l'ère moderne réalise le projet cartésien de maîtrise et dedomination de la nature.

Elle est l'ère où se manifeste dans toute son ampleurla technique, la mobilisation de toutes les forces en vue d'une exploitation.Toute la nature est devenue, non plus objet de contemplation ou de pensée,mais un fonds exploitable et calculable, y compris l'homme lui-même qui n'enest que le gérant.

Ainsi, le Rhin, dont le poète savait dire le mystère, n'estplus qu'une énergie électrique potentielle, qu'une source d'énergie sommée dese livrer (La Question de la technique). 2.

La signification de la techniqueCette description du monde technique n'est pas, pour Heidegger, l'occasionde s'inquiéter pour l'homme, au sens où il le croirait menacé par des catastrophes, mais de diagnostiquer un nouveaurapport de l'homme à l'Être qui s'annonce.

D'une part, l'étant, l'ensemble de ce qui est, est sommé de se livrer sousune forme calculable (ainsi, le scientifique questionne tel ou tel phénomène pour en obtenir une maîtrisemathématique) ; d'autre part, l'homme lui-même est sommé d'étendre sa main ordonnatrice, de tout planifier etsoumettre à ses calculs.

Le danger de la technique est l'illusion qu'elle suscite chez l'homme de pouvoir serencontrer lui-même dans ce qui est, et donc de ne jamais pouvoir exister authentiquement. HEIDEGGER : DIRE "OUI" ET "NON" À LA TECHNIQUE Le développement accéléré et envahissant de la technique dans le monde moderne oblige à repenser les rapportsque l'homme entretient avec elle : primitivement instrument de l'homme, la technique semble en effet en passe defaire de l'homme son instrument.

Aussi est-ce au moyen de se libérer de la technique tout en l'utilisant que nousinvite à réfléchir Heidegger. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nous en libérer,. »

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