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La technique est-elle libératrice ?

Publié le 13/04/2005

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technique

Machinisme et aliénation Dans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs. La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils. L'habileté mamelle encore requise dans la manufacture disparaît. La force de travail se dévalorise toujours davantage. L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes & enfants) accroît la concurrence entre travailleurs. De plus, le travail devient monotone : « La facilité même du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt. « (Marx). Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit se plier au rythme imposé par la machine. Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire. Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Depuis son apparition, l'homme a considérablement évolué et ses évolutions ont été accompagnées par des découvertes de techniques, comme par exemple : la découverte de la machine à vapeur (XVIIIème siècle) qui a permis à l'homme de voyager à travers le monde et a bouleversé son mode de vie : le commerce avec les autres pays s'est développé et, aujourd'hui, c'est un procédé complètement ancré dans notre quotidien. Les techniques ont, pendant longtemps, servit à alléger le quotidien des hommes : la couture pour se vêtir, les maisons pour se protéger... Mais les nouvelles techniques sont aujourd'hui à l'origine de nombreux conflits car les hommes les admirent (ordinateurs, Internet...) et, en même temps, ils en redoutent les conséquences  sur la vie et la nature (OGM, incidents nucléaires...).

Si la technique est libératrice, de quoi nous libère-t-elle ? Cela signifie donc que nous sommes "prisonniers" de quelque chose : de quoi sommes-nous "prisonniers" ? En quoi la technique nous permet de nous libérer ? Comment ?

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« I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme.

Son thème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et de l'outil, du point de vue de l'épanouissement humain.Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement aux idées reçues, une supériorité, de ce point de vue, de la machine sur l'outil ?La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la vie de l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes.L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et la dignité humaine. II - UNE DEMARCHE POSSIBLE.A - IDEE DIRECTRICE (cf.

ci-dessus) ET ARTICULATIONS DU TEXTE.Le texte procède selon trois moments.Un premier moment (jusqu'à "sens artistique") détaille les deux reproches que l'on adresse habituellement au machinisme : d'abord, transformer en machine l'utilisateur d'une machine.Ensuite, briser l'inventivité de l'ouvrier, en lui faisant produire des objets identiques les uns aux autres.Les deuxièmes et troisièmes moments répondent à ces faux reproches.

Le seul vrai reproche en effet, est pour Bergson que la production massive d'objets grâce aux machines pousse les hommes à une consommationinutile, c'est-à-dire au luxe.La raison de l'invalidité du premier reproche est la suivante (deuxième moment) :Le temps libre ("heures de repos") permis par le machinisme donne à l'ouvrier la possibilité de libérer son esprit des contraintes de la matière, et ainsi de retrouver au fond de lui-même la faculté de " choix " que le travail surmachine lui a fait oublier.Ce choix se portera spontanément selon Bergson, sur des potentialités de son intelligence autres que celles sollicitées pour faire fonctionner sa machine.De là, Bergson conclut à l'infériorité de la civilisation de l'outil : l'homme est plus inventif quand il use d'outils, mais il y passe plus de temps , et laisse ainsi en friche des potentialités qui pourtant lui appartiennent.Bergson aperçoit cependant les limites de son argument : l'"industrialisme" suscite plutôt l'"amusement", c'est-à-dire l'utilisation récréative des objets que l'ouvrier lui-même a produit, plutôt qu'il ne suscite un authentiquegeste de liberté.Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, qui est "mal dirigée".La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin du texte) :L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leur temps libre pour épanouir leur originalité profonde. B - EXPLIQUER :"Réduire l'ouvrier à l'état de machine" : c'est le contrecoup du fonctionnement, essentiellement réglé et prédéterminé, de la machine sur son utilisateur.

"Prétendus amusements", "vraies originalités".Le machinisme mal compris et mal dirigé induit un cercle vicieux : l'ouvrier produit des objets, et, durant son temps libre, continue à s'aliéner à ces mêmes objets.C'est là un amusement et une liberté illusoires.

La vraie originalité se trouve dans la recherche et dans la mise en oeuvre de nos facultés profondes. C - LE MACHINISME EST-IL UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE ?Non, selon Bergson à condition que les illusions de liberté qu'il engendre soient limitées par la "bonne direction" que le pouvoir politique a pour responsabilité d'imprimer à l'usage social des produits du machinisme.Mais on peut se demander si la civilisation des objets industriels ne s'est pas rendue indépendante, malgré les décisions politiques, de la volonté collective des hommes. La technique transforme la vie de l'homme pour mieux le libérerPour Marx, la machine est un instrument du progrès qui permet de libérer le travailleur de certaines tâches et, à terme, de lui offrir des loisirs.

La machine travaille vite, produit plus, l'ordinateur me libère de tâchesfastidieuses, la voiture me dispense d'effectuer des trajets qui, au siècle dernier encore, auraient pris des jours.

Le temps gagné est autant de temps que je peux consacrer à ma liberté.«Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête etmains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, etdéveloppe les facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme quiappartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distinguedès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche.

Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imaginationdu travailleur.

Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel ildoit subordonner sa volonté.

