Devoir de Philosophie

Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?

Publié le 27/01/2004

Extrait du document

Mon salut et la vie de mon ami sont intacts. b)    puis-je ériger en loi universelle ma maxime ? Invoquer les circonstances pour justifier qu'une vérité n'est pas bonne à dire apparaît ainsi comme une forme de faiblesse [on remarque d'emblée que la solution proposée par Augustin est audacieuse et très courageuse]. Disjoindre vérité et bien revient à se chercher des excuses, apparaît comme un prétexte pour échapper à ce devoir fondamental qui est de s'obliger à dire la vérité. Kant formule cette idée ainsi « tu dois donc tu peux » : un impératif ordonne catégoriquement, et de ce fait, on ne peut pas ne pas s'y soumettre ; pouvoir désobéir à un impératif = faire que cet impératif n'en est pas un. Or, comment sais-je que je DOIS dire la vérité quelle qu'elle soit ? S'octroyer le droit de taire une vérité = une maxime qui postule que « étant donné les circonstances, cette vérité n'est pas bonne à dire ». Or, selon Kant, un tel précepte est sans valeur morale : je ne peux pas, en toute rigueur, ériger en loi universelle (valable pour tout homme) cette maxime. Pourquoi ? Tout simplement parce que celle-ci n'est pas suffisamment déterminée rationnellement car, comment déterminer formellement ces circonstances qui m'obligent à taire une vérité ?

« son fils, alors qu'ils sont prisonniers d'un camps de concentration, que tout ce qui s'y passe n'est qu'un jeu.

Ici onfait passer le bonheur avant la vérité.

Car, que signifie qu'une vérité soit « bonne à dire » ? - Dire quelque chose = en faire part à...Suppose un locuteur, un récepteur. - Or, communication, révélation peut être contraire à mon intérêt ou à celui de mon interlocuteur ou à un tiers, nullement engagé directement par la conversation mais impliqué par ce qui s'y dit.

Donc, une vérité est bonne à dire si elle participe à l'intérêt de celui qui la dit et/ou de celui qui l'entend et/ou d'un tiers concerné - Or, l'intérêt vise un bien et, comme le posent les philosophies hellénistiques, le bonheur = bien suprême . Bonheur est fin en soi, ce en vue de quoi tout est fait. Cependant, l'exemple donné ne pose pas problème car il s'agit d'un enfant : la vérité (qui est l'horreur des camps et la folie nazie) ne peut pas lui être compréhensible .

Dissimuler la vérité à quelqu'un en mesure de comprendre la vérité serait-il tout en autant légitime ? La vérité n'est-elle pas un droit égal pour tout être raisonnable ? b) Tout le monde n'a pas droit à la vérité Poser que toute vérité est bonne à dire = principe qui tend à faire de l'honnêteté un devoir .

Or, comme le souligne Constant, cité par Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité : « Dire la vérité est un devoir. Qu'est-ce qu'un devoir ? L'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre.

Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs.

Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité .

» ILLUSTRATION : Les misérables , de V.

Hugo : Soeur Simplice, une nonne ( !) cache Valjean et ne dit pas la vérité à Javert venu le trouver : elle dit qu'elle est seule et qu'elle n'a vu personne.

Taire la vérité = bonne action carl'arrestation de Valjean, bien que voulue par la justice (incarnée par l'esprit borné et têtu de Javert), aurait été, auxyeux de soeur Simplice (au regard de la morale divine) la pire injustice.

Dire la vérité peut donc desservir des valeursqu'on croit justes. Une vérité n'est pas bonne à dire tant que celui qui demande à l'entendre ne la mérite pas . Transition : · J'ai le droit de taire la vérité, voire de mentir, dans la mesure où les circonstances m'y obligent.

La vérité n'est bonne à dire que si elle sert l'intérêt d'autrui .

Constant écrit : « nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui ». · Cependant, les situations évoquées (protéger un être faible d'une vérité trop brutale ou sauver la vie d'un homme bon par un mensonge) = cas extrêmes , relevant d'une stratégie de casuiste : on évoque des évènements singuliers afin d'éprouver l'applicabilité d'un principe ou d'une règle abstraite par rapport à la réalité qu'elle entendjuger.

Conséquence : on présuppose qu' en soi , la vérité est bonne à dire. · D'où le problème : Si un principe se révèle inopérant, impraticable à quoi bon l'appeler principe ? Si une règle tolère des exceptions, en quoi est-elle encore une règle ? Autrement dit, ne faut-il pas maintenir « coûte quecoûte » que toute vérité est bonne à dire ? · Enjeu : l'universalisme des principes moraux.

Ne doivent-ils pas valoir toujours et partout ? 2- LA VÉRITÉ EST TOUJOURS MORALEMENT EXIGIBLE a) taire la vérité = renoncer à sa personnalité Kant, Métaphysique des moeurs , « doctrine de la vertu », §9 « un homme qui ne croit pas lui-même à ce qu'il dit à un autre[...] a encore moins de valeur que s'il était une simple chose ». EXPLICATION : une chose a une valeur qui est instrumentale : la chose sert, elle a une utilité qui lui vient de sa fin. Au contraire, l'homme malhonnête, refusant de dire la vérité (croire à ce qu'il dit), porte atteinte « à la finalité naturelle de la faculté de communiquer ses pensées ».

Ainsi, toute vérité serait bonne à dire dans la mesure où il s'agit de dire ce qu'on pense ; poser qu'une vérité n'est pas bonne à dire et s'octroyer le droit de la passer soussilence = être moins qu'une chose. Pour Kant, disjoindre parole et pensée, être malhonnête = se servir de son être physique « comme d'un purmoyen ( Sparchmaschine ) qui ne serait pas lié à une fin interne (la communication de ses pensées) » ; à l'inverse, chacun est tenu « à la condition de s'accorder avec la déclaration de celle-ci [communication de ses pensées] et ilest obligé envers lui-même à la véracité ».

Enjeu : la personne.

La véracité (qualité de celui qui dit la vérité) est un devoir envers soi-même : la malhonnêteté est une atteinte faite à soi.

Exple : Augustin : si mentir est un péché,que dois-je répondre, pour mon salut, à l'assassin venu trouver l'ami que je cache ? Réponse = « je sais où il est. »

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