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Tout n'est-il que spectacle ?

Publié le 14/02/2004

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Sujet 4413 Tout n'est-il que spectacle ? Dans une page célèbre de L'Être et le Néant Jean-Paul Sartre analyse le « jeu » d'un garçon de café qui « stylise » ses gestes, transformant son lieu de travail en une véritable scène. Ainsi la vie professionnelle impose des rôles, c'est-à-dire des attitudes, des comportements, des répliques plus ou moins implicitement fixés à l'avance. A l'instar du garçon de café de Sartre, nous « jouons » le rôle pour préserver notre liberté, signifiant par ce jeu que nous n'adhérons pas à ces attitudes réglées par la fonction que nous occupons. Le jeu est subtil, c'est un geste un peu trop mécanique, une phrase trop appuyée, un sourire ostensiblement « commercial ». Mais la famille n'échappe pas davantage à la distribution des rôles. Il est convenu que le père assurera les signes extérieurs de l'autorité, que la mère sera plus compréhensive à l'égard des enfants, etc. Cette distribution des rôles est liée à une sorte d'inertie sociale, mais elle n'en demeure pas moins ancrée profondément dans les esprits au point que d'une femme qui prend le rôle dévolu à son compagnon on dira qu'elle « porte la culotte » (comme on revêt un costume de théâtre). Plus généralement, on a observé qu'au sein d'un groupe une répartition des rôles se fait spontanément. Les chercheurs de Palo Alto, dans le cadre d'études portant sur la « dynamique des groupes », ont ainsi montré qu'il se trouvait toujours au sein de tout groupe humain quelqu'un pour assumer le rôle du chef, celui du pitre, celui du souffre-douleur, etc.

Le spectacle est un nouveau moyen de contrôler, de façon totalitaire, la société. Si le monde réel est transformé en monde apparent, il n'offre plus aucune prise. Mais, la société n'est pas réductible au spectable qu'en offre les médias. Il y a, d'un côté, les images, les apparences et, de l'autre, l'homme véritable et la rude réalité.

« que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l'unification qu'il accomplitn'est rien d'autre qu'un langage officiel de la séparation généralisée ».

En ce sens, « Les images qui se sontdétachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de cette vie ne peut plus êtrerétablie.

La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde àpart, objet de la seule contemplation.

La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le mondede l'image autonomisé, où le mensonger s'est menti à lui même.

Le spectacle en général, comme inversion concrètede la vie, est le mouvement autonome du non-vivant ».

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent lesconditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles.

Tout ce qui étaitdirectement vécu s'est éloigné dans une représentation.

En ce sens s'explique alors pourquoi Debord cite dès ledépart de son objet d'étude cette remarque de Feuerbach dans sa préface à la deuxième édition de L'Essence du christianisme : « Et sans doute notre temps […] préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être […] Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est lavérité.

Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comblede l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré ». Transition : Ainsi nous vivions dans une société du spectacle, un spectacle permanent qui ne cesse de se mettre en scène.Pourtant, au-delà de ce dernier, il semblerait possible de trouver la vérité derrière cette illusion, cette apparence. II – Le réel derrière l'apparence a) Nous serions alors semble aux prisonniers de la caverne.

En effet, ils sont enfermés et prisonniers, enchaînéscomme on peut le lire dans la République VII de Platon : « Représente-toi des hommes dans une sorte de caverne. Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de la cavernevers la lumière.

Les hommes sont dans cette grotte depuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu'ilsrestent sur place et ne peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête à cause deleurs liens.

Représente-toi la lumière d'un feu qui brûle sur une hauteur loin derrière eux et, entre le feu et leshommes enchaînés, un chemin sur la hauteur, le long duquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genre de cescloisons qu'on trouve chez les montreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.

Par-dessus cescloisons, ils montrent leurs merveilles ».

La civilisation des images nous plongerait alors dans l'imaginaire qui donne icile fruit de l'opinion. b) Or comme le note Platon dans le Théétète : nous sommes à la recherche de l'Etre, c'est-à-dire du logos et nous du spectacle des images ou de la fantasmagorie voire de l'illusion.

L'Etre est l'objet de la science ; ce sur quoi undiscours de vérité est possible.

Dans l'ascension dialectique de la science l'objet est donc la recherche de l'Etre.

Ils'agit donc d'énoncer les vérités sur le monde, des vérités en soi, qui ne soient pas des images de la réalité elle-même.

En ce sens la science, et la vérité se comprennent dans une étiologie, c'est-à-dire un recherche des causes,c'est-à-dire d'une remontée au sein des idées.

Pour cela, il ne faut pas observer le spectacle de la nature, c'est-à-dire la représentation perceptive que nous pouvons en avoir mais bien comprendre que le réel est derrière.

Commeau théâtre, le réel est derrière le masque. c) Et c'est bien ce que l'on peut voir chez Platon avec le cas de la ligne dans La République VI, 509d - 511e . L'enjeu général de ce passage est de classifier les différents niveaux ontologiques de l'être ou de la réalité et de lesfaire correspondre avec différents modes de connaissance.

La « parabole » de la ligne permet de schématiser cetargument et de nous orienter (comme une sorte de vecteur) vers la connaissance la plus claire, à savoir celle quinous fait remonter à l'Idée.

L'opinion est une croyance et en ce sens elle est de l'ordre du visible tandis que lascience est de l'ordre de l'intelligible.

Si la vérité ne peut pas être une croyance c'est bien parce que la croyancemanque cruellement d'une assise ontologique.

Bien plus faire de la vérité une croyance, ce serait faire du philosopheun homme d'opinion ou un sophiste.

En effet, le sophiste est bien un producteur d'image qui pense trouver la véritédans celle-ci or cela est impossible.

Au demeurant c'est ce que l'on peut observer dans l'ascension de la caverne dePlaton .

Plus exactement, au travers de cette allégorie, cet dialectique ascendante nous montre le chemin que nous parcourons lors de la recherche de la vérité.

Il s'agit de se déprendre de l'illusion des phénomènes pour regarder lavérité, le bien en soi qui sera symboliser par le soleil.

Et cette distinction entre la science et l'opinion se retrouvedans le mythe de la caverne.

En effet, les personnes enchaînées et voyant les ombres portées sur la paroi de lacaverne sont dans l'ordre de l'opinion et ce n'est qu'après s'être sorti de ces chaînes afin de remonter à la surfacedonc métaphoriquement vers l'Idée que la science peut advenir.

Science, vérité et ignorance, opinion et croyancesont donc dans deux ordres de réalité différente l'une le monde de l'apparence et l'autre le monde de l'Idée, desintelligibles, celui de la pensée.. »

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