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Tous les désirs sont-ils dans la nature humaine ?

Publié le 27/02/2005

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Il n'y a pas d'expérience du bonheur, il ne peut y en avoir. C'est que le bonheur, explique Schopenhauer, n'est rien de positif, rien de réel : il n'est que l'absence de la souffrance, et une absence n'est rien : « La satisfaction, le bonheur, comme l'appellent les hommes, n'est au propre et dans son essence rien que de négatif... Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi » (IV, 58). Le désir s'abolit dans sa satisfaction, et le bonheur se perd dans ce plaisir. Il manque donc toujours (souffrance), même quand il ne manque plus (ennui). Il n'existe qu'en imagination : tout bonheur est d'espérance ; toute vie, de déception. Ainsi « l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu'elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion, attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré » (Schopenhauer, Le monde).   Conclusion        Mis à l'écart des conceptions inessentielles, le désir reste la trace en l'homme d'une possibilité d'ouverture fondamentale à l'être pur.

On se rappelle l’idée fondamentale de Spinoza selon laquelle le désir est l’essence de l’homme : « Toute chose s’efforce (autant qu’il est en son pouvoir) de persévérer dans son être « (Ethique, L. III). On comprend par là même que le désir constitue fondamentalement l’être de toute chose. Cependant, on verra dans le désir une marque véritablement humaine, en ce sens que seul l’homme est conscient de ses désirs, à la différence de l’animal par exemple dont l’appétit n’a pas conscience de lui-même. Ainsi l’homme est un être de désir. Par lui, il s’ouvre au possible, à la réalité en tant qu’il y prend part de manière partielle ou totale. Il est par conséquent de l’ordre de la nature humaine d’être en perpétuel dialogue avec le désir, inhérent à l’existence qui ne souffre que pour autant qu’elle reste en quête de sa satisfaction. Ainsi, le désir est-il le moteur essentiel en l’homme vers une compréhension toujours plus claire de l’essence absolue, ou l’ancre-t-il à jamais au point douloureux de sa misérable condition ?  

 

 

« II.

De la souffrance que reflète le désir a.

Schopenhauer a dit ici l'essentiel à ce sujet.

L'homme est désir, et le désir est manque.

C'est pourquoi, pour Schopenhauer comme pour leBouddha, toute vie est souffrance : « Vouloir, s'efforcer, voilà tout leur être ;c'est comme une soif inextinguible.

Or tout vouloir a pour principe un besoin,un manque, donc une douleur...

» ( Le Monde comme volonté et comme représentation , IV, 57).

Bien entendu, si le manque est souffrance, la satisfaction est plaisir.

Mais cela ne fait pas un bonheur : « Tout désir naîtd'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance tantqu'il n'est pas satisfait.

Or nulle satisfaction n'est de durée ; elle n'est que lepoint de départ d'un désir nouveau [...].

Pas de terme dernier à l'effort, doncpas de mesure, pas de terme à la souffrance...

» (IV, 56).

Il n'y a donc pas, ilne peut y avoir d'expérience du bonheur : ce que nous expérimentons, c'estd'abord l'absence du bonheur (le désir, le manque, la souffrance...), puis (satisfaction) l'absence de son absence.

Donc sa présence ? Non.

b.

Et c'est ici que Schopenhauer est le plus profond : ce que nous expérimentons, quand le désir enfin est satisfait, ce n'est certes plus lasouffrance (sauf quand un nouveau désir, et cela ne saurait tarder, aussitôtrenaît...), mais ce n'est pas non plus le bonheur.

Car au lieu de sa présenceattendue vient s'immiscer une autre source du malheur de l'homme : l'ennui.En lieu et en place du bonheur espéré, le creux seulement du désir disparu... (On n'est plus poussé par rien).

Pensée désespérante, dit Schopenhauer : le bonheur nous manque quand noussouffrons, et nous nous ennuyons quand nous ne souffrons plus.

La souffrance est le manque du bonheur, l'ennuison absence (quand il ne manque plus).

Car l'absence d'une absence, c'est une absence encore (thèse forte) :« Ah ! Que je serais heureux, disait-il, si j'avais cette maison, cet emploi, cette femme !...

» Voici qu'il les a ; etcertes il cesse alors (provisoirement) de souffrir – mais sans être heureux pour autant.

Il l'aimait quand il ne l'avaitpas, il s'ennuie quand il l'a...

C'est le cercle du manque : tantôt nous désirons ce que nous n'avons pas, et noussouffrons de ce manque ; tantôt nous avons ce que nous ne désirons plus (puisque nous l'avons), et nous nousennuyons...

(Du fait de ne plus désirer).

Schopenhauer conclut : « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui...

» (Ibid., IV, 57).

Misère de l'homme, comme l'affirmait déjà Pascal.

On peut mourir d'amour, enfin, mais point en vivre : déchirement de la passion, ennui du couple...

Il n'y a pas d'expérience dubonheur, il ne peut y en avoir.

C'est que le bonheur, explique Schopenhauer, n'est rien de positif, rien de réel : iln'est que l'absence de la souffrance, et une absence n'est rien : « La satisfaction, le bonheur, comme l'appellent leshommes, n'est au propre et dans son essence rien que de négatif...

Le désir, en effet, la privation, est la conditionpréliminaire de toute jouissance.

Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent la jouissance aussi »(IV, 58).

Le désir s'abolit dans sa satisfaction, et le bonheur se perd dans ce plaisir.

Il manque donc toujours(souffrance), même quand il ne manque plus (ennui).

Il n'existe qu'en imagination : tout bonheur est d'espérance ;toute vie, de déception.

Ainsi « l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu'elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible.

Ainsi lesujet du vouloir ressemble à Ixion, attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujourspour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré » (Schopenhauer, Le monde ). Conclusion Mis à l'écart des conceptions inessentielles, le désir reste la trace en l'homme d'une possibilité d'ouverturefondamentale à l'être pur.

L'homme, quand il entend se débarrasser de l'immédiateté animale de la satisfaction desdésirs, quand il ouvre son être à la maîtrise de soi, peut seulement escompter fuir sa faible condition et s'élever à undésir plus honorable et contemplatif, proche du désir divin.

Mais l'ambivalence de l'homme est tout autantcaractéristique de son être souffrant, être ainsi voué à l'insuffisance de soi, puisque toujours déchiré par l'espoir, etdonc incapable de jouir d'un présent épuré de tous désirs.

N'est-ce pas là la leçon propre de Spinoza quand, dans letroisième genre de connaissance, l'intuition fondamentale libère l'homme de lui-même, et le fait entrer dans le grandjour de la présence, dans une totalité absolument signifiante ?. »

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