Devoir de Philosophie

Texte de Freud, Métapsychologie. Commentaire

Publié le 03/06/2011

Extrait du document

freud

   On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, et il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison, pleinement justifiée, d'aller au-delà de l'expérience immédiate. Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours de processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestablement de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse.

Freud, dans ce texte extrait de son ouvrage Métapsychologie, cherche à prouver l’existence d’un inconscient, en réponse à de nombreuses objections. En effet, pour le psychanalyste, le postulat qui tend à définir l’homme par la conscience qui est la sienne suscite également des interrogations quant aux limites de la conscience : plus précisément, il s’agit pour Freud de savoir si celle-ci est absolument transparente à elle-même. En d’autres termes, n’existerait-il pas comme une forteresse psychique imprenable en dehors de la conscience, qui rendrait plus difficile la connaissance de soi? La formulation de la réponse de Freud, péremptoire et très ordonnée, commande les moments du texte: d’une part « l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire «, d’autre part, elle est « légitime «, et même prouvée. Ainsi est clairement affirmée la volonté d’une démarche qui se veut scientifique, ce que confirment l’emploi de la notion d’inconscient comme conjecture, le recours à l’observation factuelle -les rêves, les actes manqués-, la capacité d’aller au-delà de l’expérience immédiate, la constitution d’une théorie qui conduit à une vérification expérimentale par le recours à une pratique programmée, qui de manière ultime valide l’hypothèse initiale émise par Freud. 

freud

« même prouvée.

Ainsi est clairement affirmée la volonté d’une démarche qui se veut scientifique, ce que confirmentl’emploi de la notion d’inconscient comme conjecture, le recours à l’observation factuelle -les rêves, les actesmanqués-, la capacité d’aller au-delà de l’expérience immédiate, la constitution d’une théorie qui conduit à unevérification expérimentale par le recours à une pratique programmée, qui de manière ultime valide l’hypothèse initialeémise par Freud.En bref, il s’agit de nous demander à quel point il faut concéder que l’homme n’accède qu’à une connaissancepartielle de lui-même.

Faut-il ainsi le déposséder de lui-même, ce qui reviendrait alors à légitimer tous les actes qu’ilcommettrait, et lui ôter, par la même, toute responsabilité? Ou bien s’agit-il pour Freud de mettre en place la notionde « psychisme inconscient », compris comme une composante de l’appareil psychique, pour rendre à l’hommel’autonomie dont il est porteur?Nous pouvons discerner, dans ce texte, trois moments qui correspondent aux trois étapes de la démonstration deFreud.

En effet, la structure argumentative du texte suit ce mouvement de réflexion afin d’aboutir à la certitude qu’ilexiste un inconscient, c’est-à-dire que mon esprit serait en partie obscur à moi-même.

Freud établit alors uneargumentation rigoureuse en mettant en lumière ses arguments fondateurs: dans un premier temps, il montre lanécessité de l’hypothèse de l’inconscient; dans un second moment, il explique que l’hypothèse de l’inconscient estlégitime, en ce sens qu’il est possible de fonder sur elle une pratique efficace.

Enfin, le troisième moment du textes’appuie sur les deux premiers: il s’agit pour Freud de prouver scientifiquement qu’il existe un inconscient. [I- Explication des phrases initiales du texte] L’hypothèse de l’inconscient établie par Freud est, en premier lieu, une réponse à de nombreuses « contest[ations]» opposées à la notion de « psychisme inconscient », contestations émises de « tous côtés »: ainsi, tant lesscientifiques que les philosophes seraient à l’origine de ces critiques.

En effet, pour les disciples de Descartes lepsychisme est unifié car tout psychisme est conscience dans la mesure où la théorie cartésienne se fonde sur le faitque la pensée est toujours consciente.

C’est précisément ce que Freud remet en question en contestantl’identification de la pensée à la conscience, ce qui signifie qu’il existerait des pensées dont l’homme n’a pasconscience.

Pour les philosophes cartésiens, si la conscience n’est pas totalement transparente à elle-même, il fautle mettre sur le compte d’un inconscient qui ne soit pas psychique sinon corporel, physique.

Quant aux scientifiques,même s’ils ne rejettent pas forcément le concept d’inconscient depuis les expériences de Charcot, ils émettentquelques doutes tout de même, quant au caractère rationnel et scientifique de l’inconscient.

