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Toute conscience de soi est-elle une illusion sur soi ?

Publié le 24/03/2004

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Hegel n'est guère optimiste puisque à chaque moment de la construction et de la conscience de soi, c'est une liberté illusoire qui nous pousse à continuer de vivre et agir. Nous ne sommes en réalités que des consciences infimes dont l'action n'est en fait que le fait de la volonté plus haute de l'« Esprit » se servant de nous comme des outils propres à son auto-réalisation. C'est l'illusion d'un « moi » libre et pleinement conscient qui nous permet de croire encore et désirer la continuation de la vie. Bien que l'unité et la transparence de soi puisse être entendue comme une illusion, la conscience demeure ce formidable don que la nature nous a, de manière exclusive, attribué. Pascal rappelle d'ailleurs, dans ses Pensées, que « La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable ». Conclusion Il est certes illusoire de croire que la conscience de soi est égale à la connaissance de soi. Il reste encore aujourd'hui bien des choses à découvrir sur la nature humaine et le « moi » tant rebattu ne va décidément pas de soi. Là est la source de l'illusion C'est l'unité et la transparence du moi qui est de nos jours contestée (par la sociologie, la psychologie, la psychanalyse...) de toute part.
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« Husserl, disciple émérite de Brentano, suivra les traces de son maître en élaborant une réflexion sur les actesintentionnels de la conscience (qu'il nomme concept « d'intentionnalité »).

Selon une méthode qui consiste àsuspendre son jugement sur la réalité du monde extérieur, Husserl affirme que la conscience de soi est la base d'unevéritable connaissance de soi puisque l'on peut réussir à distinguer et désigner les différentes modalités parlesquelles la conscience opère (trois modalités : « signitive », « imaginative », « explicative »).

En affirmant que« toute conscience est conscience de quelque chose » (Cf.

Méditations cartésiennes , II, 14), Husserl dégage la double vérité de l'existence du « moi » et des objets extérieurs au « moi » (le monde).

Dès lors, puisque laconscience de soi révèle le chemin de la connaissance humaine, comment une instance sous-jacente capable detromper la conscience pourrait coexister avec celle-ci ? Cependant la théorie freudienne ne nie pas l'existence du « moi », pas plus que celle de la conscience.

Mais à partirde son observation quotidienne et clinique (psychanalytique), il s'aperçoit que ses patients souffrent de troublesmanifestes (troubles psychiques et pathologies diverses, névrose, paranoïa, hystérie, psychose, schizophrénie...)qu'ils ne parviennent ni à expliquer ni à maîtriser.

Seule une cure psychanalytique, qui cherchera à faire réapparaîtreà la conscience du patient (par la libre discussion ou l'hypnose ou la libre association d'idée) ces troubles que Freudconsidère comme des épisodes traumatiques que la conscience a voulu oublier en les refoulant dans l'inconscient.C'est dire que Freud ne peut envisager une conscience-connaissance pleine du « moi » et que cette pensée estplutôt liée à une illusion provoquée par l'ignorance du « refoulé » mais aussi par les philosophies du sujet s'inspirantde l'affirmation cartésienne d'une conscience certaine de soi. Freud remarque même que, lorsqu'il s'approche, dans la discussion, des causes du refoulement de ses patients,ceux-ci ont une réaction de blocage et de défense.

Comme si la conscience ne pouvait supporter de laisser cescontenus réapparaître à elle-même (Cf.

Cinq leçons sur la psychanalyse , 2e leçon). II.

L'illusion d'un « moi » unifié Suivre la théorie freudienne serait, ainsi, admettre un jeu de dupe entre conscience et inconscient et donc émettrel'hypothèse que l'individu n'a pas un rapport simple, immédiat et transparent à lui-même.

Affirmer la pleineconscience de soi ne serait, de fait, qu'un postulat intenable et illusoire doublé d'un mensonge à soi-même.

Cettepossibilité d'un « moi » relatif, voire illusoire est affermie des pensées prônant le déterminisme social et familial dansla construction d'une identité. Cette identité devra d'ailleurs se constituer en rapport avec les pressions et tensions du monde social, de manièreparfois conflictuelle, douloureuse, parfois tragique.

Elle ne sera pas, en tous les cas, une simple affirmationprogressive et évidente de soi : Durkheim, Weber, Bourdieu, par exemple, affirmerons le poids du déterminisme socialdans la constitution d'une identité individuelle.

En lieu et place d'un « moi » unifié et conscient de lui-même, nousvoyons se dessiner de plus en plus un « moi » morcelé, diviser, voire déchirer. Une « conscience malheureuse » est également évoquée par Hegel (Cf.

La Phénoménologie de l'Esprit , IV) pour stigmatiser le troisième moment (« dialectique », passant du même à l'autre) de la conscience de soi, moment del'invention par l'individu, d'un Dieu.

Invention faite par peur de la mort nous dit Hegel, moment privilégié de la prisede conscience de la faiblesse de soi.

C'est une conscience tiraillée entre le constat de sa faiblesse inhérente etl'illusion d'un moi idéal, « transcendant » (au-dessus du monde sensible) qu'elle croit être en puissance.

Hegel n'estguère optimiste puisque à chaque moment de la construction et de la conscience de soi, c'est une liberté illusoirequi nous pousse à continuer de vivre et agir.

Nous ne sommes en réalités que des consciences infimes dont l'actionn'est en fait que le fait de la volonté plus haute de l'« Esprit » se servant de nous comme des outils propres à sonauto-réalisation.

C'est l'illusion d'un « moi » libre et pleinement conscient qui nous permet de croire encore et désirerla continuation de la vie. Bien que l'unité et la transparence de soi puisse être entendue comme une illusion, la conscience demeure ceformidable don que la nature nous a, de manière exclusive, attribué.

Pascal rappelle d'ailleurs, dans ses Pensées , que « La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable.

Un arbre ne se connaît pas misérable ». Conclusion Il est certes illusoire de croire que la conscience de soi est égale à la connaissance de soi.

Il reste encoreaujourd'hui bien des choses à découvrir sur la nature humaine et le « moi » tant rebattu ne va décidément pas desoi.

Là est la source de l'illusion C'est l'unité et la transparence du moi qui est de nos jours contestée (par la sociologie, la psychologie, lapsychanalyse...) de toute part.

Mais tout nous incline à considérer (le langage, la conscience, la société, l'art...)qu'une croyance en une personnalité singulière, en la richesse des différences individuelles, n'est pas vaine etillusoire.

Il s'agît simplement de ne pas se leurrer sur la valeur qu'on donne à la conscience individuelle.

Elle estautant forte que faible, capable d'erreurs et d'illusions que de beautés et de grandes lucidités.. »

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