Tout est signe

« Le sénéchal était bien aise de l'aventure ; Il s'applaudissait d'avoir bien employé son argent.

Quant à l'empereur, Il souriait de contentement en lui-même, car Il avait des· sein de prendre femme, et Il pensait qu'Eracle pourrait lui choisir la meilleure de toutes.

Mais une seule épreuve ne suffisait pas.

cet été.

Eracle l'a vu sourire .

• Que vous en semble , sire ? lui dit-il ; mes paroles ne sont-elles pas véritables ? - Si vous tenez tout ce que vous avez promis, dit l'empereur, vous serez riche - Sire, ôtez-vous de ce doute.

Faites allumer sur-le-champ un grand feu, et vous m'y verrez entrer sans crainte .

• Bientôt le feu fut allumé.

La terreur et la pitié étalent grandes parmi le peuple.

• Cette fols, disent-ils, Il ne peut manquer de périr.

• Eracle se signe et se jette au milieu des flammes.

• Ah ! chétif ! il ne sortira pas du feu comme Il sortit de l'eau ! • Quel est leur étonnement quand Ils le volent, après un long temps, sortir sain et sauf du bOcher ! Ceux qui aimaient le valet furent émerveillés et firent grande joie.

Mals ses ennemis étalent dolents de leur déconvenue.

Les envieux étaient accablés.

• Cette pierre n'a pas de vertu en elle-même.

Tout ce que vous voyez est fait de sorcellerie •.

s'écrient-ils.

Eracle dit à l'empereur : • Sire, Ils disent que j'opère par Illusion et malengln.

Soyez mon garant au nom de Dieu : pour que la vérité soit plus évidente, et pour les confondre tout à fait, prenez la pierre et mettez-vous au feu.

SI vous en éprouvez les effets tant soit peu, n'allez pas plus avant .

Mais si vous ne sentez rien, ne craignez pas d'entrer jusqu'au milieu.

Et ces vilaines gens sauront à quoi s'en tenir sur la force de ma pierre.

- Le veux-tu ? -Oui.

- Je le ferai, mals si j'al la moindre plaie, ton corps m'en répondra.

• L'empereur prit alors la pierre au valet et avança rapidement sur les flammes .

Il ne sentit nulle chaleur ni ne sua une seule goutte.

Alors Il se recommande à Dieu et s'enfonce en plein milieu du brasier.

Il y demeura tant que l'on crut qu'il était en charbon et en cendres.

Mais soudain il reparaît, aussi frais et dispos qu'il y était entré.

Il tend au valet ses deux mains et devant tous l'accole et le baise.

(Extrait de L'enfance d'Eracle, de GAUTIER D'ARRAS· (XIIe siè­ cle), publié dans le recueil de contes et romans du Moyen Age.

La Loge de Feuillage - Ed.

Gallimard.) Exercice : les formes dégradées du sacré dans la vie moderne et l'exploitation de la crédulité publique • Recherche de documents publicitaires, destinés à .vendre amulettes, pierres et statuette$ c magiques :t.

• Enquête -enregistrée au magnétophone -auprès de c mages :t ou de c voyantes :t sur les procédés actuels de divination (influences astrales, tarots, marc de café, boule de cristal, etc.) et sur les justifications c théoriques ,.

de ces pratiques données par leurs utili- sateurs.

· • Relevez les phrases où la ressemblance (ou l'opposition) joue le rôle de signe et/ou de facteur : les relations analogiques annoncent ce qui va se produire et/ou agissent pour que cela se produise effectivement.

• Retrouve-t-on, derrière le vocabulaire pseudo-scientifique de ces textes, les croyances archaïques déjà rencontrées dans les textes étudiés ? N.B.- Gardez ces documents : l'exercice sera continué en première (thème CIl) et en classe · de philosophie, en terminale (logique et raison).. »