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La technique a-t-elle perdu l'homme ?

Publié le 22/07/2010

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technique
Dans toutes nos activités de la vie quotidienne, l'empreinte de la technique est bien là, et elle est comme indélébile ; nos machines que nous utilisons pour cuisiner, pour notre hygiène ou pour nos divertissements ne sont que d'anciens procédés techniques retravaillés d'une façon moderne. Mais ce n'est pas seulement un constat actuel, la technique a des origines bien plus anciennes et les nombreuses fouilles archéologiques nous le montrent bien, en mettant à jour des techniques remontant aussi loin qu'aux premiers pas de l'homme sur terre. La technique est donc presque une constante de l'histoire humaine, elle est presque toujours-déjà là. Il y aurait donc comme une permanence de la technique qui ferait que l'homme a presque toujours vécu en sa présence et c'est sans doute parce qu'elle apportait des moyens de se sortir de situations précaires et d'améliorer sans cesse sa condition de vie ; en choisissant les matériaux les plus adaptés à l'action, l'homme a pu se sauver de sa condition originelle et progresser à une vitesse sans cesse croissante. Seulement voilà, cette vitesse n'est elle pas plutôt une course ? Il semble en effet que la technique, dans sa course effrénée, aurait pu dépasser l'homme et gagner du terrain. On remarque donc que, d'un côté la technique, est un progrès, un pouvoir de l'homme sur la matière qui a consacré son évolution mais, paradoxalement, ce même progrès semble avoir un effet néfaste sur la vie humaine en tant qu'il aurait dépassé l'homme, qui n'en est plus maître. Alors, la technique-a-t-elle perdu l'homme ?  I/ L'homme sauvé par la technique ; la maîtrise de la matière.  * On ne cesse de louer chaque jour les progrès que l'homme fait dans tous les domaines, par sa maîtrise effective de la technique et c'est pourquoi on voit mal pourquoi elle aurait perdu l'homme ou l'aurait devancé ; il semble plutôt plus que jamais la maîtriser. Par sa maîtrise de la matière et par une collaboration de l'intelligence et du corps, l'homme a même su maîtriser la nature : il suffit de voir les barrages qui canalisent les courants, les digues pour éviter les inondations, etc. ... C'est ce qui sauve l'homme des aléas de la nature.  * En effet, la technique aurait en quelque sorte sauvé l'homme et on le voit déjà aux sources de notre culture, dans La Bible : l'homme est d'abord un être quasi-divin qui doit régner sur l'univers mais, seulement, sa soif de connaissance va l'entraîner dans le tout premier péché : voler le fruit interdit de la connaissance. En guise de punition, Dieu les chasse du paradis originel, mettant ainsi fin à l'abondance sans effort et forçant l'homme à travailler pour subsister à ses besoins. Partant de là, on peut donc dire que la technique a vraiment sauvé l'homme puisque, le travail étant étymologiquement une torture (et présenté comme tel dans la Bible : " C'est dans la peine que tu t'en nourriras [le sol] tous les jours de ta vie, il fera germer pour toi l'épine et le chardon et tu mangeras l'herbe des champs"), c'est par la fabrique d'outils et la maîtrise de la technique que l'homme à pu survivre => victoire de l'homme sur les famines. L'homme semble donc bien depuis le début de notre histoire être un "technicien".  * C'est vrai si l'on remonte dans l'histoire : la préhistoire a vu les hommes se munir peu à peu d'outils et créer ce qui restera comme un socle dans nos sociétés ; des formes primitives d'agriculture, de chasse ou encore de logement. Il semble donc bien que l'homme ait assez vite compris l'usage qu'il pouvait faire de la technique et l'a maîtrisée, loin de se perdre par elle.  * Puis, toute l'histoire semble vérifier cela ; les techniques ne cessent de s'améliorer et les hommes ne cessent de la maîtriser (donc, homme pas perdu) que l'on pense aux pyramides des Egyptiens ou aux cathédrales du Moyen-âge, qui associent le travail de l'artisan et de l'artiste (sculpture aussi, on pense même qu'elles ont été peintes) ou que l'on pense aussi aux machines à vapeur qui ont amené de grands progrès dans la mobilité et le travail, maintenant facilité. L'homme produit donc de la culture (cathédrales et pyramides en font bien partie) grâce à la technique et contre la nature qui représente l'étrangeté et la grossièreté dont il cherche à se défaire.  * N'oublions pas non plus les progrès de la technique dans le domaine de la médecine, qui a permis à travers les âges de sauver de plus en plus de vies.  => Bref, on pourrait multiplier les exemples qui nous montrent a priori que la technique est loin d'avoir perdu l'homme ; en d'autres termes l'homme aurait maîtrisé la matière et en aurait tiré des effets positifs. Autrement dit, la technique vise à se saisir de la matière que représente la nature et à la transformer pour la maîtriser, c'est-à-dire la contrer, en réduire les effets négatifs sur notre existence d'homme  Tr : C'est Descartes qui résume le mieux cela dans le Discours de la Méthode, présentant la technique tel qu'un moyen de "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature". Mais ce "comme" a une importance toute particulière : cette maîtrise ne serait-elle qu'une illusion ? L'homme maîtrise-t-il vraiment cette technique ? Ne l'a-t-elle pas condamnée ? On a certes bien vu qu'elle avait pu sauver l'homme car elle était apparue presque avec lui mais en même temps, c'est là qu'est le pb : spontanément les hommes n'ont pas été portés à réfléchir sur les techniques qui les ont accompagnés et l'on peut parler d'une sorte de cécité de l'homme face à la technique, qu'il ne voit littéralement plus ; il est comme perdu.  II/ L'homme perdu par la technique.  * En effet, il semble parfois que l'homme soit dépassé par cette technique qu'il semble à mal de maîtriser parfaitement. La nature, par exemple, que l'on croit tant maîtriser par l'usage de la technique reprend parfois ses droits et montre que le dit pouvoir de l'homme sur la nature est bien fragile => Catastrophes naturelles encore inévitables de nos jours.  * Alors, s'il est vrai qu'on loue la technique, on ne saurait ignorer les mises en gardes presque aussi fréquentes contre celle-ci ; on se méfie du progrès. On peut même quelques fois y voir la marque d'une véritable technophobie : les techniques et les techniciens ont inspiré pendant longtemps un véritable mépris, et de la méfiance. Déjà chez les anciens, les mythes contribuaient à faire naître une méfiance vis-à-vis de la technique. On pense immédiatement au mythe de Prométhée, qui est puni pour avoir volé la technique et l'avoir donné aux hommes qui, de surcroit, sont incapables de vivre avec cette seule technique, il faut la politique pour la contenir (on voit donc déjà se dresser une hiérarchie). On peut donc nettement observer une technique qui a perdu l'homme, et même l'homme divin. Cf Prométhée enchaîné d'Eschyle : "C'est à cause des faveurs que j'ai procurées aux mortels que je me vois sous le joug de la nécessité, infortuné que je suis". Pour avoir sauvé les hommes avec la technique, Prométhée est donc puni et, ironie du sort, il est lui même, dans la pièce, puni par la technique (insistance sur les outils qui le clouent à son rocher) => présentation du caractère à double tranchant de la technique.  Alors pour quelles raisons se méfie-t-on de la technique ? Comment la technique-t-elle perdu l'homme ?  * S'il est vrai que, comme nous l'avons vu, la technique donne un certain pouvoir à l'homme, il semble que ce pouvoir aie pris le pas sur le reste, il a en quelque sorte dépassé l'homme et a gagné la course, il l'a laissé perdu quelques mètres derrière ; l'évolution de la technique mrque bien cette course à la puissance, au mépris de la nature et du travailleur : sa capacité à libérer du travail a été source de chômage et de déshumanisation = on voit de plus en plus dans le domaine du travail l'homme disparaître pour laisser place à une machine qui fait le travail à sa place. C'est donc bien une perte de l'homme au sens le plus concret du terme.  * Pour Rousseau, c'est aussi la technique qui a perdu l'homme, qui l'a en quelque sorte dénaturé, éloigné de ce qu'il était vraiment. Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, il fait partir la naissance de l'homme moderne depuis la technique (avec ses premiers efforts d'agriculture, de travail du fer etc. ...) et montre que l'homme, lorsqu'il était à l'etat de "sauvage" , tirait a contrario sa force de son corps, et non pas des outils (il n'en avait pas, et il était donc bien obligé de dvp son corps). Rousseau argue que c'est donc bien l'outil (= la technique) qui a affaibli l'homme :  homme sauvage ≤ homme civilisé ac. outils MAIS homme sauvage ≥ homme civilisé sans outils. "Le corps de l'homme sauvage est le seul instrument qu'il connaisse".  A partir de là, il est clair pour Rousseau qu'en dépassant la Nature de la sorte, l'homme s'est condamné, il s'est perdu dans un chemin sans retour : cela a fait naître les premières inégalités (faim, richesse qui permettait que certains soient plus oisifs que d'autres ...). Ce comportement, qui a pris le contre pied de la Nature, fait dire a Rousseau que l'homme civilisé est donc un "homme dépravé" bien loin de la "bonne constitution des sauvages", homme devient de + en + faible alors que l'homme primitif est apte à survivre sans les acquisitions techniques de l'état social => rejet de la médecine, santé animal ≥ homme social (en effet, ac la médecine de l'époque de Rousseau, on avait peu de chance de sortir en bonne santé !). "Avec si peu de sources de maux, l'homme dans l'Etat de nature n'a donc guerre besoin de remèdes, moins encore de médecins". Rousseau en déduit donc une certaine inutilité de l'outillage pour l'homme sauvage, qui peut très bien vivre sans : "le premier qui se fit des habits ou un logement se donna en cela des choses peu nécessaires". Bref, si la technique est certes une faculté de se