Devoir de Philosophie

La tête et la queue du Serpent. La Fontaine

Publié le 12/07/2011

Extrait du document

fontaine

Le serpent a deux parties Du genre humain ennemies, Tête et queue; et toutes deux Ont acquis un nom fameux Auprès des Parques cruelles: Si bien qu'autrefois entre elles. Il survint de grands débats Pour le pas. La tête avait toujours marché devant la queue. La queue au Ciel se plaignit, Et lui dit: « Je fais mainte et mainte lieue Comme il plaît à celle-ci : Croit-elle que toujours j'en veuille user ainsi? Je suis son humble servante. On m'a faite, Dieu merci, Sa sœur et non sa suivante. Toutes deux de même sang, Traitez-nous de même sorte: Aussi bien qu'elle je porte Un poison prompt et puissant. Enfin voilà ma requête : C'est à vous de commander Qu'on me laisse précéder, A mon tour, ma sœur la tête. Je la conduirai si bien, Qu'on ne se plaindra de rien. « Le Ciel eut pour ses vœux une bonté cruelle. Souvent sa complaisance a de méchants effets. Il devrait être sourd aux aveugles souhaits. Il ne le fut pas lors; et la guide nouvelle, Qui ne voyait au grand jour Pas plus que dans un four, Donnait tantôt contre un marbre, Contre un passant, contre un arbre : Droit aux ondes du Styx, elle mena sa sœur. Malheureux les Etats tombés dans son erreur !

L'ensemble. — Le grand intérêt de cette fable est de nous renseigner sur les idées politiques de La Fontaine. Malgré son amour de la liberté, son horreur de toute tyrannie, son éloigne- ment même de toute discipline, il reconnaît la nécessité de l'autorité et de la hiérarchie dans un Etat. C'est la « tête « qui doit commander, ou, sans cela, on peut s'attendre aux pires malheurs. Plus que jamais, aujourd'hui, nous reconnaissons la valeur de cette philosophie sociale « aristocratique «. 

Liens utiles