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Le temps a-t-il une réalité en soi ?

Publié le 23/01/2004

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temps
« Le temps est [...] donné a priori. En lui seul est possible toute réalité des phénomènes. Ceux-ci peuvent bien disparaître tous ensemble, mais le temps lui-même (comme condition générale de leur possibilité) ne peut être supprimé. » Kant, Critique de la raison pure, 1781. Est a priori ce qui est indépendant de toute expérience. « Le temps n'est pas un concept discursif, ou, comme on dit, un concept général, mais une forme pure de l'intuition sensible. » Kant, Critique de la raison pure, 1781. « Je ne suis pas dans l'espace et dans le temps, je ne pense pas l'espace et le temps; je suis à l'espace et au temps, mon corps s'applique à eux et les embrasse. » Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945.

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« mouvement (qu'elle soit précise ou imprécise) dont le vulgaire se sert ordinairement à la place du temps vrai : tels,l'heure, le jour, le mois, l'année ". Mais si le temps de l'homme de la rue semble être celui sur lequel est forgé notre société, et même si la scienceclassique ("classique", car la relativité d'Einstein est venue faire évoluer cette conception) s'accorde plus ou moinsavec cette conception du temps comme réalité absolue hors de nous, la philosophie peut-elle s'en contenter ? Pourle sens commun, le temps est une dimension dans laquelle l'homme évolue, et sur laquelle il ne peut rien, au mêmetitre que l'espace.

Mais si nous interrogeons des philosophes à ce sujet, après avoir interrogé la représentationcommune, nous nous apercevons alors que le temps peut être conçu de bien des manières ... 2/ Le temps, conception subjective - Mais la question de la possible subjectivité du temps se pose, et n'a rien d'absurde. Nous pouvons en effet avancer la thèse que le temps n'est rien d'autre qu'un concept forgé par l'homme, etdépendant de sa structure psychologique, voire même biologique.

Cela ne voudrait pas dire que le concept de tempsne renverrait à aucune réalité, au contraire il renverrait à la nature de la structure essentielle de la consciencehumaine. - Saint augustin St Augustin ( premier des grands philosophes chrétiens, IVè siècle) s'interroge, à la suite d'Aristote (4 siècle avantJC), avec qui il est en profond désaccord, sur l'"être du temps" (dans le rapport du temps, de l'homme, et de Dieu).Selon Saint Augustin, Aristote fait l'erreur de penser le temps à l'ombre de l'espace, et fait ainsi une confusion.Chaque instant se place sur la ligne continue qui va du passé, au présent, et s'étire vers le futur.

Mais, rajoute StAugustin, cette conception n'est pas correcte en ce sens qu'elle suppose le temps réductible à la dimension del'espace, et se sert d'une représentation spatiale pour penser ce qu'est le temps. Il poursuit : « Ces deux temps-là donc, le passé et le futur, comment "sont”-ils, puisque s'il s'agit du passé il n'estplus, s'il s'agit du futur il n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, et ne s'en allait pas dansle passé, il ne serait plus le temps mais l'éternité...

Nous ne pouvons dire en toute vérité que le temps est, sinonparce qu'il tend à ne pas être.

» (Confession) Ainsi pose-t-il l'irréalité fondamentale du temps : le passé n'est plus, le futur n'est pas encore.

En résumé, le passéet le futur ne sont pas, ils n'ont aucune existence.

Que le passé ait été et que le futur soit, cela n'a pasd'importance, car à l'aune de la question de "l'être du temps", seul le présent est, seul le présent peut être dit réel.Quel est l'être du présent ? Le présent se vit, au niveau du sujet.

C'est à dire que la seule façon d'être du tempsest dans le sujet, à l'instant présent - le temps n'a alors d'autre réalité que subjective.

Le temps est doncessentiellement présent, le passé a été présent, le futur sera présent. "Mon enfance par exemple, qui n'est plus, se trouve dans le temps passé, qui n'est plus; mais quand je l'évoque etla raconte je regarde son image dans le temps présent car elle est encore dans ma mémoire" (St Augustin,confessions). Ainsi, le temps se décline non pas en passé - présent - futur, mais en "présent du passé", "présent du présent" et"présent du futur".

Finalement, Saint Augustin affirme donc que le temps n'est que l'être de l'instant présent,essentiellement subjectif.

C'est l'esprit seul qui introduit ces notions de passé et de futur.

Pour Saint Augustin, letemps n'existe pas en soi, mais uniquement dans l'esprit du sujet, qui se le représente faussement comme absolu etobjectif. - Pascal : l'homme, à l'abris du caractère insaisissable du présent. Pascal (17è) va plus loin, encore, que Saint Augustin.

Il part du même constat: le temps n'est qu'au présent.

Cependant, il poursuit : il y a un décalageentre la réalité du temps (qui n'est que présent) et l'objet de nos pensées :"Nous ne nous tenons jamais au temps présent.

Nous anticipons l'avenircomme trop lent à venir, comme pour hâter son cours; ou nous rappelons lepassé, pour l'arrêter comme trop prompt".

Nous ne sommes ainsi jamais à laréalité, au présent, mais toujours empêtré dans des pensées ciblant ce quin'est pas : l'avenir, ou le passé.

Pourquoi cela ? Pascal répond : "C'est que leprésent, d'ordinaire, nous blesse.

Nous le cachons à notre vue, parce qu'ilnous afflige; et s'il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper.". Ainsi, le présent est blessant, les seuls instants agréables s'échappent,comme tout s'échappe ("avec le temps va tout s'en va"), et nous entrainentdans le regret et l'anticipation.

Quelles conséquences ? Nous anticipons surles moments de bonheur, car c'est le seul moyen de supporter le regret detous les avoir vus s'échapper et s'oublier dans le passé.

Pascal finit : "Ainsinous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et, nous disposanttoujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.".. »

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