perfectionner /Nature (en l'imitant), cela n'en est pas moins dangereux pour Rousseau : en se perfectionnant, l'homme perd paradoxalement tout ce qu'il avait acquis. Le perfectionnement est la seule faculté qui nous différence des animaux mais elle consacre aussi notre perte en se posant à l'origine de nos faiblesses (dépendance de l'homme à la technique), mais aussi en faisant naître les premiers sentiments d'orgueil et les premiers conflits pour s'approprier ce que possède l'autre. Donc, les fondements de notre société sont, chez  Rousseau, bien fragiles et il semble que l'homme s'enfonce dans quelque chose qu'il ne peut pas maîtriser et qui l'emmène donc doucement à sa perte, sans possibilité de retourner à l'état originel. "Le Genre-humain avili et désolé ne pouvant plus retourner sur ses pas, ni renoncer aux acquisitions malheureuses qu'il avait faites et ne travaillant qu'à sa honte par l'abus des facultés qui l'honorent, se mit lui même à la veille de sa ruine". 
  * Finalement, on peut bien dire que Rousseau avait vu juste et que la technique a de plus en plus pris sa place dans nos sociétés, en devançant parfois l'homme. Il suffit de voir que les progrés techniques sont inégalitaires et que, si nos sociétés occidentales sont techniquement très avancée, les pays du Tiers-Monde vivent encore parfois dans des conditions bien inférieures. La technique est donc encore au centre du pb aujourd'hui.  * C'est d'ailleurs le "phénomène fondamental" des Temps modernes pour  Heidegger (cf La question de la technique) = technique (≠ science, qui n'en n''est qu'une facette). Pour lui, ce ne sont pas les machines et les moteurs qui font que l'époque est technique, mais l'inverse ; "cette époque est l'époque technique". 
 Il a, lui aussi, mis en garde contre la technique, et avant tout à propos de la représentation instrumentale qu'on en a souvent : elle est bien réelle mais pas forcément vraie ; elle ne révèle tjrs pas son essence. Elle tend en fait à nous faire croire que la technique moderne serait qqch que l'homme tient à sa disposition et dont il pourrait se rendre maître alors que c'est totalement l'inverse ; l'homme se laisse dépasser par la technique. "Cette volonté devient d'autant plus insistante que la technique menace davantage d'échapper au contrôle de l'homme". L'essence de la technique se situe ailleurs chez Heidegger, en effet = "Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui comme telle puisse être extraite et accumulée". L'interrupteur éléctrique, par ex., fait certes venir la lumière, la dévoile, mais ce surgissement de l'être est une sommation à comparaître. Idem pour la centrale éléctrique installée sur le Rhin : elle met le fleuve en demeure de livrer sa pression hydraulique, qui met elle même en demeure les turbines de tourner, qui mettent elles-mêmes le courant électrique en demeure de circuler etc, etc ...  * Heidegger caractérise cette essence provocante de la technique moderne : Das Gestell (l'Araisonnement). Ce Gestell ne se trouve pas seulement là où il ya des machines mais "englobe tous les les secteurs de l'étant". Dans ce vaste ensemble, l'homme lui même devient une ressource comme une autre dont il faut s'assurer, il s'est perdu dans cet ensemble. En effet, ce ne sont pas les production en elles-mêmes qui sont dangereuses mais c'est avant tout l'essence de la technique (=comportement provoquant qui contrôle le rapport homme/étant). "La technique, c'est n'est pas ce qui est dangereux. Il n'y a rien de démoniaque dans la technique, mais il y a le mystère de son essence. C'est l'essence de la technique en tant qu'elle est un destin du dévoilement, qui est le danger". L'homme est mis en péril parce que la technique rend possible une destruction de l'espèce humaine tout entière mais aussi parce qu'elle menace aussi l'essence pensante de l'homme (= son rapport à l'être), l'homme précisément ne se rencontre plus lui-même en vérité nulle part, c'est-à-dire qu'il ne rencontre plus son être". C'est une agression pour maîtriser la vie elle-même qui devient un produit comme un autre, qu'on cherche à manipuler ou à transformer = hypothésese inquiétante pour Heidegger car elle est de surcroit passée sous silence. "Au regard de cette agression, l'explosion d'une bombe à hydrogéne ne signifie pas grand-chose" car c'est carrément l'essence de l'homme qu'elle peut anéantir. ". Le technique est l'époque de l'extrême oubli de l'être, celle de l' "abandon loin de l'être" (die Seinverlasenheit) ; Autrement dit, la technique a vraiment perdu l'homme en tant qu'elle est un vide spirituel, un vide ontologique le plus total.  Tr : On semble donc être dans une impasse : la technique qui a d'abord en apparence sauvé l'homme se révèle en fait être un danger qui l'a happé et qu'il ne maîtrise plus. La technique, telle qu'elle est, est un arme qui perd l'homme. Un retour à une vie sans technique serait évidemment absurde et l'on ne peut pas faire table rase de celle-ci. Il semble donc bien qu'on se dirige plutôt vers une redéfinition de la technique, vers une recherche de ce qu'elle est essentiellement afin de pouvoir sortir l'homme du piège dans lequel il s'est engagé.  