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La télévision ménace-t-elle la liberté ?

Publié le 06/03/2004

Extrait du document

  [La concurrence entre les chaînes tend à uniformiser et appauvrir les émissions. La télévision confond rentabilité et devoir d'éduquer. Or, il n'y a pas de liberté démocratique sans éducation.] La concurrence tue la liberté La concurrence télévisuelle ne conduit pas à la diversification. Si une chaîne remporte un certain succès avec un programme utilisant le sexe, la violence, le sensationnel, une autre la copiera. Le téléspectateur n'a pas la liberté de choisir puisque c'est toujours le même type de produit qu'on lui propose. Il faudrait soumettre la télévision à un code déontologique Popper propose que les producteurs, comme les médecins, appartiennent à un ordre qui leur délivrerait une patente. En cas de manquement grave au code déontologique fixé par cet ordre, ils pourraient perdre, momentanément ou à vie, leur droit de réaliser des émissions. Cette proposition a pour but d'empêcher les dérives télévisuelles liées à l'appât du gain. L'éducation est l'un des fondements de la démocratie Popper, tout comme les philosophes des Lumières, est absolument convaincu que l'éducation est la base de l'égalité, mais également de la liberté.

« C'est à juste titre que Karl Raimund Popper pose la question de savoir si la télévision n'est pas devenue aujourd'huil'un des pires ennemis de la liberté.

Elle est une sorte d'Etat dans l'État qui utilise les principes de la libreconcurrence pour justifier la médiocrité des programmes qu'elle diffuse.

En prétendant qu'elle ne fait que répondre àla demande du public, elle inverse sournoisement les enjeux du problème.

Ce n'est pas le public qui impose, et latélévision qui dispose.

La situation, en réalité, est exactement l'inverse.

Malheureusement, et avec la meilleurevolonté du monde, il est devenu très difficile, aujourd'hui, de cautionner l'optimisme dont fait preuve MarshallMcLuhan. La course à l'audimatL'«Audimat», grâce à des «mouchards» placés chez des téléspectateurs, permet de calculer l'audience de chaqueprogramme.

Ainsi calcule-t-on le coût des écrans publicitaires émaillant un programme.

Plus l'émission est regardée,plus la diffusion du message publicitaire sera chère.

L'effet pervers de cette stratégie est que la télévision renonceà la qualité culturelle au profit de la rentabilité.

D'où le sacrifice du devoir d'éducation qui devrait être celui de latélévision au profit du divertissement de masse abêtissant.L'argument « il faut offrir aux gens ce qu'ils demandent » est une mauvaise excuse pour les producteurs detélévision, qui suppose que l'on puisse savoir ce que les gens veulent en s'appuyant sur les statistiques de l'audimat.Tout ce que l'on peut recueillir, éventuellement, ce sont des indications sur les préférences des téléspectateursdevant les spectacles qui leur sont offerts.

Ces chiffres sont bien incapables de nous dire ce que nous devons oupouvons proposer, et ce directeur de chaîne ne peut pas non plus savoir quels choix feraient les téléspectateursdevant d'autres propositions que les siennes.

Cet argument fallacieux n'est en rien conforme aux principes de ladémocratie.

Rien dans la démocratie ne justifie la thèse [selon laquelle] le fait de présenter des émissions de plus enplus médiocres correspond aux principes de la démocratie « parce que c'est ce que les gens attendent » (Popper).[...]La démocratie, je l'ai expliqué ailleurs, n'est rien d'autre qu'un système de protection contre la dictature, et rienà l'intérieur de la démocratie n'interdit aux personnes les plus instruites de communiquer leur savoir à celles qui lesont moins.

Bien au contraire la démocratie a toujours cherché à élever le niveau d'éducation : c'est là sonaspiration authentique.

Proposer des émissions de plus en plus mauvaise et de plus en plus agrémentée de sexe etde sensationnel pour susciter l'adhésion du public, c'est inciter le public à en redemander.

C'est ce qui s'est produitau fil des années depuis que la télévision est apparue : on ajoute toujours plus de piment sur des plats de bassequalité afin de faire passer leur goût détestable ou insipide. La télévision, piège à c...La télévision peut nous désinformer; nous mentir.

Que l'on songe au battage médiatique fait par les chaînes detélévision sur le thème de l'insécurité lors des dernières élections présidentielles.

Fantastique caisse de résonancedes fantasmes collectifs, la classe médiatiques a permis à un parti d'extrême droite d'accéder au second tour desélections présidentielles.Parce qu'elle est notre principale fenêtre sur le monde, la télévision peut nous cacher la vérité.

Pourquoi? Pourdéfendre les intérêts du pouvoir politique en place, servir des stratégies commerciales, priver le téléspectateur deson sens critique.

Que l'on songe à la déclaration de monsieur Patrick Le Lay, PDG de TF1 :" Il y a beaucoup defaçons de parler de la télévision.

Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier deTF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible.

Nos émissionsont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deuxmessages.

Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible (...).Rien n'est plus difficile que d'obtenir cette disponibilité.

C'est là que se trouve le changement permanent.

Il fautchercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans uncontexte où l'information s'accélère, se multiplie et se banalise.

" Les choses ont le mérite d'être claires: la télévisionest une industrie mercantile et toute la stratégie télévisuelle est la rentabilité.. »

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