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Ne travaille-t-on que par nécessité ?

Publié le 22/02/2012

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La nécessité vitale en tant que telle est importante, mais l'homme considère comme nécessaire de s'insérer dans la communauté sociale, il considère nécessaire la liberté gagnée par le travail et accorde une grande importance à la valeur moralisatrice du travail. Enfin, le travail est une nécessité pour former l'homme, le rendre non plus « homme » mais « humain », doué de conscience, de pensée. Le travail est la condition même de notre humanité.

« à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité » pour illustrer cette hypothèse.

L'homme est doncvictime de sa propre démesure : qu'il limite ses besoins, s'il veut moins travailler, à ceux qui sont naturels etnécessaires.

Paradoxalement au fait que l'homme accumule les désirs insatiables, et donc le travail, il cherche doncaussi à se libérer dudit travail.

Rousseau, énonçant l'oisiveté de l'homme, explique très bien ce phénomène : « Nerien faire est la première et la plus forte passion de l'homme après celle de se conserver.

Si l'on y regardait bien, l'onverrait que, même parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille : c'est encore la paresse qui nousrend laborieux.

».

On peut établir un parallèle avec la conception de la Grèce antique selon laquelle les activités deproduction (donc le travail) sont plutôt considérées comme une des plus animales et des moins nobles.

C'estpourquoi on peut la confier à des esclaves, qu'Aristote considérait comme des « machines animées ».

L'homme libre,lui, ne travaille pas, il et ne viendrait pas à l'idée de Platon ou d'Aristote de décrire les activités intellectuelles(philosophie, sciences) ou l'action politique comme du « travail ».

En s'éloignant de cette conception tout de mêmetrès ancienne, on peut dire que ce qui pousse l'homme à travailler, c'est aussi la nécessité de se libérer de lanécessité propre aux lois de la nature.

Par la technique, l'homme va réussir à accéder à cette liberté, ou du moins àgagner du temps libre : la mécanisation de l'agriculture, par exemple, va faire gagner un temps précieux auxtravailleurs agricoles, etc.

Cependant, nous devons prendre conscience que le travail n'est pas une relation entrel'homme et la nature, entre des besoins maîtrisables et des objets destinés à les satisfaire.

Il est, aussi, une relationde l'homme avec lui même, avec son humanité.

Cette valorisation malgré tout de l'activité que représente le travailpourrait être l'indice que le travail ne se réduirait pas à la nécessité biologique (il faut travailler pour vivre).

Il ad'abord une valeur morale : il oblige à l'effort et à la persévérance.

Ainsi Alain pense que le travail est « uneéducation de la volonté ».

Il est même une éducation à la liberté, car nous ne sommes libres que si nous nesubissons pas le monde, et nous ne le subissons pas que si nous pouvons le modifier grâce à notre travail.

Alain dità ce propos qu' « un monde où tout serait donné à l'homme, où l'on aurait pas besoin de travailler, où les fleuvesseraient de lait et les rochers en chocolat est un rêve infantile, le rêve de quelqu'un qui ne connaît que ses désirs,qui est incapable de les discipliner en se confrontant à la réalité et qui ne peut donc que se laisser dominer par elle.».

Mais il y a plus : le travail serait le propre de l'homme, ce qui permet à l'homme de réaliser son humanité.

En effet,il nous différencie des animaux : l'homme pense à sa production avant de s'y consacrer, au contraire de l'animal quiagit non pas par esprit mais pas instinct.

Ainsi Marx dira à ce propos que « ce qui distingue dès l'abord le plusmauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construiredans la ruche.

».

Hegel dans sa Dialectique du maître et de l'esclave : le maître fait travailler l'esclave pour lasatisfaction de ses propres besoins et finit ainsi par en dépendre, tandis que l'esclave grâce à son travail plie lanature à sa propre volonté.

L'esclave devient ainsi le maître du maître et le maître l'esclave de l'esclave.

On pourraitdonc dire que rien ne pousse l'homme à travailler si ce n'est sa propre essence, sa liberté, qu'il cherche à déployer.Marx reprend d'ailleurs cette idée générale de Hegel : l'homme se réalise dans et par son travail parce qu'il peut s'yreconnaître.

Ainsi, comme le dit Hegel, « le travail est désir réfréné, disparition retardée.

Le travail forme.

».

Letravail humanise l'homme donc, il forme sa pensée, son esprit.

L'homme lui-même est le résultat de son propretravail, car, en travaillant, il transforme la nature et, par là, se transforme lui-même.

C'est par le travail que l'hommeacquière un attribut fondamentalement humain : la conscience.

Celui qui ne travaille pas, et qui se croit plus libreque celui qui travaille (le « maître »), qui a une vie de loisir (sous-entendu d'oisiveté) et reste trop proche de lanature, car il ne fait rien pour se distinguer d'elle, ne pense même pas au travail, puisque, passant son temps à jouirde lui-même, il ne sait même pas que la nature est problème.

L'esclave, lui, se rend bien compte que la nature luirésiste, et décide alors de lutter contre elle.

Au final, il va s'en distinguer.

Le travail n'est donc pas abêtissant etdéshumanisant, parce qu'il ne s'oppose pas à ce qui est le plus proprement humain : l'intellect.

L'homme se réalisedonc bien dans le travail, il y trouve tout ce qu'il lui faut pour réaliser l'humanité.

Le travail n'est pas seulement unenécessité sociale éventuelle, n'ayant lieu d'être que pour assurer nos besoins et n'existant par exemple que parceque la nature n'est pas abondante ou pas pourvue d'objets préconstruits.

Si la nature a besoin d'être travaillée,c'est afin que l'homme se forme lui-même.

Le travail permet donc, certes, à l'homme de répondre à ses besoinsbiologiques, mais il lui permet aussi de s'inscrire dans la société.

Il lui permet de pouvoir consommer davantage qu'iln'a fondamentalement besoin, allant parfois jusqu'à une surconsommation qui peut paraître totalement superficielle :l'homme répond alors à des besoins plutôt psychologiques que biologiques.

Mais surtout, le travail est une activitédans laquelle l'homme construit son humanité.

Il forme l'esprit, construit la conscience de l'homme, l'humanisevéritablement.

Comme le dit Voltaire, « le travail éloigne de trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ».

Letravail permet donc à l'homme d'accéder à ses besoins biologiques, vitaux mais aussi ceux qui sont superficiels,psychologiques (pour ses loisirs notamment).

Enfin, il éloigne l'homme du vice, il forme sa pensée, son être lui mêmedonc.

L'homme ressent donc le besoin de travailler non pas par nécessité, mais par nécessités, le pluriel étantimportant : la nécessité vitale en tant que telle est prégnante, mais l'homme considère comme nécessaire des'inscrire dans sa société, il considère nécessaire la liberté gagnée par le travail et accorde une immense importanceà la valeur morale de celui-ci.

Enfin, le travail est une nécessité pour former l'homme, le rendre non plus « homme »mais « humain », doué de conscience, de pensée, et éloigné du vice.. »

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