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Travail et propriété ?

Publié le 18/03/2004

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travail
On entend par propriété : au sens abstrait, le droit exclusif de tirer d'une chose toute l'utilité qu'elle comporte; au sens concret, la chose même sur laquelle on a des droits. Le fermier n'a pas la propriété (au sens abstrait) de la propriété (au sens concret) qu'il exploite. Les biens qui font l'objet du droit de propriété sont de deux sortes : les biens de consommation, qui, comme le mot le dit, sont destinés à la satisfaction immédiate d'un besoin de l'homme, par exemple, les aliments, les chaussures; les biens de production, par exemple, des champs, des machines, qui servent à obtenir des biens de consommation. C'est cette seconde sorte de biens qui constituent une propriété au sens usuel du mot. Si l'ouvrier a la propriété du déjeuner qu'il emporte dans sa musette, on n'appellera pas ce déjeuner une propriété. Une remarque analogue peut être faite à propos du mot capital, qui désigne les biens destinés à la production d'autres biens. Théoriquement, il faudrait considérer comme un capital un lopin de terre, une machine à écrire, une hache, et comme capitalistes le pauvre paysan, la dactylo et l'ouvrier bûcheron qui les possèdent. Mais dans l'usage courant on n'appelle capitaliste que le propriétaire qui, pour exploiter ses biens de production, fait appel au travail des autres. On peut donc distinguer deux sortes de propriétés : la propriété capitaliste, dans laquelle le travail n'est pas assuré par le propriétaire; la propriété qui pourrait être appelée propriété ouvrière, dans laquelle c'est le propriétaire qui exploite son propre bien. Dans la première catégorie, rentrent les grandes entreprises montées par actions; dans la seconde, les petites entreprises familiales, comme la grande majorité des fermes françaises et les ateliers artisanaux.
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« sociale et surtout une fonction familiale.Inutile de le dire, la première raison du travail est sa nécessité vitale : il faut manger pour vivre, et, si on netravaille pas, on risque bien de manquer de nourriture.

D'ailleurs, le travail n'est pas moins nécessaire audéveloppement mental et moral : ce ne sont pas les peuples qu'une nature clémente dispense du souci del'alimentation qui sont à la tête du progrès; au contraire, leur insouciance même les fixe au stade d'uneperpétuelle enfance.

C'est dans le travail que l'intelligence se développe,, que la volonté se fortifie et ques'achève le type humain reçu à l'état d'ébauche à la naissance.La propriété se présente comme un corollaire du travail : elle assure à l'individu le fruit de ses efforts (dans unpays où les champs seraient à tous, comment garantir sa récolte à celui qui aurait semé ?), elle constitue uneréserve pour le jour où le fruit du travail ne suffirait pas à lui fournir sa subsistance; enfin, le désir de posséderou d'augmenter ses biens est un stimulant au travail que rien ne peut remplacer.Mais c'est bien plus pour sa famille que pour lui-même que l'homme travaille et qu'il cherche à se constituer unepropriété : le travail et la propriété sont essentiellement des fonctions familiales.L'individu ne se suffit pas.

Il se ente nécessairement sur une famille qui est la véritable cellule de la société.Aussi est-il instinctivement porté à chercher le bien de cette cellule, dût-il se sacrifier lui-même, et la raisonapprouve cet instinct qui porte au détachement et à la pratique des vertus sociales.

Ce n'est pas la pensée desa propre subsistance qui préoccupe l'ouvrier; il songe surtout aux petits qu'il faut faire vivre, éduquer etétablir.

C'est pourquoi le travail étant une fonction familiale, sa rémunération, elle aussi, doit être familiale : ilconvient que le salaire soit proportionné au nombre de ceux qu'il doit faire vivre.Héritée des parents qui l'ont transmise à leurs enfants où acquise grâce aux économies réalisées sur l'emploid'un salaire destiné à l'entretien d'une famille, la propriété, elle aussi, a une fonction familiale.

Dans la majoritédes cas, en particulier chez les paysans, une propriété est le fonds sur lequel une famille travaille de père enfils; par là, elle est le symbole permanent de la continuité familiale, et l'on comprend le serrement de coeur dupère consciencieux qui est acculé à l'aliénation d'un bien de famille de ce genre : il lui semble que la familleelle-même disparaît avec lui.

