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tif ; ils n'en diffèrent pas moins entre eux.

Publié le 22/10/2012

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tif ; ils n'en diffèrent pas moins entre eux. Voilà donc quatre arts, visant à soigner au mieux les uns le corps, les autres l'âme ; la flatterie s'en aperçut ; je ne veux pas dire qu'elle en eut connaissance, mais elle le devina ; elle se divisa elle-même en quatre et s'insinua sous chacune des quatre espèces et se fit passer pour ce en quoi elle s'insinuait ; de ce qui vaut le mieux, elle n'a cure ; c'est toujours de l'agréable qu'elle use comme appât pour piéger la sottise, et c'est ainsi qu'elle s'attire la plus grande considération. C'est ainsi que la cuisine a contrefait la médecine et fait accroire qu'elle connaît des aliments qui conviennent le mieux au corps ; à tel point que si cuisinier et médecin étaient mis en compétition devant les enfants ou des hommes aussi déraisonnables que les enfants, pour décider lequel sait le mieux la valeur des aliments, c'est le médecin qui mourrait de faim ! Voilà ce que j'appelle flatterie et que je vilipende comme visant à l'agréable sans souci du meilleur. Et je prétends qu'elle n'est pas un art, mais un savoir-faire parce qu'étant incapable d'expliquer à l'intéressé la nature de ce qu'elle propose, elle n'en peut dire la cause ou l'effet. Or je refuse le nom d'art à une pratique irraisonnée. Si tu contestes, je suis prêt à te rendre raison. Je reprends : sous la médecine, la flatterie qu'on trouve, c'est la cuisine ; de même sous la gymnastique, la parure, pratique malfaisante, mensongère, basse et vulgaire, qui use des formes, des couleurs, du vernis et du vêtement pour tromper, usurpation d'une beauté d'emprunt par négligence de la beauté authentique procurée par la gymnastique. Pour être bref, je vais user du langage des géomètres qui te permettra peut-être de mieux me suivre : ce que la parure est à la gymnastique, la cuisine l'est à la médecine ; ou plutôt ce que la parure est à la gymnastique, la sophistique l'est à l'art législatif, et ce que la cuisine est à la médecine, la rhétorique l'est à l'art judiciaire. Je viens de dire quelles différences de nature les séparent ; mais, d'autre part, leur proximité fait que rhéteurs et sophistes se confondent dans le même domaine et sur les mêmes sujets, à qui a-t-on affaire ? ni eux-mêmes, ni les autres ne sauraient le dire. Gorgias, 463a-465c 3. IL N'EST DE RHÉTORIQUE QUE PHILOSOPHIQUE [PHÈDRE-SOCRATE] — P. Mais alors, Socrate, le véritable art de parler et de persuader, comment et où peut-on l'acquérir ? — S. Vraisemblablement et sans doute même nécessairement, mon cher Phèdre, il en va de la capacité de devenir orateur accompli dans la discussion comme des autres choses : si la nature t'a doué du talent oratoire, à la condition d'y ajouter la science et l'exercice, tu seras orateur apprécié ; mais que l'une de ces choses te fasse défaut, du même coup tu seras un orateur imparfait. Quant à l'art que cela comporte, à mon avis, ce n'est pas le chemin suivi par Lysias et Thrasymaque qui peut y conduire. — P. Mais alors quel chemin faut-il prendre ? — S. Il est tout à fait vraisemblable, mon cher, qu'entre tous, c'est Périclès qui a atteint la plus haute perfection dans l'art oratoire. — P. Pourquoi ? — S. « Bavardage et visions en l'air sur la nature « doivent s'ajouter à toutes les grandes techniques, car il semble bien que ce soit de là que proviennent leur sublimité et leur parfait accomplissement. C'est bien ce que Périclès ajoute à son don naturel : pour avoir rencontré en