Et cette subordination n'est pas momentanée.

L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'unetension constante de la volonté.

Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles etintellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant.

» Marx, « Le Capital »,I,3ième section, chapitre 7. Commentaire.

Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.

En produisant ses conditions de vie, l'homme se produit lui-même., il devient véritablement humain. Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.

Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellule de l'abeille sont parfaites), mais par la nature de l'activité elle-même. Le travail est une transformation consciente de la nature.

Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.

Il en résulte premièrement que le produit du travail est l'extériorisation ou objectivationd'une intention humaine ; deuxièmement que c'est cette intention qui impose au travailleur les gestes à accomplir et les techniques à utiliser.L'existence d'un projet contraint le travailleur.

Il n'agit pas au hasard mais pour réaliser ce qu'il a en tête.

Ses forces intellectuelles et corporelles ne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.

C'est ence sens que le travail n'est pas « attrayant ».

Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort de volonté. [Si la technique permet bien de dominer la nature,elle peut tout aussi bien permettre de dominer l'hommelui-même.

En suivant sa propre logique, elle échappe à l'homme tout en l'emprisonnant.] L'apprenti sorcierQu'est-ce qu'une machine ? Le meilleur ou bien le pire des artifices ? Les hommes fabriquent des machines mais ils les détruisent également (à l'instar de ces premiers ouvriers du textile qui brisèrent au xviiie siècle lesmétiers à tisser sur les conseils de Ludd.

Le « luddisme » est au monde ouvrier ce que la jacquerie est aux paysans).

Les machines retirent de la peine au travail mais elles rongent également le travail des hommes.

Bref, lesmachines opèrent-elles un retour de la technique contre le technicien, instruments d'une version actuelle de l' apprenti -sorcier ? • La technique, parce qu'elle fait passer la science aux actes, pose le problème de la finalité — voire de la moralité de la science : l'arme nucléaire, par exemple, est-elle seulement la perversion d'un pur et innocent désir deconnaître ? ou bien, la science est-elle responsable, dès son principe, des terrifiantes applications qu'on en peut faire ?• Les dangers que font aujourd'hui courir à l'humanité les progrès techniques (cf.

également les manipulations génétiques) mettent-ils en cause l'usage qu'on fait de la science ou la science elle-même ? « L'esprit humain,déclarait Auguste Comte, doit procéder aux recherches théoriques en faisant complètement abstraction de toute considération pratique » (Comte, Cours de philosophie positive, 1830/1842).

Mais est-il possible, et si oui,est-il légitime de procéder de la sorte ? Quelle que soit votre réponse, la question est incontournable dans tout devoir tournant autour de la valeur de la science.Car la menace ne semble plus relever aujourd'hui de la science-fiction.

Bien sûr les « robots » ou l'ordinateur central de 2001 ne sont pas en passe de dominer les hommes, au sens de les asservir.

Mais peu à peu,discrètement systèmes automatisés et intelligences artificielles commencent à extraire l'homme du monde du travail, au risque de lui rendre la nature totalement inintelligible.C'est aujourd'hui un thème familier et angoissant que celui du technicien apprenti -sorcier.

L'effroyable péril suscité par le développement des armes nucléaires, ainsi que les dangers de « robotisation » constitués par la mécanisation de notre existence soulignent avec éclat que la technique ne tient pas lieu de sagesse, pas plus que la science ne tient lieu de philosophie.

« La technique, a écrit, le R.P.

Laberthonnière nous apprend à nousservir des choses.

Mais saurons-nous nous-mêmes à quoi nous faire servir? » La technique ne donne à l'homme que des moyens d'action.

Elle reste muette sur les fins qui doivent guider notre conduite.

Et nous avons plus quejamais besoin d'une sagesse pour nous éclairer sur les fins qu'il nous appartient de poursuivre.

Dans le monde actuel l'éclat de nos pouvoirs humains fait ressortir dans une lumière tragique l'ambiguïté de nos vouloirs.

Et si latechnique est une médiation nécessaire pour concilier le pouvoir et le vouloir, seule la philosophie peut nous permettre de voir clair dans notre vouloir.

Seule la philosophie pose le problème des valeurs.Machinisme et aliénationDans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs.

La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils.

L'habileté mamelle encore requise dans la manufacturedisparaît.

La force de travail se dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes & enfants) accroît la concurrence entre travailleurs.

De plus, le travail devient monotone : « La facilitémême du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt.

» (Marx).

Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit seplier au rythme imposé par la machine.Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire.

Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Il a libéré l'humanité de l'esclavage, réalisant ainsi le vieux rêve d' Aristote Il a contribué à l'élévation du niveau de vie des masses.

Mais son but n'a jamais été d'émanciper le travailleur ni d'alléger le labeur.

Son seul but est le maintien du taux de profit.

C'est pourquoi la division du travail et les progrèstechnologiques ont, dans les faits, réduit le travailleur à n'être que le simple rouage d'un mécanisme qui le dépasse.

Il y a, dit Marx, une contradiction absolue « entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu'elle revêt sous le régime capitaliste ».

Cette contradiction « finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens. »

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