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Travailler est-ce perdre son temps ?

Publié le 14/02/2005

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3.      Que pouvons-nous gagner à travailler ?

·         Le travail, nous l'avons donc vu, peut se concevoir à la fois comme libération t comme contrainte. Il peut, pour reprendre l'expression de notre sujet, nous faire perdre notre temps ou au contraire être un vrai atout pour notre réussite non pas sociale, mais en tant qu'homme.

·         Nous pouvons considérer le travail comme étant la libération de la contingence terrestre, en se donnant les moyens de ne pas dépendre d'elle. Mais, en même temps, nous risquons de nous inventer par le travail une nouvelle contrainte, peut-être pire que celle de l'attente des produits de la terre.

·         Perdre son temps, c'est faire quelque chose pour rien. Un acte vain. LE travail, nous l'avons vu, peut correspondre à cette définition. Mais c'est dans notre rapport avec lui que la vanité peut, ou non s'installer.

·         Le sujet que nous abordons ici nécessite une première définition, sommaire de la notion mise ne cause : le travail.

o   Le travail se définit comme suit : l’activité humaine intentionnellement destinée à transformer certaines ressources matérielles ou symboliques en vue de satisfaire directement ou non des besoins individuels ou collectifs. Le travail est donc un outil crée par l’homme pour son usage propre. Il doit donc permettre à l’homme de s’affranchir des aléas de la nature.

·         Cette définition, qui semble donner au travail un rôle important dans la vie de l’homme, est cependant à prendre au conditionnel, du fait même de l’étymologie du mot : Le travail vient du Latin Tripaliare, c’’est à dire tourmenter avec un instrument de torture.

·         L’idée de torture renvoi plus à une contrainte imposée et inutile. Quand à savoir si l’on gagne du temps à être torturé… De plus, le travail est aussi considéré par les textes religieux comme une malédiction. Le travail est une punition donnée par Dieu à l’homme pour avoir enfreint les règles. Il devra donc travailler alors qu’il pourrait faire autre chose, passer son temps à des activités intellectuelles.

·         Ce rapport entre la pensée et le travail laborieux est d’ailleurs elle aussi très explicite. La philosophie est selon Aristote la meilleure occupation que puisse connaître l’homme, la plus saine. Mais la philosophie ne peut être pratiquée que par l’homme qui en a le loisir. Ainsi, celui qui n’a pas à travailler a le temps de se consacrer aux choses importantes de la vie.

·         Mais, malgré cet aspect plutôt négatif du travail, nous devrons aussi rechercher en quoi le travail peut nous faire gagner quelque chose, peut nous éviter de perdre notre temps. L’expression même de « perdre son temps « doit être mise en relief : On peut perdre son temps parce que l’on travail à survivre, comme un simple animal, mais on peut aussi perdre son temps parce que l’on ne fait, rien que l’on paresse.

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« C'est dans « Aurore », dans un paragraphe intitulé « les apologistes du travail », que Nietzsche déclare que le travail constitue la meilleure des polices. On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale, par son projet de création de nouvelles valeurs, mais on oublie souvent sacritique de la société de son temps, société du commerce, du travail, de cel'on nommera « culture de masse ».

Dans une optique strictement opposée au socialisme, méprisé par Nietzsche , il s'agit d'une dénonciation en règle du nivellement des valeurs, de la promotion de la médiocrité. « Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louangesadressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de toutce qui est individuel […] on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matinau soir - qu'un tel travail constitue la meilleure des polices. » NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspond à ses analyses) comme celle du culte de l'activité, du travail, du commerce.Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le même but : la sécurité« et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ». Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail et son culte imposent une fatigue telle, une dépense d'énergie, si immense, que toute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un butmesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. » La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'une pensée durisque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerce imposent le manquede distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité detout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout ce qui est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui […] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme tout autantque la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains. » Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se faire valoircomme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs. Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins les plus personnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et aux sciences, à la politique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixer pour lui-même la valeur d'une chose. » C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de la culture à celui d'objet de vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange. Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une œuvre Dès« Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-culture en vérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail. Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de la méditation etde l'art. « On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer […] Car la vie, devenue chasseau gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper […] la véritable vertu consiste maintenant àfaire une chose plus vite qu'une autre […] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'. » (« Gai Savoir », $329). Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face à autrui ens'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », mais seulement l'indice de la nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'est possible dans une tellesociété. Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veut vivre et l'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier. » Mais elle est surtout une incompréhension de ce qu'est le travail véritable, cad celui par lequel on se forme.

Pour leshommes modernes « le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix, pourvu qu'ils aient de gros bénéfices […] Chasser l'ennui à tout prix est vulgaire, comme detravailler sans plaisir ».. »

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