Anaxagore un homme de cette espèce, après s'être empli de e visions en l'air « et être venu à la nature de l'intelligence et de ce qui est dépourvu d'intelligence, sujets amplement traités par Anaxagore, il en tira ce qui est approprié à l'art des discours. — P. Comment l'entends-tu ? — S. Le procédé de l'art médical est sans doute exactement le même que celui de la rhéto- rique. — P. Mais encore ? — S. Dans les deux cas il faut analyser une nature, dans l'un, celle du corps, dans l'autre, celle de l'âme, si, au lieu de se contenter de la routine et de l'expérience, on veut recourir à l'art pour procurer au corps santé et vigueur en lui administrant remèdes et nourriture, et pour inculquer à l'âme la conviction et l'excellence qu'on veut y voir en lui imposant propos et pratiques réglés. — P. Il est au moins vraisemblable qu'il en soit ainsi, Socrate. — S. Mais crois-tu qu'il soit possible de comprendre valablement la nature de l'âme sans comprendre celle de l'univers ? — P. S'il faut en croire Hippocrate, lui qui descend d'Asclépios, sans cette méthode, il n'est même pas possible de comprendre la nature du corps. — S. Il parle d'or, mon ami. Pourtant, outre Hippocrate, il faut consulter la raison et examiner si leurs dires s'accordent. — P. J'en conviens. — S. Examine donc ce que peuvent dire sur la nature Hippocrate et la droite raison. Pour concevoir la nature de quoi que ce soit, ne faut-il pas s'y prendre de la façon que voici : en premier lieu, l'objet sur lequel nous voudrons devenir compétents nous-mêmes et capables de rendre autrui compétent, est-il simple ou complexe ? en second lieu, s'il est simple, en examiner la propriété : quelle est celle qu'il possède naturellement d'agir, relativement à quoi, ou laquelle d'être affectée par quoi ? Si l'objet comporte une pluralité d'espèces, après les avoir dénombrées, voir pour chacune ce qu'on voyait dans le cas précédent de l'objet simple : par quoi est-il dans sa nature de produire quoi, ou bien par quoi de subir quoi de la part de quoi ? — P. Il se peut, Socrate. — S. Ce qu'il y a de sûr, en tout cas, c'est que sans cela la méthode ressemblerait tout à fait à une démarche d'aveugle. Or ce n'est certes pas à un aveugle ou à un sourd qu'il faut comparer celui qui aborde méthodiquement quoi que ce soit ; il est au contraire évident que pour enseigner méthodiquement les discours à quelqu'un, on lui fera voir avec exactitude en sa réalité essentielle la nature de l'objet auquel il rapportera ses discours. Or cet objet sera sans doute

« RHÉTORIQUE ET SOPHISTIQUE 85 les mêmes sujets, à qui a-t-on affaire ? ni eux-mêmes, ni les autres ne sauraient le dire.

Gorgias, 463a-465c 3.

IL N'EST DE RHÉTORIQUE QUE PHILOSOPHIQUE [PHÈDRE-SOCRATE] - P.

Mais alors, Socrate, le véritable art de parler et de persuader, comment et où peut-on l'acquérir? - S.

Vraisemblablement et sans doute même néces­ sairement, mon cher Phèdre, il en va de la capacité de devenir orateur accompli dans la discussion comme des autres choses : si la nature t'a doué du talent oratoire, à la condition d'y ajouter la science et l'exer­ cice, tu seras orateur apprécié ; mais que l'une de ces choses te fasse défaut, du même coup tu seras un orateur imparfait.

Quant à l'art que cela comporte, à mon avis, ce n'est pas le chemin suivi par Lysias et Thrasymaque qui peut y conduire.

-P.

Mais alors quel chemin faut-il prendre ? - S.

Il est tout à fait vraisemblable, mon cher, qu'entre tous, c'est Périclès qui a atteint la plus haute perfection dans l'art ora­ toire.- P.

Pourquoi?- S.. »

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