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Thomas Mann solitaire

Publié le 30/11/2011

Extrait du document

 

Avec les Lettres de Thomas MANN couvrant la période des années 1948-1955, le dernier tome de la correspondance de l'écrivain vient de paraître (introduction et notes d'Erika Mann, traduction de Louise Servicen, éditions Gallimard, 660 pages, 47,80 F) . Ce qui frappe, dans la lecture de cette copieuse prose qui est essentiellement un monologue, c'est l'espèce de fatigue et d'abandon dont fait preuve Mann. Le monde l'a quitté avant qu'il ne le quitte à son tour et ses amis, à part Hermann Hesse, sont tous morts, même Schoenberg avec qui il était fâché et qu'il aurait aimé retrouver avant de mourir. De là, un sentiment de solitude, peutêtre exact, qui se double d'un sentiment de frustration. Après tout, Mann, délaissé par les Allemands, difficilement admis par les Etats-Unis où il s'était réfugié durant la guerre, assez mal vu des pays de l'est, a l'impression que tout ce pour quoi il a lutté durant sa vie s'en va à vau-l'eau et que le monde court vers une nouvelle catastrophe, avec une nouvelle vague nazie qui va se mettre à déferler sur l'Allemagne d'abord, puis sur l'Amérique.

« le provençal, le breton ou le basque, le cata­ lan, langue de civilisation , est mis à l'index.

Il n'empêche que la littérature a continué à s'y développer dans l'isolement et la liberté et que le pays compte parmi les siens des poètes et des romanciers qui ne déméritent pas de ceux du res te de la France ou de l'Espagne : un Jacint Verdaguer, auteur d'un long poème intitulé L'Atlantide , que Mistral admirait fort, un Pom­ peu Fabra et, plus récemment, un Josep Car­ uer ou un Josep Vincenç Foix.

C'est au renou­ veau de la littérature catalane que Mathilde BENssoussAN vient de consacrer une importante anthologie : Ecrivains de Catalogne (éditions Denoêl, collection Lettres nouvelles, 288 pages, 24 F).

C'est, pour un public resté étranger au monde occitanien, l'occasion de découvrir des hommes comme Josep Pia, auteur de soixante­ dix volumes de chroniques que tout le monde s'accorde à trouver dignes des plus grands chroniqueurs du passé, ou comme Salvador Espriu qui a utilisé tous les genres pour expri­ mer son angoisse et son espoir devant la vie et la mort, devant Dieu et son absence, devant le drame de l'esprit et des sens.

La guerre civile a creusé une profonde blessure dans le peuple catalan qui se sent encore plus arra­ ché à lui-même qu'avant.

LITTERATURE ARABE Le Coran dans une nouvelle traduction Le Club du Livre présente une nouvelle traduction du Coran en deux volumes due à Jean Grosjean.

Le texte qui est donné est d 'une qualité littéraire et poétique qui n'est pas tel­ lement habituelle dans ce domaine et, un peu à la façon de certaines traductions des Mille et une nuits qui nous font pénétrer, comme par effraction, à l'intérieur d'une civilisation et d'une pensée, cette transposition nous révèle véri ­ tablement un monde et nous le livre avec sa spontanéité et sa grandeur originelles.

On aura une idée de la version présentée au public par les quelques extraits suivants : « Vos femmes sont pour vous un labour.

Allez à votre labour à votre guise et travail­ lez pour vous, mais soyez fidèles à Dieu, sachez que vous le rencontrerez ...

« Le tremblement de terre de l'heure sera terrible.

Ce jour-là, vous verrez toute nourrice oublier son nourrisson, toute femme enceinte avortera, les hommes seront ivres sans avoir bu ...

« Sachez que cette vie n'est que jeu, amuse­ ment, parure, assaut de bavardages, rivalité de richesses et de descendances .

C'est comme une averse : la végétation qu'elle suscite plaît aux incroyants puis se flétrira.

Tu la vois jaunir et se réduire à des brindilles sèches.

LITTERATURE VIETNAMIENNE Aux sources de la poésie vietnamienne Publiée à Hanoï par les Editions en langues étrangères et diffusée par Maspéro, voici que paraît le premier tome d'une Anthlogie de la littérature vietnamienne (introduction et tra­ duction de Nguyen Khac Vien) qui, ·pour être marquée par l'époque, et, plus encore, ouver­ tement orientée dans le sens de la lutte contre les ennemis de la nation, constitue par consé­ quent une sélection plus qu'une véritable pré­ sentation complète de la littérature vietnamien­ ne.

Elle n'en constitue pas moins un des rares documents accessibles sur un monde qui nous est guère connu.

Il ne faut donc pas s'étonner si les récits , les contes, les légendes, les épopées, les poèmes rassemblés ici sont tous en rapport avec la lutte du pays contre les ennemis qui veulent s'en emparer, les Mongols on les Chinois de la dynastie Ming.

Il n'y est question que de grands coups d'épée, de che­ vauchées, de résistance acharnée et les déclara­ tions patriotiques y abondent.

Mais , dans ce Viêt-nam encore féodal, livré aux invasions et à la guérilla, les combattants ont parfois le temps de s'arrêter et de rêver, sous la nuit, à la paix, à l'amour, à la vertu.

Soixante-cinq auteurs sont cités ici, qui ont vécu du xn1 • au xvn• siècle.

La qualité du recueil , celle de la traduction aussi, serviront une littérature encore mal connue en Occident qui devrait être sen­ sible à la poésie de la nature comme à celle de la vaillance et du sacrifice qui s'y exprime avec éclat.

Voici, de VAN HANH, mort en 1018 les « Con­ seils aux disciples bouddhistes » : La vie de l'homme est un éclair, sitôt né, sitôt disparu , - Verdoyant au printemps, l'arbre se dépouille à l'automne.

- Grandeur et décadence, pourquoi s'en effrayer ? - Epanouissement et déclin ne sont que gouttes de rosée perlant sur un brin d'herbe.

De NGUYEN TRAI (1380-1442), soldat qui a dirigé la lutte contre les Chinois et entrepris de reconstruire l'Etat, la « Lettre au général chinois Phuong Chinh » est désormais un clas­ sique du genre patriotique : « Pirate Phuong Chinh, je te le dis.

L'art militaire part des grandes vertus d'humanité et de justice pour aboutir au courage et à l'intelligence.

Toi et les tiens ne savez que duper, assassiner des innocents, acculer les gens à la mort, sans aucune pitié.

Le ciel ne peut tolérer de pareils forfaits, hommes et génies les maudissent.

C'est pourquoi la défaite vous suit à longueur d'an­ nées, au cours de chaque expédition.

Au lieu de reconnaître vos crimes et de réparer vos fautes, vous remuez la fange : ne sera-t-il pas trop tard pour vous en repentir ? Or, les eaux printanières montent, les miasmes s'accumulent vous ne sauriez tenir bien longtemps ».. »

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