Devoir de Philosophie

La technique nous libère-t-elle ?

Publié le 15/03/2005

Extrait du document

technique
Technique et loisir "Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel. On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique.Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine.Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités." BERGSON.QUESTIONS :A - Dégagez l'idée directrice et les articulations du texte. B - Expliquez les expressions suivantes :"réduire l'ouvrier à l'état de machine" ;les "prétendus amusements" et "les vraies originalités" C - Le machinisme est-il un obstacle au développement de la culture ? I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ?Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme. Son thème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et de l'outil, du point de vue de l'épanouissement humain.

Notre univers quotidien est de plus en plus envahi par les objets techniques, ces derniers s’ils nous facilitent la vie, peuvent aussi contribuer à notre aliénation car nous devenons de plus en plus dépendants de leur présence. En effet grâce au progrès technique, nous sommes devenus plus libres face aux exigences et aux contingences de la nature, nous ne sommes plus soumis de manière aussi totale à ses caprices imprévisibles.  Cependant si les premières techniques (la révolution néolithique, la maîtrise de la métallurgie puis les grandes découvertes qui donnèrent lieu à la révolution industrielle) ont permis aux hommes d’être moins dépendants d’une nature parfois cruelle, notre époque avec ses technologies de plus en plus sophistiquées n’a-t-elle pas donné lieu à de nouvelles dépendances ?  En effet, non seulement nous ne pouvons nous passer d’objets techniques dont le caractère indispensable reste douteux (le téléphone portable en serait aujourd’hui un exemple criant), mais notre puissance sur la nature est devenue telle que nous sommes parfois tentés de jouer les apprentis sorciers et de devenir les artisans de notre propre aliénation. Les risques liés à l’application de certaines techniques sur l’être vivant et plus particulièrement sur l’homme semble justifier de telles inquiétudes, les projets actuels (plus ou moins réalistes) de clonage humain pourraient justifier une telle remise en cause du progrès technique et technologique.  Faut-il pour autant renoncer à toute évolution en ce domaine? Si les peurs nourries par une vision prométhéenne de notre avenir sont compréhensibles, doivent-elles pour autant conduire à un retour en arrière et un tel retour est-il possible?  

technique

« Pour Marx, la machine est un instrument du progrès qui permet de libérer le travailleur de certaines tâches et, à terme, de lui offrir des loisirs.

La machine travaille vite, produit plus, l'ordinateur me libère de tâches fastidieuses, lavoiture me dispense d'effectuer des trajets qui, au siècle dernier encore, auraient pris des jours.

Le temps gagné est autant de temps que je peux consacrer à ma liberté. «Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps estdoué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvement sur lanature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n'a pas encoredépouillé son mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à cellesdu tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plusexperte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche.

Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'estpas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, etauquel il doit subordonner sa volonté.

Et cette subordination n'est pas momentanée.

L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue,laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.

Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'ilse fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant.

»Marx, « Le Capital »,I,3ième section, chapitre 7. Commentaire. Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.

En produisant ses conditions de vie, l'homme se produit lui-même., il devient véritablement humain.Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.

Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellule de l'abeille sont parfaites), mais par la nature de l'activité elle-même.Le travail est une transformation consciente de la nature.

Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.

Il en résulte premièrement que le produit du travail est l'extériorisation ou objectivation d'une intention humaine ; deuxièmement que c'est cette intention qui impose au travailleur les gestes à accomplir et les techniques à utiliser.L'existence d'un projet contraint le travailleur.

Il n'agit pas au hasard mais pour réaliser ce qu'il a en tête.

Ses forces intellectuelles et corporelles ne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.

C'est en cesens que le travail n'est pas « attrayant ».

Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort de volonté. [Si la technique permet bien de dominer la nature,elle peut tout aussi bien permettre de dominer l'hommelui-même.

En suivant sa propre logique, elle échappe à l'homme tout en l'emprisonnant.] L'apprenti sorcierQu'est-ce qu'une machine? Le meilleur ou bien le pire des artifices ? Les hommes fabriquent des machines mais ils les détruisent également (à l'instar de ces premiers ouvriers du textile qui brisèrent au xvin` siècle les métiers àtisser sur les conseils de Ludd.

Le « luddisme » est au monde ouvrier ce que la jacquerie est aux paysans).

Les machines retirent de la peine au travail mais elles rongent également le travail des hommes.

Bref, les machinesopèrent-elles un retour de la technique contre le technicien, instruments d'une version actuelle de l' apprenti -sorcier? Car la menace ne semble plus relever aujourd'hui de la science-fiction.

Bien sûr les « robots » ou l'ordinateur central de 2001 ne sont pas en passe de dominer les hommes, au sens de les asservir.

Mais peu à peu, discrètementsystèmes automatisés et intelligences artificielles commencent à extraire l'homme du monde du travail, au risque de lui rendre la nature totalement inintelligible.C'est aujourd'hui un thème familier et angoissant que celui du technicien apprenti -sorcier.

L'effroyable péril suscité par le développement des armes nucléaires, ainsi que les dangers de « robotisation » constitués par la mécanisation de notre existence soulignent avec éclat que la technique ne tient pas lieu de sagesse, pas plus que la science ne tient lieu de philosophie.

« La technique, a écrit, le R.P.

