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La technique n'est-elle qu'un moyen ?

Publié le 15/10/2005

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technique
.) Ainsi la règle du Beau n'apparaît que dans l'oeuvre et y reste prise, en sorte qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre oeuvre. »   Une première piste pourrait constituer à donner une définition de la technique limitant son intérêt et son efficace : la technique serait une idée fixée par son adaptation au processus d'obtention de tel objet défini, elle n'aurait donc aucune plasticité ; une fois définie - et elle est définie uniquement comme moyen de la fin auquel elle sert - elle ne serait l'objet d'aucun travail, d'aucun progrès ; elle serait une sorte de programme à appliquer sans l'interroger.     Les bienfaits de la technique dépassent l'objet auquel elle s'applique   Bergson   « Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel. On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine. Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités. »    Une des manières de rehausser la valeur de la technique et de lui faire dépasser son statut de moyen serait d'observer l'efficace de son application sur la société humaine : on voit alors que l'une des conséquences de l'utilisation de la technique est une amélioration des conditions de vie humaines - c'est ce qu'elle vise en premier lieu -, amélioration qui elle-même peut favoriser le progrès de la nature humaine en général. La technique reste alors un moyen, mais l'efficace de ce moyen dépasse largement la réalisation de la fin qui lui est spécifiquement assignée.   La valeur spéculative de la technique     Descartes, Discours de la méthode   « Mais sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées, sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres des cieux et de tous les autres corps qui nous environnement aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.

On appelle « technique « l'ensemble des moyens que l'homme met en oeuvre pour transformer et améliorer son environnement. Les techniques sont à la fois des procédures et des savoir-faire.

La technique apparaît donc en premier lieu comme un moyen par lequel l'homme parvient à transformer le monde qui l'entoure. C'est cependant ce statut de « moyen « attribué à la technique qui est interrogé ici.

On désigne comme « moyen « un objet ou une procédure par lesquels on vise autre chose qu'eux-mêmes – dans ce cas, on oppose « moyen « à « fin «. Autrement dit, le moyen est conçu comme utilitaire, il est une condition de la réalisation de quelque chose : il n'est pas recherché pour lui-même mais pour la fin qu'il rend possible, cette fin étant à comprendre comme la chose que l'on recherche pour elle-même.

Le sujet demande si la technique est uniquement un moyen – c'est le sens de la restriction « ne...qu « : elle présuppose donc que la technique est effectivement un moyen, et invite à poser la question de l'exhaustivité de cette définition : la technique est-elle plus et autre chose qu'un moyen ? Si oui, qu'est-elle, peut-elle être recherchée pour elle-même, et pourquoi ?

Il faudra donc interroger le statut de la technique en définissant sa fonction – dans quel processus entre-t-elle ? – et son fonctionnement – comment se manifeste-t-elle, que met-elle en oeuvre, que rend-elle possible ? En interrogeant le fonctionnement de la technique, on pourra remarquer que celle-ci demande de mobiliser certaines facultés humaines – facultés de rationalisation, de synthèse, de conceptualisation – et constitue donc peut-être un lieu privilégié d'exercice et de développement de ces facultés. La technique aurait alors un statut plus complexe que celui de moyen : elle serait un lieu d'exercice valant pour soi, productif en lui-même indépendamment de la fin qu'il vise. C'est le rapport que l'homme entretient avec la technique qui est ici en jeu : quelle est la place de la technique dans la vie humaine, individuelle comme sociale ?

technique

« Une des manières de rehausser la valeur de la technique et de lui faire dépasser son statut de moyen seraitd'observer l'efficace de son application sur la société humaine : on voit alors que l'une des conséquences del'utilisation de la technique est une amélioration des conditions de vie humaines – c'est ce qu'elle vise en premier lieu-, amélioration qui elle-même peut favoriser le progrès de la nature humaine en général.

La technique reste alors unmoyen, mais l'efficace de ce moyen dépasse largement la réalisation de la fin qui lui est spécifiquement assignée. La valeur spéculative de la technique Descartes, Discours de la méthode « Mais sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que commençant à les éprouveren diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent desprincipes dont on s'est servi jusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées, sans pécher grandementcontre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes.

Car elles m'ontfait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cettephilosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant laforce et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres des cieux et de tous les autres corps qui nousenvironnement aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrionsemployer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature.Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucunepeine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour laconservation de la santé ; laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cettevie : car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps que, s'il est possiblede trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusques ici,je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher.

» Enfin, on peut permettre à la technique de dépasser radicalement son statut de moyen en envisageant sa valeurspéculative, autrement dit, sa valeur pour le progrès de la pensée humaine en général : l'élaboration d'une techniquedonne lieu à un exercice de la raison, qui ainsi progresse indépendamment de la fin qu'il vise par cette élaboration.La technique devient un lieu de manifestation et de progrès de la raison humaine ; il est donc très réducteur del'envisager uniquement comme un moyen visant certaine fin particulière. Conclusion Si la technique apparaît à première vue simplement comme la définition et la mise en oeuvre de procédés permettantde parvenir à une fin prédéfinie, il semble qu'il ne faille pas limiter sa valeur et son efficace à cela : « la » techniqueest alors plus que la somme des techniques singulières élaborées par l'homme, elle est un des lieux de manifestationdes facultés humaines, et, par là, elle acquiert une valeur en soi qui empêche de la penser uniquement comme unmoyen.. »

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