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Toutes les cultures se valent-elles ?

Publié le 28/02/2004

Extrait du document

Les individus restent attachés à leur culture d'origine, quels qu'en soient les défauts, parce qu'elle fait partie de leur identité. La valeur d'une culture ne réside pas dans le niveau de progrès atteint, mais dans sa capacité à donner un sens à la vie de ses membres. 
[Les cultures qui respectent l'homme sont supérieures aux autres. La liberté individuelle, la dignité de la personne, l'égalité des droits sont des valeurs universelles. Il est faux de prétendre que toutes les cultures se valent.]
Les cultures évoluées sont supérieures
Comme le dit Leibniz dans ses Nouveaux Essais sur l'entendement humain, «les peuples qui ont cultivé l'esprit ont quelque sujet de s'attribuer l'usage du bon sens préférablement aux barbares, puisqu'en les domptant si aisément presque comme des bêtes, ils montrent assez leur supériorité«. Les cultures qui favorisent les activités spirituelles, scientifiques, artistiques, intellectuelles sont supérieures et le prouvent en s'imposant. Certaines valeurs sont universelles Il est fallacieux de nier l'universalité de certaines valeurs sous prétexte de relativisme culturel. Les droits de l'homme sont peut-être une invention occidentale, mais leur portée n'en reste pas moins universelle. Si l'Occident est en conflit avec d'autres cultures sur de telles valeurs, il ne doit pas transiger.
L'amateur de récits de voyage s'émeut des coutumes de telle ou telle peuplade, qui lui semblent «barbares«. Certaines coutumes lui semblent archaïques, proches de la nature ou au balbutiement de la culture, et il les qualifie volontiers de «sauvages«. Il est néanmoins paradoxal, comme le souligne Lévi-Strauss dans Race et Histoire, que cette réaction en face de l'altérité culturelle soit «justement l'attitude la plus marquante et la plus instinctive de ces sauvages eux-mêmes «. Ainsi, pour n'être pas soi-même comme un sauvage, il semble qu'il faille revenir sur l'idée qu'existerait une ligne du progrès sur laquelle s'échelonneraient à l'état de répliques inégales les différentes cultures. Faut-il alors refuser toute comparaison entre ces différentes cultures, refuser toute hiérarchisation en termes de supériorité et d'infériorité ? Considérer qu'elles se valent toutes et qu'il n'y a aucun prix d'excellence à accorder, pas plus que de blâme, parce que aucune ne serait ni foncièrement bonne ni foncièrement mauvaise ? Pourtant, cette louable intention d'éviter la barbarie, ce refus de valoriser, de juger au nom du respect des différences culturelles, n'induisent-ils pas un culte des différences, lui-même barbare ? En effet, si tout se vaut, rien ne vaut : il n'y a plus de valeur, de norme, de jugement. L'exigence d'universalité qui est au fondement des droits de l'homme perd son sens. Or, se priver de pouvoir critique et de sens de l'universel, n'est-ce pas barbarie ? Comment dès lors éviter toute barbarie dans le regard porté sur la diversité culturelle? Sur quel critère s'appuyer, s'il faut juger? Le problème, on le voit, est d'ordre axiologique (du grec axios, la valeur) et critériologique (du grec kriterion, ce qui sert à juger). 



« est lui-même un barbare.

Mieux, c'est celui-là même qui est réellement un barbare.

Pourquoi ? Parcequ'accuser autrui de violences et d'atrocités, de cruauté, de sauvagerie...

croire que l'autre est un barbare,c'est supposer que soi-même on ne serait pas capable de maux semblables.

Est civilisé celui qui admet bienplutôt que tout homme, à commencer par soi, est capable du pire. Toute la difficulté consiste évidemment dans l'établissement d'un système de valeurs, d'une hiérarchie qui faitjuger dignes ou raisonnables tels ou tels actes.

L'arrière-plan de tout jugement c'est qu'il est réversible :A propos des cannibales : « Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison,mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie.

» Montaigne, Essais.

Montaigneinvite donc à considérer nos propres actes comme marqués par une incontestable barbarie.L'ethnocentrisme est bien la tendance à ériger un point de vue culturel particulier en pseudo-critère universel.Alors, rappeler qu'« un méridien décide de la vérité », que ce qui est «vérité au deçà des Pyrénées » est «erreur au-delà » (Pascal, Pensées, 294 éd.

Brunschvicg), c'est s'interdire de conclure des différences àl'inégalité. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà.

(Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelleau contraire de la justice divine. En tant qu'Occidentaux, nous nous croyons volontiers supérieurs aux cultures moins évoluées.

Mais lesaborigènes d'Australie, les indiens d'Amazonie peuvent à bon droit considérer comme barbares certaines denos moeurs: ils ne détruisent pas, eux, la nature en la polluant, par exemple. Toutes les cultures sont légitimes«La démocratie est une idée occidentale», disent les mollahs iraniens pour défendre leur théocratie.

De queldroit, en effet, considérons-nous nos valeurs politiques et morales comme universelles et de quel droitvoulons-nous les imposer aux autres ? Certaines cultures ont d'autres notions que nous de l'individu, de laliberté.

Il faut les respecter, d'autant que les régimes démocratiques ne sont pas nécessairement desexemples de vertu. Une culture doit donner du sensSi une culture donnée était plus apte que les autres à rendre les gens heureux, tout le monde l'adopterait.

Or,ce n'est pas le cas.

Les individus restent attachés à leur culture d'origine, quels qu'en soient les défauts,parce qu'elle fait partie de leur identité.

La valeur d'une culture ne réside pas dans le niveau de progrèsatteint, mais dans sa capacité à donner un sens à la vie de ses membres.

[Les cultures qui respectent l'homme sont supérieuresaux autres.

La liberté individuelle, la dignité de la personne,l'égalité des droits sont des valeurs universelles.

Il est faux de prétendre que toutes les cultures se valent.]. »

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