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Le travail de l'historien est-il un travail d'interprétation ?

Publié le 22/02/2012

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Nous verrons dans un premier temps les handicaps particuliers à la discipline historique, contraignant ceux qui la pratiquent à un exercice d'interprétation, pour analyser dans un deuxième temps les conditions d'objectivité de la science historique, afin de déterminer en dernier lieu quel type d'interprétation est à l'oeuvre en histoire.
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« — d'autre part une vision idéologique : un historien d'inspiration marxiste va davantage insister sur les conditions etstructures économiques, sociales, voire démographiques pour expliquer l'apparition des révolutions, des guerres oudes changements de régime.

Pour autant il ne faut pas négliger l'action propre de certains individus, qui ont suprofiter de ces situations ou qui ont su renverser une opinion publique en leur faveur.

Il peut y avoir conflitd'interprétation sur ces points ;— enfin il ne faut pas oublier l'idéologie propre au pays ou à la culture de l'historien.

À l'époque de la guerre froide,les écoliers de l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest avaient-ils droit à la même version des faits concernant le mur deBerlin ? ou sur la formation de leur pays ? De même pour le camp d'Auschwitz libéré par l'Armée rouge : pendantlongtemps les historiens insistèrent sur le fait qu'il enfermait des prisonniers politiques, des résistants polonais, alorsque les juifs, voués à l'extermination, étaient les plus nombreux.Mais justement, si l'on veut savoir ce qui s'est réellement passé pendant cette période, c'est bien aux historiensqu'on le demande.

Ce sont eux, en plus des témoignages, qui donnent les preuves pour contrer toute tentativenégationniste.

Il ne s'agit alors plus d'interprétation mais de démonstration. II.

La pertinence de l'interprétation I.

La méthode scientifique Le matériau initial est lacunaire, mais les documents et témoignages sont soumis à une double critique : une critiqueexterne sur leur authenticité, leur nature, leur origine, et une critique interne sur la véracité de leur contenu.

Celasuppose le recoupement entre plusieurs sources, quand elles sont disponibles.

Comme dans toute science, lesprogrès de la connaissance historique se font à la mesure de la découverte de nouvelles sources.

Comme dans toutautre science, l'observation n'est donc ni passive ni immédiate, et il y a de la part de l'historien une mise en relationdes documents afin d'établir un schéma théorique de la période ou de l'événement considéré.

Ce schéma apparaîtdéjà dans le choix des événements privilégiés ou dans les appellations choisies.

Par exemple un concept comme celuide « la guerre de Cent Ans » est évidemment réducteur par rapport à tous les événements qui se sont dérouléspendant cette période, mais il suppose en même temps une synthèse rendant pertinente cette dénomination.

De lamême façon, dans les autres sciences, il y a des concepts qui supposent un travail théorique de synthèse et deconnaissances des lois.

En physique, le concept de masse ne relève pas d'une simple observation, il possède unedéfinition très spécifique.

En biologie, le concept d'espèce également.

C'est l'historien qui fait, construit l'événementde façon médiate et réfléchie, autant que ce sont les événements qui font l'histoire. 2.

Le principe de falsifiabilitéLa théorie finale est soumise au principe de falsifiabilité défini par Popper, auquel, selon lui, doit répondre toutescience.

Tout ce qu'énonce l'historien est en effet fondé sur des sources dont il peut faire état, et auxquelles il estpossible de se référer pour vérifier si toutes les données disponibles ont été prises en compte, si tout ce qui en estdéduit est également conforme à ce qu'elles contiennent.

Il donne à sa théorie les conditions de possibilité de saréfutation, et l'on peut considérer chaque document en quelque sorte comme un test potentiellement négatif deréfutation de la théorie.

Ainsi tout ce qu'il énonce est considéré comme vrai tant que l'on n'a pas une observationou un document, une objection qui invalident la théorie.Or ce n'est pas le cas pour ce qui relève de la métaphysique (comment réfuter que l'âme existe ou n'existe pas ?),ou, selon Popper toujours, de ce qui relève de la psychanalyse ou du marxisme par exemple.

Ce sont des schémasthéoriques par lesquels on peut interpréter toute chose, mais qui ne se laissent pas infirmer expérimentalement.

Àl'inverse, les sciences expérimentales répondent à ce principe.

Elles n'offrent certes pas de théorie objective,définitive et complète.

En revanche, elles se prêtent à une infirmation possible et elles ont été édifiées grâce à leurrésistance aux tests expérimentaux. 3.

InterprétationLe rôle de l'interprétation en histoire est plus important qu'ailleurs pour deux raisons.D'une part, l'objet étudié, l'homme, agit lui aussi en fonction de l'interprétation qu'il fait de la situation, donc celaoblige à opérer une interprétation d'interprétation.

Par exemple, il est déjà difficile de commenter en direct lesrésultats d'une élection en essayant de comprendre pourquoi tel parti d'extrême droite, ou autre, a eu tant de voixà ce moment-là et dans ce contexte-là.

Plus encore pour un historien qui doit le faire avec le décalage temporel : ilne peut pas questionner les gens de l'époque, il n'a pas toutes les informations à sa disposition, et il ne peut pas semettre à la place des protagonistes.

Mais c'est une situation partagée par bon nombre de sciences humaines.

Enéconomie, la hausse du chômage peut avoir plusieurs causes, ou ce qui revient au même : plusieurs interprétationsthéoriques sont possibles et également valables pour expliquer ce phénomène.

La pluralité des facteurs est sicomplexe qu'il est difficile de proposer un schéma totalement fiable.D'autre part, il existe de nombreuses interprétations de l'histoire toute entière, ou de certains de ces épisodes,faites non pas par des historiens, mais par des philosophes ou des hommes politiques ou même des théologiens.

Ceque l'on peut appeler des philosophies ou visions de l'histoire.

Or cela intervient à deux niveaux : sur les acteursmêmes de l'histoire qui agissent en fonction de l'idée qu'ils se font du progrès ou du passé qu'ils veulent dépasser.

Etsur la conscience de l'historien qui en partage ou non les vues.

Il y a donc une sorte de mise en abyme des schémasd'interprétations de l'histoire qu'il est parfois difficile de faire coïncider.

L'histoire est aussi une interprétation du faitqu'il y a des interprétations de l'histoire à restituer en elle.. »

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