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La Théorie de la connaissance.

Publié le 04/04/2011

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16° La vérité est une notion si transcendantalement simple et claire qu'il est impossible de l'ignorer : en effet on a bien des moyens pour examiner une balance avant que de s'en servir mais on n'en aura point pour apprendre ce que c'est que la vérité si on ne la connaissait de nature... Ainsi on peut bien expliquer quid nominis à ceux qui n'entendent pas la langue et leur dire que ce mot vérité en sa propre signification dénote la conformité de la pensée avec l'objet, mais que, lorsqu'on l'attribue aux choses qui sont hors de la pensée, il signifie seulement que ces choses peuvent servir d'objets à des pensées véritables soit aux nôtres, soit à celles de Dieu; mais on ne peut donner aucune définition de logique qui aide à connaître sa nature. 17° Par le mot de penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immédiatement par nous-mêmes; c'est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser. 18° Mais qu'est-ce donc que je suis? Une chose qui pense. Qu'est-ce qu'une chose qui pense ? C'est une chose qui doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. 19° Entre les idées les unes me semblent être nées avec moi, les autres être étrangères et venir du dehors et les autres faites et inventées par moi-même.

20° Je n'ai jamais écrit ni jugé que l'esprit ait besoin d'idées naturelles qui soient quelque chose de différent de la faculté qu'il a de penser. Mais bien est-il vrai que, reconnaissant qu'il y avait certaines pensées qui ne procédaient ni des objets du dehors, ni de la détermination de ma volonté mais seulement de la faculté que j'ai de penser, pour établir quelque différence entre les idées ou les notions qui sont les formes de ces pensées, et les distinguer des autres qu'on peut appeler étrangères ou faites à plaisir, je les ai nommées naturelles. 21° J'appelle absolu tout ce qui contient en soi la nature pure et simple dont il est question : ainsi tout ce qui est considéré comme indépendant, cause, simple, universel, un, égal, semblable, droit, ou d'autres choses de ce genre; et je l'appelle le plus simple et le plus facile, afin que nous nous en servions pour résoudre les questions. Le relatif, au contraire, est ce qui participe à cette même nature, ou du moins à quelque chose d'elle, par où il peut être rattaché à l'absolu et en être déduit suivant un certain ordre; mais qui, en outre, renferme dans son concept d'autres choses que j'appelle relations : tel est tout ce qu'on appelle dépendant, effet, composé, particulier, multiple, inégal, dissemblable, oblique, etc. Le secret de toute la méthode consiste à regarder avec soin en toutes choses ce qu'il y a de plus absolu... Il n'y a que peu de natures simples et pures, dont, de prime abord et par elles-mêmes, nous puissions avoir l'intuition... Toutes les autres au contraire ne peuvent être perçues que si elles sont déduites de celles-ci. 22° Il faut noter que par énumération suffisante ou induction nous entendons seulement celle dont on conclut une vérité avec plus de certitude que par tout autre genre de preuve, sauf par l'intuition simple. Chaque fois qu'une connaissance ne peut être ramenée à l'intuition, il ne nous reste, après avoir rejeté toutes les chaînes des syllogismes, que cette seule voie de l'énumération, en laquelle nous devons mettre toute notre confiance. 23° Que Dieu n'est point la cause de nos erreurs. Que nos erreurs au regard de Dieu ne sont que des négations, mais au regard de nous sont des privations ou des défauts. — Que nous ne nous trompons que lorsque nous jugeons de quelque chose qui ne nous est pas assez connue — que la volonté aussi bien que l'entendement est requise pour juger — qu'elle a plus d'étendue que lui et que de là viennent nos erreurs... nous la portons ordinairement au delà de ce que nous connaissons clairement et distinctement.

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