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Texte: L'aveu de La Pommeraye dans Jacques le Fataliste de Diderot

Publié le 19/09/2012

Extrait du document

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  2)Vers la désillusion: le pathétique désamorcé par le burlesque a) L’auteur ne nous permet pas d’oublier que l’hôtesse de l’auberge du Grand Cerf est la narratrice de l’histoire. Il rompt ainsi l’illusion romanesque à double titre: en empêchant le lecteur de se plonger dans l’histoire et en le garantissant contre le pathétique et la force de persuasion du personnage.  b) Une interruption burlesque L’interruption de la narration est matérialisée typographiquement : - d’abord par les points de suspension : ironiquement, ce que l’on aurait pu prendre pour un nouveau silence pathétique de Mme de La Pommeraye est en réalité une manière de signifier le glissement d’un degré du discours à un autre. On passe en effet du discours direct, et donc vivant, de la marquise à celui des personnages de l’auberge. - Ensuite par les parenthèses et par les italiques : (Ma femme ? – qu’est-ce ? – Rien…). L’hôtesse est interrompue par son mari et un dialogue s’instaure entre eux de part et d’autre de la porte de la chambre de Jacques et son maître. La trame discursive devient d’autant plus difficile à démêler. c)Une interruption postiche L’interruption de l’hôtesse par son mari est postiche dans la mesure où elle ne débouche sur rien. Elle sert à rompre l’illusion. Elle initie ainsi le lecteur à
une lecture consciente d’elle-même tout en le divertissant : en effet, elle permet l’irruption du comique au cœur même du pathétique.

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« de la dissimulation.

Elle parvient à convaincre grâce aux accents pathétiques qu’elle a su donner à son discours sans éprouver la honte qu’elle affiche, puisqu’elle n’est pas coupable dece dont elle s’accuse. Ce phénomène s’apparente à ce que Denis Diderot appelle le paradoxe du comédien.

Plus les sentiments éprouvés par le comédien au moment où il joue sont loin des sentiments dupersonnage qu’il interprète, plus il est convaincant dans son rôle.

Car il a la maîtrise de la palette des émotions humaines.Mme de La Pommeraye s’apparente donc à une comédienne qui a joué la comédie à son amant, sur le théâtre du monde. Conclusion Le passage correspond à un moment crucial dans le petit roman de Mme de La Pommeraye et du marquis des Arcis, dans la mesure où c’est de l’issue de cette scène pathétique querésultera le désir de vengeance de la marquise.

On y découvre la virtuosité d’un personnage maître du langage et de son jeu, propre à illustrer la théorie de Denis Diderot concernant leparadoxe du comédien, et conduisant à cette conception que le monde est un théâtre.En dehors de ce petit roman cependant, le contraste entre les situations et les discours, tout en rappelant au lecteur que la littérature n’est qu’illusion, donne lieu à un moment burlesquedes plus divertissants. Personnalité forte, autonome grâce à sa fortune, Madame de La Pommeraye ne craint pas d'aller jusqu'au bout de sa vengeance.

Déterminée par son tempérament, elle est vindicative et orgueilleuse, elle se sent blessée dans son moiprofond, humiliée dans sa dignité de femme qui a des "mœurs".

Elle représente "la" femme consciente de la valeur de son sexe, revendiquant la reconnaissance pleine et entière de cesexe.

Le narrateur insiste sur la perfìdie et la lâcheté du marquis, sur son monstrueux cynisme, il souligne la souffrance de Madame de La Pommeraye et la morne existence qui lui estréservée après son abandon, dans un milieu misogyne, sans pitié pour "une honnête femme, perdue, déshonorée, trahie" (p.

199).L'histoire de Madame de La Pommeraye démontre clairement que les préférences de Diderot vont aux femmes qui, comme elle, sont capables d'assumer leur personnalité en agissant àcontre-courant, en transgressant toutes les normes, bref, en osant être "infernales".Pourquoi la vengeance échoue-t-elle? objectera-t-on.

Ne serait-ce pas parce que Diderot veut prouver qu'une femme, même exceptionnelle, ne peut qu'être vaincue dans un contextesocio-culturel aussi contraignant pour son sexe? Ce thème du ressentiment de la femme bafouée revient d'ailleurs plusieurs fois dans l'œuvre du philosophe, révélant une originalecompréhension de la condition féminine au XVIIIe siècle.. »

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