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Le temps est-il une dégradation de l'être ?

Publié le 02/02/2004

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temps
Une fois le temps spatialisé, on ne peut que se heurter à des paradoxes. Admettons que le temps soit divisible à l'infini : il devient alors impossible de comprendre comment une heure peut s'écouler. En effet, pour qu'une heures'écoule, il faut d'abord qu'une demi-heure s'écoule, mais pour qu'une demi-heure s'écoule, il faut qu'un quart d'heure s'écoule, et ainsi indéfiniment. Admettons alors que le temps est composé d'instants indivisibles : on ne voit pas comment une flèche peut atteindre sa cible, puisqu'à chaque instant donné, la flèche occupe une longueur égale à elle-même. Or, être en mouvement consisterait pour elle non à coïncider avec sa propre longueur, mais à passer au-delà. Autrement dit, à chaque instant donné, la flèche est dans un espace égal à elle-même, c'est-à-dire en repos ou immobile. Il en résulte que si le temps est divisible en instants indivisibles, alors le mouvement est une suite d'immobilités. Bergson en conclut qu'on ne peut mesurer le temps qu'en le dénaturant. Le vrai temps est indivisible.Il en est de même du mouvement.
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« sur un postulat :« Il existe des mouvements uniformes et des mouvements périodiques se répétant dans des conditions identiques.Ils sont eux-mêmes identiques et par conséquent de même durée.

»Une fois le temps spatialisé, on ne peut que se heurter à des paradoxes.

Admettons que le temps soit divisible àl'infini : il devient alors impossible de comprendre comment une heure peut s'écouler.

En effet, pour qu'une heures'écoule, il faut d'abord qu'une demi-heure s'écoule, mais pour qu'une demi-heure s'écoule, il faut qu'un quartd'heure s'écoule, et ainsi indéfiniment.

Admettons alors que le temps est composé d'instants indivisibles : on ne voitpas comment une flèche peut atteindre sa cible, puisqu'à chaque instant donné, la flèche occupe une longueurégale à elle-même.

Or, être en mouvement consisterait pour elle non à coïncider avec sa propre longueur, mais àpasser au-delà.

Autrement dit, à chaque instant donné, la flèche est dans un espace égal à elle-même, c'est-à-direen repos ou immobile.

Il en résulte que si le temps est divisible en instants indivisibles, alors le mouvement est unesuite d'immobilités.

Bergson en conclut qu'on ne peut mesurer le temps qu'en le dénaturant.

Le vrai temps estindivisible. Il en est de même du mouvement.

Mais les scientifiques le soumettent à la même analyse que le temps, en enfaisant ainsi le symbole vivant d'une durée en apparence homogène :« On dit le plus souvent qu'un mouvement a lieu dans l'espace, et quand on déclare le mouvement homogène etdivisible, c'est à l'espace parcouru que l'on pense, comme si on pouvait le confondre avec le mouvement lui-même.

»C'est à cette confusion entre le mouvement et l'espace qu'on doit, selon Bergson, le fameux paradoxe de Zénon.

Cedernier affirmait qu'Achille, le plus rapide des Grecs, ne pourrait rattraper la tortue si celle-ci disposait d'une certaineavance, car il devrait sans cesse parcourir la moitié de l'intervalle qui le séparerait de la tortue.

Autrement dit,l'écart entre deux mobiles est irréductible car, si petit que soit l'écart, on peut toujours en trouver un plus petit.

Or,l'intuition sensible montre qu'Achille rejoindrait sans difficulté la tortue, tout simplement parce que sa course, au lieud'être arbitrairement divisible comme l'espace, n'est en réalité divisée que selon les foulées successives.Le sophisme de Zénon repose donc sur la décomposition arbitraire du mouvement et sur la confusion du mouvementd'un mobile avec les positions successives de ce mobile à chaque point de sa trajectoire.

Or, ces positions en despoints immobiles représentent autant d'immobilités et, comme telles, ne sauraient composer le mouvement.Autrement dit, à moins qu'il ne s'arrête en un point de son trajet, c'est toujours d'un seul bond qu'un mobile effectuesa course.

Tout mouvement continu, comme le temps, est donc indivisible.

Qu'en est-il du vrai temps ?« Si je veux me préparer un verre d'eau sucrée, j'ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde.

Ce petit fait estgros d'enseignement.

Car le temps que j'ai à attendre n'est plus ce temps mathématique qui s'appliquerait aussi bienle long de l'histoire entière du monde matériel, lors même qu'elle serait étalée tout d'un coup dans l'espace.

Ilcoïncide avec mon impatience, c'est-à-dire avec une certaine portion de durée à moi, qui n'est pas allongeable nirétrécissable à volonté.

Ce n'est plus du pensé, c'est du vécu.

Ce n'est plus une relation, c'est de l'absolu.

»Dans la conscience de l'attente, nous éprouvons dans le temps ce quelque chose d'absolu qui n'est ni extensible nirétrécissable, quelque chose qui n'a rien à voir avec le temps des scientifiques.

Pour distinguer le temps ainsiéprouvé dans l'expérience intérieure du temps spatialisé dont se satisfait la pensée courante, fût-elle scientifique oumême philosophique, Bergson le désigne souvent par le mot « durée ».Dire que « la durée est hétérogénéité pure », cela signifie que le vrai temps ne s'écoule pas toujours semblablementà lui-même, qu'il n'est pas quantifiable, qu'il n'est pas une simple juxtaposition d'instants, c'est-à-dire unesuccession linéaire de points qui sont extérieurs les uns aux autres, qui se distinguent les uns des autres.

Le vraitemps se confond avec le cours de la vie consciente, c'est-à-dire avec ce flux d'éléments hétérogènes quis'interpénètrent, qui fusionnent les uns avec les autres. La conscience est le temps Pourtant, l'intuition que nous avons de nos propres états nous montre clairement que l'existence est indissociable dela temporalité, qu'un être existe d'autant plus qu'il s'inscrit dans la durée .

Le repos, c'est le sommeil, qui est d'autant plus profond que la conscience s'y évanouit.

La conscience est au contraire mémoire du passé etanticipation de l'avenir.

L'intemporalité n'est donc pas une propriété de l'être : elle l'amoindrit, elle est synonyme derepos et de mort.

Ce qui ne dure pas n'est rien. Débat et enjeu L'échec de la pensée conceptuelle Bergson souligne l'incapacité de l'intelligence à comprendre le temps par des concepts.

Les mots, abstraits etimpersonnels, trahissent l'originalité mouvante de la durée.

Disposons-nous alors d'un autre outil pour appréhender letemps ? Intuition de la durée 1.

La duréeSelon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée et concrètement vécue, le temps de laconscience intime, et non la durée mesurée comme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, lephilosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir la perception des choses sur leurconceptualisation.. »

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