III/ Redéfinir la technique pour réellement sauver l'homme.  * Faire comprendre à l'homme ce qu'est la technique pour qu'il se rende compte de son danger et qu'il la reprenne en main, cela semble bien être la solution façe à l'aspect double de la technique (salvatrice / perdition). En effet, lorsque Heidegger dans La question de la technique montre comment cette derniéré a perdu l'homme, il ne prône pas un retour à l'âge de pierre, c'est n'est pas une condamnation de la technique. Ce qu'il veut, avant tout, c'est en saisir l'essence, car il aborde bien la question en tant que "phénoménologue". Il vise en fait à préparer, en dénonçant le danger essentiel de la technique, la saisie de l'être lui-même en passant par le biais de la technique. Il a bien compris que tout rejet radical de la technique serait un raccourci finalement inutile puisque rejeter la technique c'est se couper de fait du monde et donc laisser libre champ au déploiement de la technique = au déploiement de l'oubli de l'être. Donc, pour endiguer les excès de la technique il ne faut pas l'abandonner et la laisser de côté mais bien l'affronter de plein fouet, en mettant en pleine lumiére le danger qui lui est inhérent, danger dont la pensée calculante a du mal à saisir l'ampleur. Donc on le voit bien, la manifestation du danger de la technique peut être tout le contraire du négatif et se présenter comme une valeur salvatrice et libératrice.  * Pour le prouver, Heidegger cite souvent un vers tiré du l'hymne "Patmos" de Hölderlin :" Mais là où est le danger, croît aussi ce qui sauve" . Voila comment Heidegger traduit cela : "si l'essence de la technique, l'arraisonnement, est le péril alors ... il faut que ce soit justement l'essence de la technique qui abrite en elle la croissance de ce qui sauve". Donc en démasquant simplement le danger de la technique, jusque là resté dans l'ombre, Heidegger prépare les conditions d'une libération de l'homme, enchainé tel Prométhée à la technique, qui l'a perdu, qui l'a condamné. Cette libération ne veut encore une fois pas dire un abandon des choses techniques mais bien une modification de notre rapport à la technique : au lieu de la fascination, laissons place à de la distance. "Nous pouvons dire oui à l'emploi inévitable des objets techniques, mais en même temps non, en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être". Cette attitude du oui + non = Gelassenheit ; sérénité, égalité d'âme. Libéré des mirages de la technique, l'homme sera alors à l'écoute de l'appel de l'être ou de l'avènement dont la technique le détournait jusqu'alors. Lorsque le péril est présenté comme péril, alors l'oubli de l'être n'est déjà plus un oubli. L'essence de la technique est donc à la fois danger et salvation, mouvement dialectique qui a parfois amené Heidegger à présenter le Gestell (=arraisonnement) comme le visage du dieu Janus : d'un côté c'est la "continuation de la volonté de puissance" mais de l'autre "une préfiguration de l'avénement". Précisons bien que c'est n'est donc pas la technique elle-même qui sauve mais bien le regard éclairé (danger sorti de l'ombre) que l'homme porte dessus. L'essence de la technique à besoin de l'essence de l'homme pour le sauver.  * Commence donc avec Heidegger à se dessiner cette idée que, si la technique à indubitablement mis l'homme en péril, elle peut aussi être un élément salvateur pour les générations futures. C'est aussi ce à quoi Hans Jonas fait référence dans Le Principe Responsabilité. Pour lui, la technique est devenue une source de menaces mortelles pour le genre humain si bien qu'il devient, selon lui, indispensable de créer de nouvelles règles qui permettent d'en contenir les effets, de repenser les fondements de l'éthique. "Le Prométhée définitivement déchaîné auquel la science confère des forces jamais encore connues [...] réclame une éthique, qui par des entraves librement consenties, empêche le pouvoir de l'homme de devenir une malédiction pour lui". Ce prométhéisme déchaîné qui met en péril les hommes exige donc bien une nouvelle éthique et, il s'agit aussi de Jonas de repenser la technique pour sauver l'homme, et de la redéfinir pour qu'elle puisse préserver une vie authentiquement humaine.  Conclusion : S'il est vrai que la technique a consacré des progrès indéniables dans la vie humaine (la médecine en est chaque jour un exemple supplémentaire -> on en vient à être capable de remplacer des membres manquants ac la sensibilité d'un vrai membre, par ex) et que l'on ne saurait vivre sans, et qu'il serait de toute façon absurde de prôner un retour ç une vie sans technique, ces mêmes progrès ont aussi dépassé leurs inventeurs pour se poser en danger, en arme, contre l'humanité et consacrer sa perte. Il semble donc bien que l'on doive repenser la technique dans un mouvement de conservation du genre humain et des générations futures.

technique

« droits et montre que le dit pouvoir de l'homme sur la nature est bien fragile => Catastrophes naturelles encoreinévitables de nos jours. * Alors, s'il est vrai qu'on loue la technique, on ne saurait ignorer les mises en gardes presque aussi fréquentescontre celle-ci ; on se méfie du progrès.

On peut même quelques fois y voir la marque d'une véritable technophobie: les techniques et les techniciens ont inspiré pendant longtemps un véritable mépris, et de la méfiance.Déjà chez les anciens, les mythes contribuaient à faire naître une méfiance vis-à-vis de la technique.

On penseimmédiatement au mythe de Prométhée, qui est puni pour avoir volé la technique et l'avoir donné aux hommes qui,de surcroit, sont incapables de vivre avec cette seule technique, il faut la politique pour la contenir (on voit doncdéjà se dresser une hiérarchie).

On peut donc nettement observer une technique qui a perdu l'homme, et mêmel'homme divin.

Cf Prométhée enchaîné d'Eschyle : "C'est à cause des faveurs que j'ai procurées aux mortels que jeme vois sous le joug de la nécessité, infortuné que je suis".Pour avoir sauvé les hommes avec la technique, Prométhée est donc puni et, ironie du sort, il est lui même, dans lapièce, puni par la technique (insistance sur les outils qui le clouent à son rocher) => présentation du caractère àdouble tranchant de la technique. Alors pour quelles raisons se méfie-t-on de la technique ? Comment la technique-t-elle perdu l'homme ? * S'il est vrai que, comme nous l'avons vu, la technique donne un certain pouvoir à l'homme, il semble que cepouvoir aie pris le pas sur le reste, il a en quelque sorte dépassé l'homme et a gagné la course, il l'a laissé perduquelques mètres derrière ; l'évolution de la technique mrque bien cette course à la puissance, au mépris de la natureet du travailleur : sa capacité à libérer du travail a été source de chômage et de déshumanisation = on voit de plusen plus dans le domaine du travail l'homme disparaître pour laisser place à une machine qui fait le travail à sa place.C'est donc bien une perte de l'homme au sens le plus concret du terme. * Pour Rousseau, c'est aussi la technique qui a perdu l'homme, qui l'a en quelque sorte dénaturé, éloigné de ce qu'ilétait vraiment.

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, il fait partir lanaissance de l'homme moderne depuis la technique (avec ses premiers efforts d'agriculture, de travail du fer etc.

...)et montre que l'homme, lorsqu'il était à l'etat de "sauvage" , tirait a contrario sa force de son corps, et non pas desoutils (il n'en avait pas, et il était donc bien obligé de dvp son corps).

Rousseau argue que c'est donc bien l'outil (=la technique) qui a affaibli l'homme : homme sauvage ≤ homme civilisé ac.

outilsMAIShomme sauvage ≥ homme civilisé sans outils."Le corps de l'homme sauvage est le seul instrument qu'il connaisse". A partir de là, il est clair pour Rousseau qu'en dépassant la Nature de la sorte, l'homme s'est condamné, il s'estperdu dans un chemin sans retour : cela a fait naître les premières inégalités (faim, richesse qui permettait quecertains soient plus oisifs que d'autres ...).

Ce comportement, qui a pris le contre pied de la Nature, fait dire aRousseau que l'homme civilisé est donc un "homme dépravé" bien loin de la "bonne constitution des sauvages",homme devient de + en + faible alors que l'homme primitif est apte à survivre sans les acquisitions techniques del'état social => rejet de la médecine, santé animal ≥ homme social (en effet, ac la médecine de l'époque deRousseau, on avait peu de chance de sortir en bonne santé !)."Avec si peu de sources de maux, l'homme dans l'Etat de nature n'a donc guerre besoin de remèdes, moins encorede médecins".

Rousseau en déduit donc une certaine inutilité de l'outillage pour l'homme sauvage, qui peut très bienvivre sans : "le premier qui se fit des habits ou un logement se donna en cela des choses peu nécessaires".

Bref, sila technique est certes une faculté de se perfectionner /Nature (en l'imitant), cela n'en est pas moins dangereuxpour Rousseau : en se perfectionnant, l'homme perd paradoxalement tout ce qu'il avait acquis.

Le perfectionnementest la seule faculté qui nous différence des animaux mais elle consacre aussi notre perte en se posant à l'origine denos faiblesses (dépendance de l'homme à la technique), mais aussi en faisant naître les premiers sentiments d'orgueilet les premiers conflits pour s'approprier ce que possède l'autre.

Donc, les fondements de notre société sont, chezRousseau, bien fragiles et il semble que l'homme s'enfonce dans quelque chose qu'il ne peut pas maîtriser et quil'emmène donc doucement à sa perte, sans possibilité de retourner à l'état originel.

"Le Genre-humain avili et désoléne pouvant plus retourner sur ses pas, ni renoncer aux acquisitions malheureuses qu'il avait faites et ne travaillantqu'à sa honte par l'abus des facultés qui l'honorent, se mit lui même à la veille de sa ruine". * Finalement, on peut bien dire que Rousseau avait vu juste et que la technique a de plus en plus pris sa place dansnos sociétés, en devançant parfois l'homme.

Il suffit de voir que les progrés techniques sont inégalitaires et que, sinos sociétés occidentales sont techniquement très avancée, les pays du Tiers-Monde vivent encore parfois dansdes conditions bien inférieures.

La technique est donc encore au centre du pb aujourd'hui. * C'est d'ailleurs le "phénomène fondamental" des Temps modernes pour H.

(cf La question de la technique) =technique (≠ science, qui n'en n''est qu'une facette).

Pour lui, ce ne sont pas les machines et les moteurs qui fontque l'époque est technique, mais l'inverse ; "cette époque est l'époque technique".Il a, lui aussi, mis en garde contre la technique, et avant tout à propos de la représentation instrumentale qu'on ena souvent : elle est bien réelle mais pas forcément vraie ; elle ne révèle tjrs pas son essence.

Elle tend en fait ànous faire croire que la technique moderne serait qqch que l'homme tient à sa disposition et dont il pourrait serendre maître alors que c'est totalement l'inverse ; l'homme se laisse dépasser par la technique.

"Cette volonté. »

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