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Ne travaille-t-on que par intérêt ?

Publié le 16/02/2004

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Mais s'il jouit d'une primauté génétique, ou chronologique, l'intérêt cède la primauté à l'oeuvre, car celle-ci est une fin immanente au travail, apprise de lui. Mais cette extériorité de l'oeuvre par rapport à l'homme interdit de disqualifier radicalement la notion d'intérêt de celle de travail. L'homme peut trouver dans l'oeuvre un intérêt aussi bien objectif que subjectif. On voit par là qu'en dernière instance, demander si l'on en travaille que par intérêt c'est demander s'il existe un travail dont l'objet dernier serait l'agent lui-même.    

III Le sujet peut-il, dans le travail, se prendre lui-même pour objet ?  

Emmanuel KANT Conjectures sur les débuts de l'histoire humaine   « La nature a chassé l'homme de l'existence d'innocence enfantine et tranquille, comme d'un jardin où il trouvait dans l'insouciance sa subsistance, et l'a précipité dans le vaste monde, où tant de soucis, de peines, de maux inconnus l'attendaient. Dans l'avenir, les difficultés de la vie lui arracheront plus d'une fois le souhait d'un paradis, création de son imagination, où il pourrait, dans une oisiveté tranquille et une paix perpétuelle, passer son existence à rêver ou à folâtrer. Mais entre lui et ce séjour imaginaire de délices, se pose la raison inexorable, qui le pousse irrésistiblement à développer les facultés placées en lui, et ne lui permet pas de retourner à l'état de rusticité et de simplicité d'où elle l'avait tiré. Elle le pousse à supporter patiemment la fatigue qu'il hait, à rechercher le faux éclat qu'il méprise, à mépriser même la mort qui le fait frissonner, au profit de toutes ces bagatelles dont la perte l'effraie encore plus «     Conclusion Si le travail a sa racine et son origine dans la nécessité naturelle, c'est-à-dire dans un intérêt fondamental, il produit en lui-même une fin qu'il est lui-même, que nous pouvons penser grâce à l'oeuvre qu'il rend possible. Mais il y a plus, le travail est l'unique moyen permettant de développer nos facultés, c'est-à-dire de réduire les limites de notre finitude radicale.

POUR DÉMARRER    Ne produit-on quelque chose d'utile, dans l'ordre pratique ou l'ordre théorique, que dans la mesure où c'est utile ou avantageux pour nous ? Plus précisément, ne travaille-t-on qu'en vue du bien-être, de l'intérêt matériel ?    CONSEILS PRATIQUES    Deux termes à préciser avec rigueur : le travail, cette transformation du monde, et l'intérêt, cette considération de ce qui est utile et avantageux pour nous. En fait, il faut réaliser un devoir progressif où l'intérêt s'élargira à ce qui concerne l'homme et son essence spirituelle, à ce qui lui permet de se réaliser dans le monde.  

« rapport des moyens et des fins : le loisir étant ce qui et recherché pour lui-même, le travail en vue d'une finque lui seul rend possible.

Ensuite, le nécessité.

Notre condition nous impose, pour survivre, certainesactivités indispensables, mais que d'autres hommes peuvent mener à notre place.

Nous voyons d'emblée quele troisième aspect du travail, sa relativité à des conditions historiques, découle du second : il est nécessairequ'un travail soit fourni pour chacun, mais non que chacun le fournisse.

Nous retrouvons aussi ainsi le premieraspect du travail : peut-on identifier le loisir à l'activité de ceux qui ne fournissent pas pour eux-mêmes letravail nécessaire? Le terme de travail est-il employé proprement lorsqu'on dit, par exemple, qu'un rentiertravaille ses gammes? ● Nous pouvons à présent élaborer la problématique.

Ce qui, pour penser l'unité du travail, pose problème, n'est pas sans rapport avec l'ambiguïté, exposée plus haut, de la notion d'intérêt.

