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Tout est il susceptible d'être interprété ?

Publié le 22/01/2005

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C'est l'injonction d'un retour aux choses mêmes qui commande son entreprise phénoménologique, amorcée dans les Recherches logiques. Il y a donc possibilité en droit d'accéder aux choses mêmes, mais cet accès est-il toujours interprétatif ou bien un accès direct, intuitif (au sens courant du terme), est-il possible ? Husserl montre que la perception, l'imagination, etc., sont autant de processus qui accèdent aux choses même. Le trait commun est d'être des processus intentionnels. Il faut alors entendre l'intentionnalité comme le fait d'être orienté vers un objet. La perception est-elle un mode d'accès non interprétatif aux choses mêmes, ou, pour poser la question dans les termes de notre sujet, les objets de la perception requièrent-ils d'être interprétés pour livrer leur signification ? Husserl montre que l'intuition, contrairement à la conception traditionnelle de celle-ci, est elle-même un processus : elle n'est donc pas immédiate. Autrement dit, l'accès aux choses mêmes n'est pas immédiat. Un objet se donne par exemple à notre perception par esquisses successives et jamais d'une seule fois.

Analyse du sujet : •    Le sujet prend la forme d’une question fermée : il s’agira donc d’y répondre par « oui « ou « non «, avec toutes les nuances qui s’imposent, au terme d’une argumentation documentée. •    La notion qui pose le plus de difficultés est celle d’interprétation : elle est en effet au cœur de nombreux débats philosophiques, ce qui empêche de trancher radicalement son statut. Elle lègue donc des questions qui rendent délicate la possibilité de la définir. •    L’interprétation, dans le langage courant, s’oppose d’abord au fait, en ce que ce dernier s’impose sans justement nécessiter aucune interprétation. •    Elle est également proche de la notion de compréhension. Toute compréhension est-elle cependant une interprétation ? Par exemple, lorsqu’on me parle, ai-je besoin d’interpréter chaque mot ou bien est-ce que je les comprends directement. •    L’interprétation s’entend en deux sens : elle est d’abord le processus qui tente de dévoiler un sens, une signification. elle n’a alors pas le caractère de l’immédiateté, contrairement par exemple à l’intuition ou la perception. Elle peut deuxièmement désigner le résultat du processus, c'est-à-dire, la signification elle-même. •    La notion de « tout « est également problématique : faut-il y inclure le non-être par exemple, c'est-à-dire ce qui n’est pas ? Problématisation : Le problème qui se pose d’abord est celui du statut des objets de l’interprétation : peuvent-ils être n’importe quel objet. N’y a-t-il pas au contraire des objets qui se donnent sans plus, sans que soit nécessaire une interprétation, comme les objets de notre perception sensible ? Formulé autrement, notre problème revient à demander : I – Y a-t-il des objets qui livrent toujours déjà leur signification ? Inversement : II – Y a-t-il des objets qui résistent à toute interprétation ?

« la comparaison duquel il est possible de dévoiler un sens.

Le vide par exemple prend sens et peut être interprété s'ilentre dans un complexe vide-matière qui s'agit de considérer comme un tout.Il semble alors possible pour tout objet de devenir l'objet d'une interprétation, les interprétations (entendues commerésultats) auxquelles on parvient dépendant toutefois du contexte, c'est-à-dire du tout, au sein duquel oninterprète l'objet.

III – Examen de la radicalisation nietzschéenne.

Le perspectivisme Nietzsche écrit : « il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations ».

Ilradicalise par conséquent la thèse que nous venons de défendre selonlaquelle tout peut devenir objet d'interprétation.

Pour Nietzsche en effet, toutest déjà toujours objet d'une interprétation.

Plus encore, tout objetd'interprétation est déjà lui-même une interprétation.

Autrement, et contreHusserl, rien ne livre jamais de soi-même son sens, contrairement à la thèseque nous avons défendue en première partie.Nous pouvons cependant demander : si tout interprétation, l'interprétations'oppose-t-elle alors encore à quelque chose ? Autrement dit, la notion mêmed'interprétation a-t-elle encore du sens ? En désignant en effet tout, elle nese distingue plus de rien : autant dire que la notion se vide.Que dire de plus des objets d'une louange, d'une prière ou d'une question ? Leproblème par exemple de savoir si l'objet d'une prière : « le désir ceci oucela » est ou non une interprétation semble être une fausse question.

