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Le travail est-il une fatalité ?

Publié le 08/01/2004

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travail
La maîtrise d'un métier, qu'il soit manuel ou intellectuel, permet une réalisation de soi et une reconnaissance sociale (ainsi, l'admiration pour le professionnalisme).  Aussi l'ambition d'avoir un métier et d'y réussir est-elle autre chose que la volonté de gagner sa vie, même si la spécialisation dans un métier, en interdisant par définition les autres, peut apparaître comme un enfermement dans un seul domaine. En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractérise encore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée. Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'à l'extrême parcellisation. Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser un produit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâches nécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par la réalisation d'un chef-d'oeuvre). Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dans la grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division du travail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle. « Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail -cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.

A cause de son aspect pénible et répétitif, le travail est vécu comme une triste obligation. Mais, la résignation neutralise toute recherche de progrès social. Le vrai travail humain doit être source d'épanouissement de la personne.

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« Abordons le problème de la division du travail, cad la répartition des tâches nécessaires et le problème général desconditions de travail. On peut considérer la division du travail du point de vue de son efficacité pour la production des biens nécessaires àla société, donc de son utilité économique.

Mais il faut aussi considérer les conséquences de la division du travailsur la personne du travailleur. L'utilité économique de la division en métiers paraît évidente : elle est la condition d'une production diversifiée et dela satisfaction de besoins variés.

Considérée du point de vue du travailleur, elle implique un développement del'habileté individuelle et un perfectionnement des capacités.

La maîtrise d'un métier, qu'il soit manuel ou intellectuel,permet une réalisation de soi et une reconnaissance sociale (ainsi, l'admiration pour le professionnalisme).

Aussil'ambition d'avoir un métier et d'y réussir est-elle autre chose que la volonté de gagner sa vie, même si laspécialisation dans un métier, en interdisant par définition les autres, peut apparaître comme un enfermement dansun seul domaine. En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractériseencore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée. Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'àl'extrême parcellisation.

Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser unproduit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâchesnécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par laréalisation d'un chef-d'oeuvre).

Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dansla grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division dutravail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle. « Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travails'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métierparticulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention estprobablement due encore à la division du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être àpeine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de lamanière dont cette industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métierparticulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupartconstituent autant de métiers particuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisièmecoupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoirla tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogneparticulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquerles papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huitopérations distinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sont remplies par autant de mainsdifférentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois.

J'ai vu une petitemanufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'euxétaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et pour cette raison,mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à bout de faire entre eux environdouze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taillemoyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ilsn'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingtépingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie,et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, enconséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH, «Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objetsde peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devient unmétier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part cemétier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise par la répétitiond'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera lanocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples[...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient en général aussiignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

». »

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