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Travail et aliénation ?

Publié le 30/08/2004

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travail

* Chacun ne s'éprouve-t-il pas, par exemple, comme étant différent, d'une plus grande valeur que la fonction qu'il occupe ? la conscience de notre liberté ne se laisse pas réduire à ce que nous produisons. L'incompatibilité du travail et de la liberté n'est jamais totale parce que le travail ne saurait supprimer la conscience que nous avons de notre liberté. Travail et finalité.   Le noeud de la question est finalement de savoir si le travail porte sur la production d'un objet qui lui soit extérieur, ou s'il porte sur lui-même. Le travail est-il un moyen ou une fin en soi ?          Le travail est d'abord un moyen de ne plus travailler, comme si finalement la finalité du travail était de se supprimer : après tout, c'est en effet bien souvent l'idée de l'arrivée du week-end qui nous fait supporter les semaines ouvrées. Rousseau, par exemple, dans son « Essai sur l'origine des langues «, se fait le défenseur de cette idée : « Si l'on y regardait bien, l'on verrait que, même parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille : c'est  encore la paresse qui nous rend laborieux «. Ce propos se fonde surtout, outre sur l'idée que la paresse est la pente naturelle de l'homme, sur une compréhension sociale du travail ; mais pourtant, force est de reconnaître que certaines de nos activités de loisir offrent tous les symptômes du travail, et que le bricolage acharné, par exemple, est bien la production non immédiatement nécessaire d'un objet par des moyens techniques. Comment interpréter cette irruption de la logique du travail dans le loisir ?

travail

« présente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit : « 1.

Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine.

Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible,avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l'ouvrier. 2.

Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail.

C'est la relation de l'ouvrier avec son activité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, uneactivité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui est castration. » C'est donc à la fois le rapport du travailleur avec le produit de son travail et son rapport avec cetravail lui-même qui portent la marque de l'aliénation.

Le premier a d'ailleurs pour corollaire unrapport aliéné à la nature. Précisons.

L'ouvrier est d'abord aliéné par rapport à son produit.

Celui- ci lui échappe.

Aussitôt qu'il est créé, l'ouvrier en est dépossédé : « L'objet que le travail produit, le produit du travail, vient s'opposer au travail commes'il s'agissait d'un être étranger, comme si le produit était une puissanceindépendante du producteur. » L'ouvrier ne perd pas seulement son produit, mais son produit se présente en face de lui comme une puissance hostile :transformé en capital, il devient l'instrument d'exploitation de sa force detravail.

Plus le capital s'accroît du fruit de son travail, et plus il se pose face àl'ouvrier en maître, plus l'ouvrier doit en passer par ses conditions, car, unefois que le capital domine le système économique tout entier ou presque tout entier, l'ouvrier ne peut plus vivre qu'en se louant à lui.

Le produit du travail devient ainsi, en face de l'ouvrier,objet, il se tient en face de lui comme une chose qui ne lui appartient pas et à laquelle il se trouve opposé commesujet. Situation contradictoire tant du capital, qui ne peut subsister comme capital qu'en accroissant la misère de l'ouvrier, que de l'ouvrier, qui ne peut subsister comme ouvrier qu'en accroissant le capital.

Richesse et misère à lafois.

Et la richesse croît dans la même proportion que la misère : « Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, mais pour le travailleur il produit le dépouillement.

Il produit la beauté, mais pour l'ouvrier c'est l'infirmité.

Ilremplace l'ouvrier par les machines, mais il rejette une partie des ouvriers vers un travail barbare et transformel'autre moitié en machines.

Il produit l'esprit, mais pour l'ouvrier il produit l'absurdité, le crétinisme. » L'ouvrier n'est pas moins aliéné, en un second lieu, dans l'acte même de la production.

C'est même là qu'est la cause de son aliénation par rapport à son produit.

« Premièrement , dit Marx , le travail est extérieur à l'ouvrier, cad il n'appartient pas à son être ; par conséquent, il ne s'affirme pas dans son travail, bien au contraire, il s'yrenie ; loin d'y être heureux, il s'y sent malheureux ; il n'y développe aucune énergie libre, ni physique, ni morale,mais y mortifie son corps et y ruine son esprit.

Et c'est pourquoi l'ouvrier ne se sent chez lui que lorsqu'il a quittéson travail ; quand il travaille, il ne se sent pas ‘à la maison' ». Un tel travail, l'homme ne peut pas l'accomplir librement ou spontanément, il faut qu'il y soit contraint : « Son travail par conséquent n'est pas volontaire mais forcé ; c'est du travail forcé.

Il n'est donc pas la satisfaction d'unbesoin, mais un moyen pour satisfaire des besoins extérieurs à lui-même.

Que le travail soit parfaitement étranger àl'ouvrier nous est clairement démontré par le fait qu'on fuit devant le travail comme devant la peste, quand iln'existe pas de contrainte physique ou autre.

Le travail extérieur, le travail dans lequel l'homme sort de lui-même,est un sacrifice de soi, une mortification. » Finalement le travail, extérieur à l'homme, imposé à l'homme, n'est plus même son travail. Ainsi, le travail, activité proprement humaine de l'homme, assurant sa domination sur le monde naturel et sa supériorité sur le monde animal, échappe ici à l'ouvrier : celui-ci n'accomplit pas son travail, mais un travail qu'il avendu et aliéné, un travail qui ne lui appartient plus, parce qu'il a loué pour un temps donné sa force de travail. De cette aliénation d'une activité essentiellement humaine, il résulte que les autres activités de l'homme perdent en l'ouvrier tout leur caractère de « culture » humaine et sont rabaissées à l'animalité.

L'homme privé deson travail se retrouve exclusivement dans l'exercice de ses fonctions inférieures ; mais celles-ci, exercées commedes fins en elles-mêmes, sont proprement instinctives ou animales : la liberté, qui y cherchait un refuge, disparaît enréalité. A l'aliénation dans le produit et dans l'acte du travail, Marx ajoute ces deux autres caractères importants du travail aliéné : aliénation de l'homme par rapport à la nature et de l'homme par rapport à l'autre homme. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à son produit implique l'aliénation par rapport à la nature.

Celle-ciprend pour l'homme figure d'ennemie.

C'est sur la nature que s'exerçait le travail ; l'homme s'objectivait enelle ; il produisait en quelque sorte la nature ou plutôt la reproduisait à travers chaque produit particulierde son activité.

Mais, lorsque son produit lui est enlevé c'est la nature tout entière qui cesse d'êtresienne. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à l'homme, dernière caractéristique du travail aliéné pour l'ouvrir, est. »

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