Le« ceci ou cela » n'a aucun besoin d'être interprété ou même compris.

Il estl'objet d'une prière ou d'un désir, sans plus.

Savoir jusqu'où va le caractère perspectiviste de l'existence, ou mêmesavoir si l'existence possède encore un autre caractère, si uneexistence sans interprétation, sans « raison » ne devient pas de la « déraison », Si, d'autre part, toute existence n'est pas essentiellement interprétative – c'est ce qui, commede juste, ne peut pas être décidé par les analyses et les examens de l'intellect les plus assidus et les plusminutieusement scientifiques : l'esprit humain, durant cette analyse, ne pouvait faire autrement que de sevoir sous ces formes perspectives et uniquement ainsi.

Il nous est impossible de voir au-delà de l'angle denotre regard : il y a une curiosité sans espoir à vouloir connaître quelles autres espèces d'intellects et deperspectives il pourrait y avoir, par exemple, s'il y a des êtres qui peuvent concevoir le temps en arrière,ou tour à tour en avant et en arrière (par quoi on obtiendrait une autre direction et une autre conceptionde la cause et de l'effet).

J'espère, cependant, que nous sommes au moins, de nos jours, assez éloignésde ce ridicule manque de modestie de vouloir décréter de notre angle que ce n'est que de cet angle quel'on a le droit d'avoir des perspectives.

Le monde, au contraire, est redevenu pour nous « infini » : en tantque nous ne pouvons pas réfuter la possibilité qu'il contienne des interprétations à l'infini.

Encore une foisle grand frisson nous prend : – mais qui donc aurait envie de diviniser de nouveau, immédiatement, àl'ancienne manière, ce monstre de monde inconnu ? Adorer cet inconnu désormais comme le « dieuinconnu » ? Hélas, il y a trop de possibilités non divines d'interprétation qui font partie de cet inconnu, tropde diableries, de bêtises, de folies d'interprétation, – sans compter la nôtre, cette interprétation humaine,trop humaine que nous connaissons... • Ce texte de Nietzsche pose la thèse du perspectivisme qui révolutionne notre manière d'envisager le monde.

Dequoi s'agit-il plus précisément ? La vision classique - celle de Platon par exemple - envisageait la Vérité commeunique et universelle.

A cette unité-unicité du vrai, Nietzsche substitue un nouveau référentiel : il existe sur lemonde, une infinité de perspectives, d'interprétations du monde, toutes légitimes et acceptables.

Si le réel dans sacomplexité et sa bigarrure est infini, il peut et il doit être infiniment interprété.• On ne saurait échapper au perspectivisme : le réel ne se donne jamais qu'à partir d'une perspective, celle de celuiqui l'appréhende et l'interprète.

Le réel dépend donc de la perspective adoptée par son herméneute.

Le réel n'est vudans et par le point de vue de son interprète.

Dès lors, il ne saurait donc exister de réel indépendant d'uneperspective, d'une interprétation, il n'y a pas de réel en soi, un et univoque.

On trouve ici une critique du platonismequi croit ramener la multiplicité du sensible à l'unité de l'Idée.• Ainsi, tout est interprétation.

Le monde est un texte à déchiffrer et les clefs de lecture en sont multiples.Nietzsche écrira : « L'essence, l'être, sont une réalité perspectiviste et supposent une pluralité.

Au fond, c'esttoujours la question : qu'est-ce que c'est pour moi ? [...] Bref, l'essence d'une chose n'est somme toute qu'uneopinion sur cette chose.

Ou plutôt la formule cela passe pour est le résidu vrai de la formule : cela est ; c'est le seulcela est.

» (Volonté de puissance, I, § 204).

Dans un monde multiple, il y a plusieurs points de vue possibles.

Laperspective est l'art de faire varier les points de vue, afin d'enrichir le regard porté sur le monde. Le perspectivisme est l'attitude qui consiste à varier les points de vue sur une chose ou sur un événement de façonà varier le sens de ceux-ci et donc l'interprétation qu'on peut en faire et élever ainsi peu à peu la vie à la hauteurd'un événement.

En ce sens, le perspectivisme n'est pas autre chose que l'art appliqué à la culture.

Tout comme unartiste interprète une oeuvre, la culture devrait interpréter la vie en faisant entendre, à propos de celle-ci, des. »

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