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Le travail est-il plus formateur que les loisirs ?

Publié le 09/03/2004

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travail

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation « désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie. Le mot « aliénation « renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît « plus dans son travail. Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique. La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter le travail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même. La critique de l'aliénation fait référence à une « essence « de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation. Cette critique suppose donc un point de vue « philosophique «, en quoi elle se distingue de la problématique plus « économique « qui analyse l'exploitation du travail. Cette réflexion sur l'aliénation implique en effet que le travail, non seulement comme rapport à la nature, mais aussi comme rapport à autrui, met en jeu la définition et la réalisation de l'humanité. La production capitaliste entraîne d 'abord l'appauvrissement continu de toute une partie de la population : « L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et en volume. « Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en quelque sorte quantitatif, du phénomène. En réalité, l'ouvrier se perd lui-même dan le processus de production.

  • I) Le travail est plus formateur que les loisirs.

a) Le travail exige attention et intelligence. b) Le loisir est paresse et futilité. c) Le travail façonne la nature en même temps que l'homme.

  • II) Le travail n'est pas plus formateur que les loisirs.

a) Le travail nous aliène. b) Liberté du loisir et loisir de la liberté. c) Le loisir n'est pas l'oisiveté.

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travail

« supposer que l'homme puisse vivre sans travailler, peut-on conclure qu'il peut vivre sans produire quelquechose ? Le loisir ne produit pas.

En outre, à la différence du travail, toujours imbriqué dans le système social,le loisir peut ignorer le lien social.

L'apologie du loisir aux dépens du travail n'est-elle pas une exaltationexclusive de l'individu aux dépens de la société ?¦ Il est difficile de trancher.

11 faudrait établir la distinction entre deux types de loisirs : ceux qui sont del'ordre de l'être (ce sont ceux que les Grecs cultivaient) et ceux qui sont de l'ordre de l'avoir (ils sont toujoursplus nombreux et dominent aujourd'hui).

Le loisir a changé de sens en devenant une activité de consommation: il ne s'agit plus tellement de se livrer à une activité autre que le travail pour réaliser les virtualités de sonêtre, mais de dépenser l'argent gagné par le travail ; ainsi le loisir appelle-t-il toujours davantage le travail.L'idéal de vie ne peut se trouver là. Le loisir vise le plaisirCelui qui s'adonne à une activité par nécessité professionnelle devient beaucoup plus compétent dans cetteactivité que celui qui s'y adonne par plaisir.

Je peux bien jouer au tennis ou pratiquer l'informatique en tantque passe-temps, je ne serai jamais aussi bon qu'un joueur ou un informaticien professionnel.

Les activitéspratiquées par loisir ont pour but le plaisir et non la formation. Le travail façonne l'hommePrétendre ainsi que le travail libère, c'est se placer dans une perspective proprement humaine, qui consiste àmettre l'accent sur ce que le travailleur retire de son travail plutôt que sur le produit lui-même de son travail.Cette prise de position ne va pas de soi, parce qu'après tout le mot « travail » renvoie apparemment de façonindistincte à l'activité et au résultat de cette activité.

Le mot « travail » en français confond donc l'activité etle résultat, que les deux substantifs anglais « labour » et « work » distinguent.

Toute la question ici est biende savoir jusqu'à quel point on peut appeler « travail » une activité qui n'a pas de résultat visible, comme parexemple l'entraînement d'un athlète ou d'un gymnaste : pour pouvoir dire que le gymnaste travaille, il faut quela notion ne soit pas réductible au résultat, même si la perspective du résultat n'est jamais radicalementabsente.

Donc, tant que l'on prend le mot travail au sens de l'activité distincte du résultat, il est possible demaintenir la position selon laquelle le travail est humain et libérateur.

Cette perspective est-elle pourtantlongtemps tenable ?Tout l'effort de la pensée de Marx, se focalise sur cette question.

Au début du « Capital », et dans la lignéede l'optique hégélienne, Marx définit le travail en marquant la spécificité humaine de la notion, et en défendantcet aspect.

La spécificité du travail, c'est de renvoyer à l'homme, parce que les activités animales en sontfondamentalement différentes : « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plusexperte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche », explique Marx.

Ils'agit donc d'une activité consciente et réfléchie, qui présuppose une capacité à se représenter des fins.

Parle travail, l'homme extériorise ces fins, qui sont aussi les siennes : reprenant l'analyse de Hegel, Marx conclutque l'homme se produit lui-même, qu'il est le résultat de son travail, au sens où, pris dans la sphère desbesoins naturels, l'homme conquiert son autonomie par son travail, en rusant la nature par l'intermédiaire del'outil.

Le travail est donc aussi fondamentalement technique : c'est l'évolution de l'outil qui est le signe de l‘évolution du travail.

Tant que ce sens de la notion prévaut, le travail reste ce par quoi l'homme se libère desbesoins.

Mais qu'à l'outil vienne se substituer la machine, et cette humanité du travail peut être remise encause si on comprend le travail comme englué dans une certaine réalité, celle de son organisation.

Tel est leproblème de Marx : il faut montrer comment le travail, proprement humain en lui-même, peut perdre cettehumanité dans l'organisation capitaliste du travail.Le « travail social » est le travail considéré par Marx dans le cadre de cette organisation.

Ce à quoi renvoiel'expression, c'est la division du travail, à savoir la répartition des tâches telle que l'organise une économieavancée.

Ce contexte social explique que le travail, de concret, devienne abstrait, et, de libérateur, deviennealiénant.

L'aliénation, c'est la dépossession du caractère humain du travail.

En quoi alors le travailleur est-ilaliéné ?Dans la division du travail, le travailleur n'est plus qu'un salarié, il n'est plus qu'une marchandise qu'on achète ;son travail ajoute à ce qu'il travaille une valeur ajoutée, que le capitaliste divise entre son profit et le salairede l'employé.

Le travailleur est acheté, et il est donc aliéné ici en un premier sens : il est obligé de se vendres'il veut survivre : « On trouve sur le marché un groupe d'acheteurs (capitalistes), et de l'autre côté ungroupe de vendeurs n'ayant rien à vendre que leur propre force de travail », explique Marx.

Comme letravailleur est dépossédé des moyens de production, il ne vend pas son travail mais sa force de travail, cadune marchandise évaluable.

Le salaire, et c'est là la seconde aliénation, ne rétribue pas la valeur du travailmais la force de travail : l'objet une fois produit, le capitaliste le revend à ce que l'on appelle sa valeurd'échange, empochant un profit supérieur au salaire.

Le profit, c'est la différence entre la valeur d'usage et lavaleur d'échange.Le travail que produit l'ouvrier est un travail concret, au sens où il produit des biens dont on peut se servir :son travail, comme travail concret, est donc créateur de valeur d'usage.

Mais, ce n'est pas sous ce rapportque son travail est pris en compte : l'objet intéresse le capitaliste en ce qu'il a une valeur d'échange : ladivision du travail et le salariat transforment donc le travail du salarié de travail concret en travail abstrait.

Letravailleur est donc aliéné d'abord en ce qu'il est dépossédé de l'objet de son travail, et de ce qui lui permetl'objectivation : privé de l'effet en retour de son travail sur lui-même, le travailleur n'est plus libéré par sontravail, mais au contraire son travail l'aliène.Mais le travailleur est aliéné en un second sens : le passage de l'outil à la machine lui fait perdre la maîtrise dela technique.

De moyen de ruser avec la nature pour se libérer, la technique devient ici un facteur. »

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