Quant aux autres propriétés qui n'ont pas cette valeur de symbole, elles, restentfamiliales par leur destination : elles ont pour but d'assurer l'avenir, en particulier l'avenir des enfants.

Aussi lechef de famille doit-il se considérer plutôt comme l'administrateur des biens familiaux que comme un maîtreabsolu; et elles 'seraient sages les lois qui garantiraient les propriétés familiales contre les abus de gestion depères indignes.Mais la cellule familiale est intimement liée à des collectivités plus grandes : le village, la profession, qui segroupent elles-mêmes dans une société plus vaste, la nation, l'ensemble des nations constituant la sociétéhumaine.

C'est au bien de la nation et de l'humanité entière que doivent contribuer le travail et la propriété.La famille ne peut pas se replier sur elle-même en se retranchant derrière le grand principe individualiste :chacun pour soi.

Au contraire, quand on a conscience de la dignité de l'homme, on a comme devise : chacunpour tous.

Sans doute, l'ordre naturel est de subvenir d'abord à ses besoins et aux besoins de ses proches;mais, dans la mesure de leur pouvoir, le travailleur et le propriétaire ont à leur charge l'humanité entière.

On nedonne pas aux célibataires le produit intégral de leur travail : une fraction importante est retenue pour lesallocations familiales.

De même le fisc prélève une part notable des revenus encaissés par le propriétaire pourassurer les services généraux de la nation.

La fonction sociale du travail et de la propriété s'accuse de jour enjour .

ainsi se corrigent peu à peu les erreurs de l'individualisme des dernières générations. *** Une autre conséquence néfaste du libéralisme individualiste qui a régi l'économie européenne au siècle dernier aété le divorce entre la propriété et le travail.

Normalement, le travailleur doit exploiter son propre fonds; lepropriétaire, s'occuper à faire produire ses terres ou son atelier.

Or que voyons-nous depuis plus de cent ans ?Si la petite entreprise agricole subsiste grâce à l'attachement du paysan au sol et à sa résistance à la fatigue,il n'en est pas de même du petit atelier dont le chef travaillait jadis avec les siens ou avec un tout petitnombre d'ouvriers.

La petite entreprise a disparu; l'entreprise moyenne est progressivement absorbée par cesfirmes géantes qui aspirent au monopole de la production, L'artisan est devenu ouvrier, à moins que, plus habileou moins honnête, il n'ait réussi à devenir industriel et à passer de l'autre côté de la barricade.

Le résultat estla division du monde de la production en deux groupes fort inégaux : d'un côté, la propriété capitaliste, entreles mains d'un petit nombre de privilégiés; de l'autre, la masse que constitue le prolétariat salarié.

Les premiers,grâce aux dividendes qu'ils encaissent, peuvent mener une vie large dans une oisiveté qui scandalise lestravailleurs.

Ces derniers ne peuvent guère espérer, après une vie de travail, laisser à leurs enfants unesituation sensiblement améliorée et la propriété d'un bien familial.

Aux uns il manque le travail bienfaisant; auxautres, la dignité et la sécurité que donne le sentiment d'avoir des biens au soleil.Il faudrait faire en sorte de revenir à l'ordre naturel : que quiconque est capable de fournir un travail utileassure un service dans l'organisation sociale, que le travailleur puisse facilement devenir propriétaire et quesoit assurée la transmission héréditaire de la propriété familiale.Pour cela, il est à souhaiter que se multiplie la petite propriété, que se reconstitue la petite entrepriseartisanale.

On objectera peut-être le moindre rendement de ces modestes ateliers incapables d'acquérir lespuissantes machines qu'on voit dans les usines.

Mais, dans bien des cas, ce moindre rendement sera compensépar l'application de l'ouvrier qui sait qu'il travaille pour lui seul, et qui, par suite, est attentif à ne pas perdre uninstant, à économiser matière première et énergie électrique.

D'ailleurs, produire n'est pas le but dernier de lavie, et, si une augmentation de production doit déshumaniser la vie du travailleur, il faut y renoncer.On ne peut, sans doute, pas espérer voir se fermer un jour les grandes fabriques, remplacées par de petitsateliers familiaux.

Mais jusque dans des usines aussi importantes qu'une ville, on peut faire quelque chose pouratténuer la condition prolétarienne de ceux qui y travaillent.

En accordant à chaque atelier, ainsi qu'il a été fait. »

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