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Travail et propriété sont-ils indissociables ?

Publié le 23/01/2004

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travail
La propriété se présente comme un corollaire du travail : elle assure à l'individu le fruit de ses efforts (dans un pays où les champs seraient à tous, comment garantir sa récolte à celui qui aurait semé ?), elle constitue une réserve pour le jour où le fruit du travail ne suffirait pas à lui fournir sa subsistance; enfin, le désir de posséder ou d'augmenter ses biens est un stimulant au travail que rien ne peut remplacer.Mais c'est bien plus pour sa famille que pour lui-même que l'homme travaille et qu'il cherche à se constituer une propriété : le travail et la propriété sont essentiellement des fonctions familiales.L'individu ne se suffit pas. Il se ente nécessairement sur une famille qui est la véritable cellule de la société. Aussi est-il instinctivement porté à chercher le bien de cette cellule, dût-il se sacrifier lui-même, et la raison approuve cet instinct qui porte au détachement et à la pratique des vertus sociales. Ce n'est pas la pensée de sa propre subsistance qui préoccupe l'ouvrier; il songe surtout aux petits qu'il faut faire vivre, éduquer et établir. C'est pourquoi le travail étant une fonction familiale, sa rémunération, elle aussi, doit être familiale : il convient que le salaire soit proportionné au nombre de ceux qu'il doit faire vivre.Héritée des parents qui l'ont transmise à leurs enfants où acquise grâce aux économies réalisées sur l'emploi d'un salaire destiné à l'entretien d'une famille, la propriété, elle aussi, a une fonction familiale. Dans la majorité des cas, en particulier chez les paysans, une propriété est le fonds sur lequel une famille travaille de père en fils; par là, elle est le symbole permanent de la continuité familiale, et l'on comprend le serrement de coeur du père consciencieux qui est acculé à l'aliénation d'un bien de famille de ce genre : il lui semble que la famille elle-même disparaît avec lui.

Le champ appartient à celui qui l'a défriché et qui le laboure : c'est, selon Locke, le fondement même de la société civile. Je possède ce que je travaille, sans avoir pour cela besoin du consentement des autres ; mais comme je ne peux pas tout travailler, ma propriété est naturellement limitée : le droit naturel répartit donc équitablement la propriété entre les hommes. Rousseau ajoute cependant que ce droit naturel n'est pas le droit positif : dans un corps social organisé, c'est la loi, et non le seul travail, qui fixe la propriété de chacun. Lorsqu'il passe de l'état de nature à l'état civil, l'homme abandonne le bien dont il jouissait seulement pour en être le premier occupant : désormais, n'est à moi que ce dont la loi me reconnaît légitime propriétaire. L'État doit-il alors simplement constater l'inégalité des richesses et de la propriété de chacun, ou doit-il chercher à les répartir entre ses membres ?

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