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Travailler, est-ce s'aliéner ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Pour comprendre ce que dit Marx, il faut se souvenir que les débuts du capitalisme ont été sauvages ; qu'un théoricien comme Smith écrivait calmement :

 

« Dans les progrès que fait la division du travail, l'occupation de la majeure partie de ceux qui vivent de ce travail, cad de la masse du peuple, se borne à un très petit nombre d'opérations simples [...] Or l'intelligence des hommes se borne nécessairement par leurs occupation ordinaires. Un homme qui passe toute sa vie à faire un petit nombre d'opérations simples [...] n'a pas lieu de développer son intelligence, ni d'exercer son imagination [...] et devient généralement aussi stupide et ignorant qu'il soit possible à une création humaine de la devenir. » (« La richesse des nations », 1776)

 

Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford) à décomposer les opérations nécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuer chacune d'elles à un ouvrier. Cette forme de division du travail, si elle favorise la production dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception de l'objet et son exécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes bien distincts (ce qui suppose que certains ne sont plus que des exécutants purs & simples, travaillant avec des machines & à leur rythme), et que, d'autre part, l'objet n'est plus produit littéralement par personne. Non seulement un homme ne produit plus un objet du début jusqu'à la fin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipe dans la mesure où l'organisation du travail est imposée de l'extérieur et que chacun exécute sa tâche isolément.

 

Cet anonymat, cette séparation de la conception et de l'exécution, cette imposition d'une tâche abrutissante & répétitive, Marx la décrit en 1844 comme une véritable perversion du travail.

« Les sociétés modernes se caractérisent par la place et la valeur essentielles qu'elles accordent au travail.

Celui-ci aen effet permis leur développement et leur enrichissement.

Mais, paradoxalement, dans ces mêmes sociétés, lesloisirs ne cessent de s'étendre.

Cela n'indique-t-il pas que le travail est avant tout une limite imposée à notreliberté, limite à laquelle nous cherchons à échapper dès que nous en avons le loisir ? Travailler, n'est-ce pass'aliéner, c'est-à-dire devenir étranger à soi-même, être dépossédé de soi-même ? 1.

Le travail est la marque de notre soumission à la nécessité L'homme travaille pour ne pas mourir a. Travailler est le fait d'un être qui a des besoins que son milieu naturel ne lui donne pas l'opportunité desatisfaire spontanément. Le mythe de Prométhée (Platon, Protagoras ) illustre parfaitement la situation précaire de l'homme dans la nature.

Son existence est menacée et seul le travail, renforcé par le savoir et la technique, lui permettra de subsister.

L'homme s'est mis à travailler parce que sa vie était en sursis. Il est soumis au même impératif que les autres animaux b. Le travail est donc d'abord une activité liée à la survie des hommes .

En cela, elle les rapproche de tous les autres êtres vivants et ne les en distingue pas de façon spécifique.

Un homme qui travaille est semblable à n'importequel être qui agit a fin de se procurer ce qui est nécessaire à sa survie. L'humanité ne se révèle pas dans le travail c. Enfin, le temps où l'homme travaille n'est pas un temps dont il dispose librement .

Le travail occupe un temps que, s'il le pouvait, il occuperait à d'autres activités.

Le travail est aliénation dans la mesure où sa finalité n'est pasproprement humaine et ne relève pas d'un choix. 2.

Le travail permet à l'homme de devenir humain Le travail est le propre de l'homme a. Cependant, si le travail poursuit une fine semblable à celle poursuivie par les animaux pour rester en vie, il est unmoyen original d'accomplir cette fin.

Il mobilise en effet des facultés proprement humaines dans la mesure où la conscience, la réflexion, le langage ou l'imagination sont sollicités. Construire une maison implique des calculs, une projection dans l'avenir, une représentation de ce que l'on veut construire avant de le construireeffectivement, toutes choses dont un animal est incapable.

L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une conscience, a le sens de la religion, est capable de pensée et de paroles, etc.

Il suffit deconsidérer qu'il produit ses moyens d'existence pour le différencier radicalement de l'animal.

Produisant ses moyensd'existence, il produit sa vie matérielle.

Le travail est une relation de l'homme à la nature, par rapport à laquellel'homme joue lui-même le rôle d'une puissance naturelle.

Utilisant son corps pour assimiler des matières, il leur donneune forme utile à sa propre vie.

Et modifiant la nature extérieure, il modifie en retour sa propre nature et développeses facultés par l'exercice du travail.

Les animaux, eux aussi, "travaillent" lorsqu'ils accomplissent des opérationssemblables à celles des artisans : l'araignée tisse sa toile comme un tisserand, et l'abeille confectionne les cellulesde sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.

"Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte del'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche." Le propredu travail humain est d'être l'aboutissement de ce qui préexistait idéalement en lui.

Le travail n'est pas une simpletransformation, un changement de forme dans la matière naturelle, c'est la réalisation d'un but ou d'un projet donton a préalablement conscience, et qui constitue la loi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.Tout travail exige un effort, une tension constante de la volonté, d'autant plus que le travail est moins attrayant, etque l'homme ne peut y réaliser ses forces génériques. Il traduit concrètement les capacités humaines b. Par conséquent, l'homme, dans son travail, se sert de facultés humaines que reflète ensuite l'œuvre réalisée.

Dansce processus, il prend conscience de lui-même et de ses possibilités qui, avant la réalisation de l'œuvre, demeuraient encore abstraites.

L'homme accomplit son humanité en inscrivant des valeurs et un sens humains dansle monde où il vit.• Le travail est l'activité par laquelle l'homme transforme la nature pour la plier à ses besoins.

La technique estl'ensemble des moyens qu'il met en oeuvre pour cela.

D'un côté, l'homme invente des outils pour mieux exploiter lesressources naturelles, de l'autre, ces outils deviennent eux-mêmes l'objet d'un travail.

Ce cycle voue l'homme à. »

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