Laberthonnière nous apprend à nous servir deschoses.

Mais saurons-nous nous-mêmes à quoi nous faire servir? » La technique ne donne à l'homme que des moyens d'action.

Elle reste muette sur les fins qui doivent guider notre conduite.

Et nous avons plus que jamais besoind'une sagesse pour nous éclairer sur les fins qu'il nous appartient de poursuivre.

Dans le monde actuel l'éclat de nos pouvoirs humains fait ressortir dans une lumière tragique l'ambiguïté de nos vouloirs.

Et si la technique est unemédiation nécessaire pour concilier le pouvoir et le vouloir, seule la philosophie peut nous permettre de voir clair dans notre vouloir.

Seule la philosophie pose le problème des valeurs.Machinisme et aliénationDans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs.

La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils.

L'habileté mamelle encore requise dans la manufacturedisparaît.

La force de travail se dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes & enfants) accroît la concurrence entre travailleurs.

De plus, le travail devient monotone : « La facilité même dutravail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt.

» (Marx).

Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit se plier au rythmeimposé par la machine.Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire.

Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Il a libéré l'humanité de l'esclavage, réalisant ainsi le vieux rêve d' Aristote Il a contribué à l'élévation du niveau de vie des masses.

Mais son but n'a jamais été d'émanciper le travailleur ni d'alléger le labeur.

Son seul but est le maintien du taux de profit.

C'est pourquoi la division du travail et les progrès technologiques ont, dans lesfaits, réduit le travailleur à n'être que le simple rouage d'un mécanisme qui le dépasse.

Il y a, dit Marx, une contradiction absolue « entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu'elle revêt sous le régime capitaliste ».

Cette contradiction « finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens d'existence et d'être rendu lui-même superflu par la suppression de sa fonction parcellaire ».

En effet, le capitalisme, qui assure la formation de la main-d'oeuvre à moindre frais, est toujours pris de cours par ses propres transformations technologiques et ne peut donc que licencier les travailleurs dont les emplois sont supprimés par les progrès techniques.

Ce qui fait que chaque progrès économique apparaît comme « une calamité publique ».

C'est là le côté négatif.

Mais, dit Marx, ces catastrophes mêmes que fait naître la grande industrie « imposent la nécessité de reconnaître le travail varié et, par conséquent, le plus grand développement possible des diverses aptitudes du travailleur, comme une loi de production moderne. » : « Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l'individu morcelé, porte-douleur d'une fonction productive de détail, par l'individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées dutravail.

» En effet, les progrès de la grande industrie exigent, aujourd'hui, des travailleurs hautement qualifiés et polyvalents.

La fabrication des machines, des chaînes de montage entièrement automatiques requièrent les techniques les pluscomplexes.

On peut donc penser que les formes parcellaires et aliénées du travail ne sont, dans l'évolution séculaire de la production, que les mauvais côtés par lesquels des formes plus avancées du travail pourront développerl'homme social intégral qui saura « tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail ». Le travail aliéné.« Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physiqueimmédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

[...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement ses preuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la natureapparaît comme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans laconscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritableobjectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.

De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique.

»Marx, « Manuscrits de 1844 ». L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel .

Chaque homme appartient au « genre » humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc le représentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier.Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des oeuvres et en transformant la nature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé par l'homme & la nature transformée par lui sont des miroirs où il se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cette production, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est lebut.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit pas seulement pour satisfaire ses besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.Or, c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'homme est privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on dira que l'aliénation du travail a son origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de la propriété permettrait de dépasser l'aliénation dutravail.

Soit on conclura que l'aliénation caractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humain que débarrassé de la fonction de satisfaction des besoins.Technique et appauvrissement de l'hommeBorges Friedmann, pour sa part, dénonce l'environnement artificiel et inhumain que crée la civilisation technicienne.

Celle-ci dépouille l'homme de ses rythmes naturels sans lui apporter d'autres points de repères, d'autres valeurs,une autre culture.

Elle le plonge ainsi dans un vide spirituel.

Sans cesse assisté par la technique, l'homme en devient dépendant. [1] HOMO SAPIENS : L'homme savant.[2] HOMO FABER : L'homme qui fabrique. [] La diabolisation de la technique semble donc reposer sur une sorte de malentendu : après tout quand un meurtre est commis avec un pistolet, ce n'est pas le pistolet que l'on juge au tribunal, mais celui qui a appuyé surla détente, c'est-à-dire celui qui a employé ce moyen technique en vue d'une certaine fin posée par lui.

La technique ne fait que proposer des moyens : l'homme, en tant qu'il est celui qui fixe et détermine les finalités quilui paraissent souhaitables.

Le malentendu de la diabolisation consiste à porter un jugement de valeur sur la technique, alors que ces jugements ne peuvent être portés que sur l'utilisation, finalisée par l'homme, de cettetechnique.

A proprement parler, la technique apparaît donc comme étant techniquement neutre, dépourvue d'une quelconque détermination morale et libre de toute valeur.Selon cette thèse (de neutralité), ce n'est pas par elle-même que la technique peut être jugée, mais en fonction des fins.

Par exemple, si l'on s'en tient au point de vue technique , le médecin est le meilleur empoisonneur. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles