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La technique peut-elle améliorer l'homme ?

Publié le 11/03/2005

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technique
Dès lors, la technique est aussi ce qui fonde la supériorité de l'homme et lui assure une maîtrise de la nature. Elle améliore certes la vie de l'homme, lui donnant les moyens de se protéger, de manger, de produire les éléments nécessaires à sa conservation, mais peut-on dire qu'elle apporte une amélioration à la nature humaine?   2. La technique aliène l'homme à une logique utilitaire Rousseau compris très vite que la technique ne se contentait pas de modifier notre manière de vivre mais encore nos manières de penser et de sentir( voir Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). Pour le philosophe, il n'est pas certain que le progrès technique engendre un progrès dans les relations humaines et dans la civilisation. Au début du XXème, les espoirs engendrés par la technique ont été déçus. Celle-ci a provoqué des effets pervers. Son accroissement a d'une part séparé et opposé travail intellectuel et manuel qui produit une ségrégation des individus, mouvement inverse de l'humanisation et donc dépossédé le travailleur de son autonomie. Marx affirme que "plus l'ouvrier se dépense dans son travail, plus le monde [...] qu'il crée en face de lui devient puissant, et plus il s'appauvrit en lui-même, plus son monde intérieur devient pauvre.

 Le mot "technique" est issu du grec technè qui désigne initialement tout savoir-faire permettant d'obtenir un résultat attendu. Englobant au départ la pratique artistique, ce savoir-faire vise plus précisément la production efficace de choses utiles pour l'homme. La technique dérive de l'expérience mais aussi du savoir scientifique dans ce qu'il permet la formation d'un savoir-faire. Bergson a mis en évidence que l'homme avant d'être sage a été créateur d'outil dans le sens où la technique semble être une activité vitale et caractéristique de l'intelligence humaine.  Comment la technique peut améliorer l'homme si elle en est l'essence même? En fait, tout dépend du sens à donner à l'amélioration de l'homme : est-ce d'un point de vue moral, physique, intellectuel? A notre époque, la technique semble plus avoir de mauvais effets sur les individus qu'autre chose. La technique comme méthode de production a en effet un rapport au travail et touche le quotidien de tous les hommes. Pourtant une technique employée à de bonnes fins ne peut-elle pas laisser à l'homme le temps de décider ce qu'il peut améliorer en lui-même?

technique

« Aucune technique n'est "neutre" : sa valeur vient de l'usage qui en est décidé; si elle est mal orientée, elle peuteffectivement nuire à l'hommeMais d'une manière générale, la condamnation radicale de la technique paraît impossible.

Elle possède un aspectpositif sûr.

Il suffit de bien l'utiliser Elle permettrait en effet d'une part d'alléger le travail et donc de libérer du tempspour le développement personnel de l'individu et ses forces qu'il investit dans le travail.

Pour Nietzsche, le travail"consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie,aux soucis, à l'amour." (Aurore, 1880).

Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la"bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel.

Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - onvise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travailconstitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend àentraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût del'indépendance.

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuseet la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, àl'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin etassure des satisfactions faciles et régulières.

Aussi une société où l'ontravaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adoreaujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ...L'apologie du travail a été stigmatisée par Nietzsche à plusieurs reprises dansson Oeuvre.

Déjà dans le Gai Savoir , l'auteur nous fait part de la conception moderne du travail, suivant laquelle les hommes travaillent en vue d'abolirl'ennui et surtout en vue d'un but lucratif.

Le travail, dès lors, loin de s'attelerau plaisir que recherche l'individu, ne reste qu'un moyen pour lui d'accroîtreses gains.

Par ailleurs, cet extrait issu d' Aurore (L.

III) présente l'idée centrale selon laquelle le travail est un instrument supplémentaire de l'Etatpour lui permettre d'assujettir l'individu, en le confondant dans l'illusion del'utilité sociale.

Aussi, Nietzsche souligne cette thèse que le travailleur estcontrôlé, qu'il participe par son labeur quotidien à la sécurité volontairement établie par l'Etat.

L'enjeu de ce texteest de montrer en quoi une fois de plus le principe d'individualité est mis à l'écart au profit d'une idéologie naissante,celle du capitalisme : « Se trouver un travail pour avoir un salaire : - voilà ce qui rend aujourd'hui presque tous leshommes égaux dans les pays civilisés ; pour eux tous le travail est un moyen et non la fin ; c'est pourquoi ilsmettent peu de finesse au choix du travail, pourvu qu'il procure un gain abondant » ( Gai Savoir , §42).

Les deux principaux temps du texte nous permettront d'engager une analyse concernant d'abord la déshumanisation del'homme par le travail, ainsi que sa part symptomatique en tant que ce qui est chez lui une répression des instinctssupérieurs le conforte dans un système sécurisant, système de substitution au regard de l'inquiétante « mort deDieu ».

NIETZSCHE I.

La déshumanisation par le travail a.

Nietzsche cherche à retracer la généalogie des valeurs prônées par notre civilisation.

Il ne condamne pas le travail en général, mais le travail pénible et impersonnel qui, jour après jour, vide l'individu de ses ressourcesphysiques et intellectuelles.

On reconnaît bien là une indication à l'étymologie du travail comme effort et commepénibilité.

Cependant, le travail est perçu et conçu comme l'activité par laquelle l'homme devient pleinement humain.Nietzsche s'est attaqué à l'idéologie dominante plaçant l'activité pénible au centre de la vie humaine.

Car l'homme afondamentalement besoin de se détacher de la pure matière.

Il ne peut par essence poursuivre indéfiniment uneffort tendant à réaliser des fins extérieures, c'est-à-dire des fins qui ne le concernent pas.

Dès lors, dans Humain, trop humain , Nietzsche invite à voir aussi ce caractère dépassable du travail à travers des activités plus épanouissantes pour l'individu telle que la danse.

La glorification du travail est l'outil idéologique permettant derendre acceptable pour tout un peuple l'exclusivité du travail.

On comprend alors que cette glorification exclusive dutravail est un moyen de restreindre l'envergure de l'homme.

b.

De plus, on constate le masque discursif qui vient freiner l'individu dans la quête de soi.

C'est ce discours « sur la bénédiction du travail » qui conditionne en l'homme cette équation simple de type travail=nécessité, et quipire encore lui interdit d'accéder à ses désirs.

On le voit bien, le travail est non seulement conçu comme pénible,mais aussi comme entrave à tout ce qui peut grandir l'homme au-dessus de sa condition « trop humaine ».

Ainsi,une société qui ne proposerait comme seul horizon aux individus qui la composent que le travail aurait pour effet demaintenir ces individus dans une condition subalterne d'esclaves de la vie et des besoins.

Le travail condamne àdemeurer dans le cycle production/consommation, cycle qui demeure nettement en deçà des aspirationsnietzschéennes : « un tel travail constitue la meilleure des polices, il tient chacun en bride et s'entend à entraverpuissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance ».

Et au-delà de ce constat, ilapparaît pourtant que tout ce procès de conditionnement reflète le procès de la décadence, de l'uniformisation desmasses, procès qui en privant l'homme de ses facultés supérieures et créatrices, le rabaisse au simple rang d'animalcastré.

II.

Une valeur de substitution : « La sécurité de l'emploi » a.

« La glorification du travail » va de pair avec la sacralisation de l'ordre social.

Anéanti par son labeur, le travailleur n'a ni idée ni loisir de commettre des infractions ou de se révolter contre l'ordre établi.

Pour l'auteur cetteapologie du travail, quand elle se place à une échelle politique, est dangereuse car le travail est alors utilisé commeune police.

Celui qui travaille est contrôlé : on sait ce qu'il fait à certaines heures, et, d'autre part, l'énergie. »

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