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Technique & liberté ?

Publié le 15/02/2004

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technique
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées.   Le projet d'une technique libératrice Descartes : « des connaissances fort utiles » « Sitôt que j'eu acquis quelques notions générales touchant la physique [...], j'ai remarqué jusque où elles peuvent conduire [...]. Elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie ; et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force des actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la méthode, 1637, 6e partie). ■ On voit que Descartes prend acte de la naissance des sciences expérimentales, et conscience des applications pratiques qu'elles autorisent. Il annonce la possibilité d'une technique dont le développement, loin d'être une fatalité pour l'homme, devrait libérer l'humanité, et la libérer en particulier : - de la souffrance du travail : certaines inventions techniques « feraient qu'on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent » ; - de la maladie, voire du vieillissement lui-même : le progrès des techniques devrait permettre d'assurer un jour « la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie » ; - de la nature en général, de cette puissance dont nous sommes les jouets malheureux tant que nous n'avons pas conquis sur elle le pouvoir que donne le savoir. Puisque l'on nomme « Dieu », traditionnellement, le maître de la nature, le projet cartésien nous promet de participer quelque peu à la puissance divine. ■ On voit aussi que se situe à l'exact opposé de toute idée de fatalité le développement d'une telle technique qui doit nous affranchir des limites de l'humaine condition.
technique

« l'utilisation, finalisée par l'homme, de cette technique.

A proprement parler, la technique apparaît donccomme étant techniquement neutre, dépourvue d'une quelconque détermination morale et libre de toute valeur. Selon cette thèse (de neutralité), ce n'est pas par elle-même que la technique peut être jugée, mais enfonction des fins.

Par exemple, si l'on s'en tient au point de vue technique , le médecin est le meilleurempoisonneur peut-être même meilleur pour empoisonner que pour guérir c'est que qu'avait en vueAristote dans l' « Ethique à Miconaque » , quand il disait que « dans le domaine de la technè, l'homme qui agit mal volontairement est préférable à celui qui agit mal involontairement ».

Du point de vue technique, il vaut mieux savoir que ne pas savoir, et appliquer ce savoir à un mal n'est pas à proprementparler un problème qui concerne la technique.

C'est une autre instance que l'instance technique qui fixeles fins, et ce n'est pas donc en tant que technicien que le médecin choisit de guérir plutôt qued'empoisonner.

voilà bien l'illustration de ce qu'on appelle classiquement l'indétermination des fins, ou laneutralité morale de la technique : le critère de jugement du technique n'est pas, alors, la valeur morale,mais la pure et simple efficacité. Est-il si sûr, pourtant, que la technique soit moralement neutre ? Certes, la possession d'un pistoletn'oblige personne à commettre des meurtres, mais peut-on écarter totalement l'idée qu'elle aide à enconsidérer la possibilité ? Pour utiliser une métaphore biologique, on peut soupçonner qu'ici, jusqu'à uncertain point, l'organe crée la fonction, ou, si l'on préfère, que la technique suggère bien tout de mêmel'idée de ses finalités possibles.

L'opposition de ces deux conceptions de la technique, l'une, innocente (laneutralité morale), l'autre, plus désabusée (la technique suggère des finalités), nourrit le débatcontemporain sur la notion.

C'est en s'opposant explicitement à la première conception, jusque-làcourante, que Marcuse , cité par Harbemas dans « La technique & la science comme idéologie », explique que « ce n'est pas après coup seulement, et de l'extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination – ces finalités et cesintérêts entrent déjà dans la constitution de l'appareil technique lui-même ».

On ne saurait être plus clair : Marcuse soupçonne la technique de porter en elle ses fins. « Ce n'est pas seulement son utilisation, c'est bien la technique elle-même qui estdéjà domination (sur la nature et sur les hommes), une domination méthodique,scientifique, calculée et calculante.

Ce n'est pas après coup seulement, et del'extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêtsappartenant en propre à la domination – ces finalités et ces intérêts entrent déjàdans la constitution de l'appareil technique lui-même.

La technique, c'est d'embléetout un projet socio-historique : en elle se projette ce qu'une société et lesintérêts qui la dominent intentionnent de faire des hommes et des choses.

Cettefinalité de la domination lui est consubstantielle et appartient dans cette mesure àla forme même de la raison technique.

» Marcuse. L'argument qui permet de passer de la thèse de la neutralité à cette position, c'est l'argument dusystème, du projet d'ensemble.

si on considère la technique comme un tout, comme un projet global, laliberté qui s'offre à nous devant les moyens techniques isolés pris un par un s'efface, et se fond dans lafinalité d'ensemble du projet.

L'analyse de Michel Henry , l'auteur de la « Barbarie », converge ici avec celle de Marcuse pour récuser la thèse trop facile de la neutralité du moyen technique : « si l'on parle à propos de technique de « moyen », il faut reconnaître qu'il s'agit de moyens très particuliers ; lesquels nesont plus au service d'aucune fin différente d'eux mais constituent eux-mêmes la « fin » ».

au terme de ces analyses, c'est la neutre indétermination de la technique qui est repoussée comme illusoire. Dans cette direction on pourrait aller jusqu'à suspecter l'économie de marché de créer le besoin duconsommateur pour un objet dont nous étions arrivés à nous passer jusque-là.

La campagne de publicitérécente d'une grande marque d'ordinateurs rappelait que « l'important n'est pas ce que l'ordinateur peut faire, mais ce que vous pouvez en faire ».

le slogan a le mérite de bien poser le problème de l'objet technique, en prenant acte de ce que dorénavant la plupart des objets techniques créent le besoin qu'ona d'eux au lieu d'y répondre ; il rappelle que ce sont théoriquement les hommes qui fixent les finalités, etqui déterminent le choix des objets techniques qu'ils utilisent en fonction de ces finalités.

Commecréatrices de besoins artificiels, la technique se présente bien ici implicitement comme porteuse de l'idéede sa finalité : et il est révélateur qu'une marque puisse avoir à manier cet argument pour lutter contreses concurrents, comme pour témoigner d'un état de fait.

Nous avions déjà croisé en route l'idée del'articulation entre le besoin naturel et à l'orienter vers les finalités qu'elle suggère, ce qui peut laissercraindre qu'en ce nouveau sens la technique devienne l'objet propre du travail.. »

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