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THEORIE DE LA CONNAISSANCE: Le positivisme

Publié le 26/10/2009

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On garderait de  Kant une idée à certains égards fausse si l'on ne voyait en lui que le fossoyeur de la métaphysique, non seulement parce que son œuvre critique fut aussi et surtout destinée à fonder une philosophie de la moralité et de la croyance, mais qu'il s'efforça à la fin de sa vie d'élaborer une métaphysique nouvelle. Cependant, si l'on se place sur le seul plan de la théorie de la connaissance, il faut bien reconnaître le sens de l'influence historique du philosophe allemand : on vit surtout dans sa doctrine la condamnation de la science de l'absolu. Or, si l'on considère comme acquis ce double résultat : la connaissance scientifique est seule légitime, et la métaphysique est illusoire, un problème nouveau se pose. Car, lorsque l'on croyait en elle, la métaphysique avait un rôle important dans l'ensemble de nos connaissances : elle était ou la souche commune à toutes les sciences particulières, ou leur clef de voûte, bref elle conférait au savoir son unité. Elle disparue, faut-il se résigner à ne posséder qu'un savoir fait de connaissances, assurées certes, mais éparses et sans lien, à une poussière de connaissances particulières ? Ce serait méconnaître une des tendances les plus profondes de l'esprit humain. Mais comment retrouver cette unité sans revenir à la métaphysique condamnée ? Telle est la question à laquelle répond le positivisme d'Auguste Comte.

  a) Puisque l'humanité a toujours cherché l'unité du savoir, la meilleure méthode pour découvrir comment l'esprit a été amené à dépasser la métaphysique sera de regarder l'histoire de l'esprit humain ou, plus précisément, de l'intelligence en tant qu'elle cherche et trouve ou croit trouver l'explication des phénomènes. A cet égard, A. Comte pense avoir trouvé « une grande loi fondamentale «, à laquelle l'esprit est soumis « par une nécessité invariable «, et que l'on appellera loi des trois états. D'après cette loi, chaque branche de nos connaissances passe par trois états successifs :  1. L'état théologique qui se caractérise d'une part par l'orientation des recherches, qui se dirigent essentiellement vers la nature intime des êtres, vers les causes premières et finales de tous les phénomènes, bref, vers les connaissances absolues ; d'autre part, par le mode d'explication : les phénomènes sont considérés comme produits par l'action d'agents surnaturels plus ou moins nombreux ;  2. L'état métaphysique, assez peu différent du précédent, caractérisé par la substitution de « forces abstraites «, d'« abstractions personnifiées « aux agents surnaturels de l'âge théologique : pour expliquer les phénomènes observés, on assigne à chacun d'eux l'entité correspondante ;  3. L'état positif qui, du point de vue orientation des recherches, se manifeste d'abord par un renoncement : l'intelligence reconnaît l'impossibilité de parvenir à saisir l'absolu et renonce à chercher l'origine et la fin des choses ; et qui, du point de vue du mode d'explication, se définit par un usage bien combiné du raisonnement et de l'observation destiné à découvrir les lois effectives des phénomènes, c'est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. De ce point de vue positif, expliquer un phénomène, c'est relier un fait particulier à un fait général, une loi n'étant pas autre chose qu'un fait général.  On voit quelle est la valeur respective de ces diverses étapes : l'état théologique est un état initial par lequel l'intelligence ne pouvait pas ne pas commencer. Prise dans une sorte de cercle vicieux puisqu'il lui fallait observer pour former des théories objectives, et former des théories pour pouvoir observer, l'intelligence devait nécessairement, à l'origine, se lancer dans une explication prématurée. Pour satisfaire ce besoin profond d'explication, il lui fallait forger une représentation du monde permettant de sortir du cercle vicieux. L'état positif est un état final, « véritable état définitif de l'intelligence humaine «, état vers lequel elle tendait dès le début de l'âge théologique, tandis que l'état métaphysique n'a été qu'une étape de transition rendue nécessaire par l'incompatibilité radicale de l'explication théologique et de l'explication positive.

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« sont : l'astronomie, la physique, la chimie, la physiologie et la physique sociale.

S'étonnera-t-on de ne pas voir lamathématique figurer dans la classification ? Elle y est en fait invisible mais partout présente, car, nous dit A.Comte, « Nous n'avons point marqué dans notre système scientifique le rang de la science mathématique.

Ilconvient de la regarder, moins comme une partie constituante de la philosophie naturelle proprement dite, quecomme étant la base fondamentale de toute cette philosophie ».Plus complexe est une science, plus tardif est son avènement à l'état positif.

On ne saurait donc s'étonner d'avoirtout à faire en sociologie, science qui en est restée au stade métaphysique, voire même théologique.

« Maintenantque l'esprit humain a fondé la physique céleste, la physique terrestre, soit mécanique, soit chimique, la physiqueorganique, soit végétale, soit animale, il lui reste à terminer le système des sciences d'observation en fondant laphysique sociale.

Tel est aujourd'hui...

le plus grand et le plus pressant besoin de notre intelligence...

» La sociologieune fois passée totalement à l'état positif, plus aucune trace ne subsistera des âges antérieurs, et l'unité du savoirsera assurée d'une manière purement positive. c) De toutes ces considérations ressortent deux thèses qui nous intéressent directement : 1.

L'origine de nos connaissances est exclusivement dans cet « usage bien combiné du raisonnement et del'observation », c'est-à-dire dans la méthode expérimentale.

Au reste, les noms donnés par Comte aux sciences qu'ilveut classer sont significatifs : il parle de physique inorganique, de physique organique, la sociologie est d'aborddésignée par le terme de physique sociale.

Or la science physique fait l'usage que l'on sait de la méthodeexpérimentale.

Cela ne signifie certes pas que toutes les sciences de la nature doivent faire usage de la mêmeméthode, que la physiologie puisse se réduire à la physique et la sociologie à la physiologie puis à la physique :chaque groupe de phénomènes doit être étudié par une méthode appropriée.

Mais celle-ci n'est toujours qu'unemodalité de ce mariage d'observation et de raisonnement, qu'une transposition à l'étage voulu de la méthodeexpérimentale.

Il y a donc un critère de la vérité que l'on pourrait définir ainsi : une proposition est vraie lorsqu'elleest imposée par un usage approprié de la méthode expérimentale ; 2.

Quant à l'unité du système de nos connaissances, unité autrefois assurée par la philosophie théologique oumétaphysique, elle est en danger : l'étonnant progrès les sciences particulières a pour cause, entre autres, ladivision du travail entre les savants, mais cet avantage se paye par la perte du sens de l'unité du savoir.

Un seulremède : faire de l'étude des généralités scientifiques une spécialité de plus : « Qu'une classe nouvelle de savants,préparés par une éducation convenable, sans se livrer à la culture spéciale d'aucune branche particulière de laphilosophie naturelle, s'occupe uniquement, en considérant les diverses sciences positives dans leur état actuel, àdéterminer exactement l'esprit de chacune d'elles, à découvrir leurs relations et leur enchaînement, à résumer, s'ilest possible, tous leurs principes propres en un moindre nombre de principes communs, en se conformant sans cesseaux maximes fondamentales de la méthode positive.

» Ainsi l'unité du savoir sera assurée par un corps de savantsspécialistes qui veilleront au respect permanent de la vérité positive.. »

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