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Le travail est-il une aliénation ?

Publié le 08/11/2005

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travail
Il date en effet l'apparition du travail à la mise en place des premières sociétés : dès que les hommes se rassemblent, la nature ne suffit plus à satisfaire leurs besoins. Il est dès lors nécessaire d'entrer dans une lutte avec la nature pour en extraire les produits utiles. Le travail signifie alors la transformation des données naturelles. "L'homme est le seul animal qui soit voué au travail."( Kant, Traité de pédagogie) Mais, c'est dans cette transformation que l'homme s'affirme. En effet pour Hegel, le travail arrache l'homme de l'animalité, à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps et aussi celle de l'outil. Le travail est alors non seulement le moyen de la maîtrise de la nature mais aussi celui d'une extériorisation de soi. Le travail forme et éduque, il transforme le monde et le civilise. C'est donc par le travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et se définit. En façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté.
Le terme aliénation vient du latin alienus "étranger et de alius "autre". Il peut désigner en psychologie l'état de celui qui ne s'appartient plus et présente des états mentaux tels qu'il ne peut être tenu responsable de ses actes. Plus généralement, pourtant on parle d'aliénation quand un individu, inconsciemment, est dépossédé de ce qui le constitue au profit d'un autre, qui l'asservit. On voit donc que dans l'aliénation, il y a une relation entre deux individus, un qui profite et l'autre qui perd ce qu'il est et ce qu'il a. Pourtant, de prime abord, le travail est plutôt une relation entre la nature et l'homme, une lutte pour la survie et pour assurer les conditions de vie. Le travail, en effet, est nécessaire parce que la nature n'offre pas spontanément à l'homme ce qu'il a besoin pour vivre. Cependant, dans le monde moderne, le travail n'est plus directement lié à la nature et l'homme travaille très souvent pour un patron. L'ouvrier en effet est-il possesseur de son travail? De plus, les techniques industrielles et la division du travail ne mène-t-il pas vers une aliénation de l'homme à la machine? Pourtant est-ce le travail qui aliène ou les conditions actuelles du travail? Ne peut-on pas repenser le travail?

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« C'est dans « Aurore », dans un paragraphe intitulé « les apologistes du travail », que Nietzsche déclare que le travail constitue la meilleure des polices. On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale, par son projet de création de nouvelles valeurs, mais on oublie souvent sacritique de la société de son temps, société du commerce, du travail, de cel'on nommera « culture de masse ».

Dans une optique strictement opposée au socialisme, méprisé par Nietzsche , il s'agit d'une dénonciation en règle du nivellement des valeurs, de la promotion de la médiocrité. « Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel […] on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matinau soir - qu'un tel travail constitue la meilleure des polices. » NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspond à ses analyses) comme celle du culte de l'activité, du travail, du commerce.Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le même but : la sécurité« et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ». Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail etson culte imposent une fatigue telle, une dépense d'énergie, si immense, que toute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un butmesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. » La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'une pensée durisque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerce imposent le manquede distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité detout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout ce qui est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui […] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme tout autantque la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains. » Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se faire valoircomme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs. Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins les plus personnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et aux sciences, à la politique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixer pour lui-même la valeur d'une chose. » C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de la culture à celui d'objet de vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange. Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une œuvre Dès« Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-culture en vérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail. Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de la méditation etde l'art. « On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer […] Car la vie, devenue chasseau gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper […] la véritable vertu consiste maintenant àfaire une chose plus vite qu'une autre […] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'. » (« Gai Savoir », $329). Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face à autrui ens'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », mais seulement l'indice de la nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'est possible dans une tellesociété. Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veut vivre et l'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier. » Mais elle est surtout une incompréhension de ce qu'est le travail véritable, cad celui par lequel on se forme.

Pour leshommes modernes « le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix, pourvu qu'ils aient de gros bénéfices […] Chasser l'ennui à tout prix est vulgaire, comme detravailler sans plaisir ».. »

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