Cette dernière consiste,rappelons-le, dans la tension entre un intérêt objectif, c'est-à-dire lié nécessairement à la nature, le statut,ou les conditions de vie de l'agent, et un intérêt subjectif, un goût issu spontanément de lui.

Il fautcependant faire attention à ne pas présupposer des rapports qui pourraient sembler évidents, par exemple« le travail non nécessaire est mené par intérêt subjectif, et inversement », c'est justement tout l'objet de ladissertation de comprendre ces formes de contingence s'exprimant d'une part dans le travail non nécessaireet, d'autre part, dans l'intérêt subjectif, et leurs rapports avec les nécessités de la finitude ou de l'essence.Est-on libre de travailler? Dans l'affirmative, ce qui, du travail, est libre, est-il pourtant exempt d'intérêt? Untravail désintéressé est-il possible? Peut-on aller jusqu'à penser un travail qui serait à lui-même sa propre fin? Proposition de plan I La nécessité naturelle comme racine fondamentale du travail Michel FOUCAULT Les mots et les choses « Le travail en effet – c'est-à-dire l'activité économique – n'est apparu dans l'histoire du monde que du jour où leshommes se sont trouvés trop nombreux pour pouvoir se nourrir des fruits spontanés de la terre.

N'ayant pas de quoisubsister, certains mouraient, et beaucoup d'autres seraient morts s'ils n'avaient pas continué à travailler a terre.

Età mesure que la population se multipliait, de nouvelles franges de la forêt devaient être abattues, défrichées, etmises en culture.

A chaque instant de son histoire, l'humanité ne travaille plus que sous la menace de la mort :toute population, si elle ne trouve pas de ressources nouvelles, est vouée à s'éteindre; et inversement, à mesureque les hommes se multiplient, ils entreprennent des travaux plus nombreux, plus lointains, plus difficiles, moinsimmédiatement féconds.

Le surplomb de la mort se faisant plus redoutable dans la proportion où les subsistancesnécessaires deviennent plus difficiles d'accès, le travail, inversement, doit croître en intensité, et utiliser tous lesmoyens de se rendre plus prolifique.

Ainsi ce qui rend l'économie possible, et nécessaire, c'est une perpétuelle etfondamentale situation de rareté : en face d'une nature qui, par elle-même, est inerte et, sauf pour une partminuscule, stérile, l'homme risque sa vie.

» La finitude radicale de l'homme s'exprime fondamentalement dans les raretés des conditions nécessaires à sa survie.C'est dire qu'il vit « sous le surplomb de la mort », mais aussi qu'il possède un moyen de différer dans cessel'échéance : le travail.

Ainsi, le travail est avant tout le moyen d'un sursis.

Dans ces conditions, le terme d'intérêtparaît faible, dans sa généralité, pour désigner la nécessité toujours renouvelée.

Mais c'est aussi sa généralité qui luipermet de s'y accorder : on a bien « intérêt » à travailler si l'on désire survivre. Transition Nous avons, dans cette première approche, mis au jour l'attache fondamentale entre travail et intérêt. Cette attache permet de plus de rendre compte de l'évolution historique du concept de travail : c'est bien parceque le travail avilissant est nécessaire à la survie, qu'il doit bien être fourni par quelqu'un, que la Grèce antique ainstitué l'esclavage [1].

Cependant, cette même évolution historique nous montre que cette nécessité fondatrice du travail a peu à peu été intégrée dans les structures sociale comme norme, jusqu'à considérer des activités nonnécessaires comme du travail. Comment comprendre ce déplacement depuis la nécessité naturelle d'obtenir l'objet du travail, vers celle du travailpour lui-même? En d'autres termes, si l'on travaille d'abord par intérêt, la pratique du travail ne libère-t-elle d'elle-même une fin qu'elle poserait en elle-même, et qui amènerait à travailler en dehors de tout intérêt? II Le travail : la pratique et les fins. »

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