Les névroses ou lessymptômes hystériques ne sont que le produit de l’inconscient, plus précisément, ce sont les manifestations mêmesde l’inconscient et non l’inconscient lui-même.

Le psychanalyste est de ce fait confronté à une contestation doublequi provient à la fois de la philosophie et de la science.

Cette forte opposition est d’autant plus facilement explicablequ’elle s’appuie sur le sens même de la notion d’inconscient, qui signifie littéralement « qui n’est pas conscient ».Comment parvenir à atteindre la moindre connaissance de ce qui est « inconnu »? Il apparaît, de façon évidente,impossible d’attribuer un caractère scientifique à ce à quoi la science achoppe, par définition.

Il serait en effetparadoxal et paralogique d’affirmer pouvoir explorer l’inconscient; encore faudrait-il pouvoir y accéder pour savoir lamoindre donnée relevant de l’inconscient.

C’est la raison pour laquelle Freud construit sa démarche réflexive sur desarguments logiques et solides pour annihiler cette contestation, et prouver rationnellement que l’inconscient existeen procédant de façon ternaire: « l’hypothèse de l’inconscient est [avant tout] nécessaire » « légitime », puisprouvée.

Pour Freud, la conscience est parfois inapte à donner sens à certains « actes psychiques », et c’estpourquoi s’impose la nécessité de l’hypothèse car il faut bien conjecturer, supposer qu’il existe une explication neprovenant pas de la conscience.

L’hypothèse de l’inconscient permet de donner une intelligibilité à ce qui sembleinexpliqué, c’est donc sur ce « gain de sens » qu’elle fonde sa légitimité.

Freud peut finalement insister sur lavéracité de son hypothèse qui devient dès lors prouvée, par la constatation de la guérison de certains « symptômespsychiques ». [II- Nécessité de l’hypothèse d’un inconscient] Il s’agit pour Freud de commencer sa démonstration en soulignant la nécessité de l’hypothèse d’un « psychismeinconscient ».

Est nécessaire tout ce qui ne peut être autre que ce qu’il est; cela revient à dire qu’il est essentiel etindispensable d’admettre un « psychisme inconscient ».

En effet, il existe, selon la théorie freudienne, des actespsychologiques conscients que notre conscience ne parvient pas à expliquer en ce sens qu’ils échappent au «témoignage de la conscience ».

C’est dire que la conscience ne peut connaître et fournir une explication sur tout cequi relève de notre âme.

Ainsi la conscience n’a-t-elle qu’une valeur explicative partielle, puisque certains actespsychiques ne peuvent être expliqués qu’à partir d’autres actes psychiques.

Les actes psychiques s’enchaîneraientdonc de manière continue.

A l’inverse, « les données de la conscience sont extrêmement lacunaires », c’est-à-direque la conscience est toute superficielle dès lors qu’il s’agit de mettre en lumière la cause de symptômespsychiques.

En bref, Freud pose d’emblée la distinction radicale qu’il existe entre conscience et états psychiques,ruinant la théorie cartésienne d’un homme souverain totalement transparent à lui-même.La difficulté de l’analyse commence à se préciser à partir du moment où Freud recense les « actes psychiques »auxquels la conscience ne parvient pas à rendre compte, en ce sens qu’elle est « extrêmement lacunair[e] » : iln’opère pas de véritable distinction entre « l’homme sain » et « le malade ».

En effet, alors que l’on pourrait récuserl’hypothèse selon laquelle il existerait un inconscient chez le sujet en bonne santé, Freud précise, par le recours auprincipe du « aussi bien », que tant l’homme sain que le patient ont un inconscient.

Il s’agit plutôt de distinguer lesactes psychiques observés chez le sujet sain de ceux observés chez « le malade ».

Qu’il s’agisse des « actesmanqués », c’est-à-dire tous ces actes que nous omettons de faire ou que nous faisons mal, dans notre intérêtinconscient, ou des « rêves, chez l’homme sain », ils nous paraissent insanes et incongrus, d’autant plus que laconscience se révèle inapte à nous renseigner sur le sens de tel rêve ou sur le sens de tel oubli.

En effet, même si. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles