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L'unanimité est-elle un critère de vérité ?

Publié le 10/03/2004

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comme preuve de la vérité de quelque chose. Mais, précisément parce qu'elle est l'opinion, l'opinion ne fonde pas ses jugements en raison. L'opinion faisant de l'unanimité le critère de la vérité est donc sans valeur. De fait, il ne semble pas, pour plusieurs raisons, que l'on puisse poser l'unanimité comme critère de vérité. Il convient en effet d'abord de savoir à quelle unanimité on songe. Il est matériellement impossible qu'il s'agisse de l'unanimité effective de la totalité des esprits, de tous les hommes sans exception, morts et vivants. Dira-t-on qu'il s'agit de l'unanimité de certains esprits compétents, cad de l'unanimité des spécialistes dans un domaine précis ? Ainsi une loi physique serait vraie si tous les physiciens sont unanimes à la considérer comme vraie. Mais il s'agirait alors de tous les spécialistes à une époque donnée. Donc, la vérité d'une théorie varierait selon les époques, puisque l'unanimité des spécialistes peut varier à chaque époque.

La dissertation vous demande d'articuler l'ordre du théorique et celui de la pratique. Le consensus (= accord unanime des esprits sur les valeurs d'une société) constitue le critère du vrai... dans les domaines où n'existe pas de démonstrativité. Notre règle du jeu politique fonde la démocratie sur l'unanimité (on peut se reporter à Rousseau, montrant que la règle du suffrage majoritaire n'a de valeur que légitimée par une unanimité fondatrice, antérieure). En revanche, dans l'ordre du théorique, l'unanimité peut constituer un critère "négatif, si elle renvoie à l'adhésion aux préjugés de l'opinion. Les prisonniers de la Caverne croient unanimement que la réalité est ce que livrent leurs sens. On peut, tout aussi facilement, rappeler que Copernic, Galilée et Darwin, auxquels Freud entend s'adjoindre, ont fait... l'unanimité contre eux. Quand sont possibles démonstration ou vérification expérimentale, l'unanimité vient après et non avant. Le devoir, par sa formulation "un critère", et non le critère, vous permet d'articuler les réponses, soit en faisant de l'unanimité un critère nécessaire mais non suffisant, soit en limitant le concept de vérité à la seule théorie. Dans cette hypothèse, la pratique "marche" aux valeurs, pas à la vérité, et le Bien n'est pas le Vrai.

  • I) L'unanimité, c'est la vérité.

a) Tous d'accord ! b) Il n'y a qu'une vérité. c) La vérité, en art et en science, fait l'unanimité.

  • II) L'uninamité n'est pas un criète de vérité.

a) Tous au fond de la caverne. b) Pasteur a été traité unaniment de charlatan ! c) L'uninamité est une opinion partagée.

.../...

« Introduction: Nous cherchons la vérité.

Mais comment savoir si la vérité est atteinte ? Il faut trouver un critère de vérité.

On aavancé celui de l'évidence.

Mais il y a de fausses évidences, et l'esprit particulier que je suis peut s'y laisserprendre.

Ne faudrait-il pas alors prendre pour critère de vérité l'unanimité des esprits, qui garantirait davantage del'erreur que la simple évidence de l'esprit individuel ? Première partie: l'unanimité n'est pas un critère de vérité. L'opinion fait souvent de l'unanimité le critère de la vérité.

On dit: "Tout le monde est d'accord pour dire que..."comme preuve de la vérité de quelque chose.

Mais, précisément parce qu'elle est l'opinion, l'opinion ne fonde passes jugements en raison.

L'opinion faisant de l'unanimité le critère de la vérité est donc sans valeur.

De fait, il nesemble pas, pour plusieurs raisons, que l'on puisse poser l'unanimité comme critère de vérité.

Il convient en effetd'abord de savoir à quelle unanimité on songe.

Il est matériellement impossible qu'il s'agisse de l'unanimité effectivede la totalité des esprits, de tous les hommes sans exception, morts et vivants.

Dira-t-on qu'il s'agit de l'unanimitéde certains esprits compétents, cad de l'unanimité des spécialistes dans un domaine précis ? Ainsi une loi physiqueserait vraie si tous les physiciens sont unanimes à la considérer comme vraie.

Mais il s'agirait alors de tous lesspécialistes à une époque donnée.

Donc, la vérité d'une théorie varierait selon les époques, puisque l'unanimité desspécialistes peut varier à chaque époque.

Et , de fait, l'histoire des sciences nous enseigne que des théories(fixisme, géocentrisme, etc.) qui se sont révélées fausses ont été admises par la totalité des savants à une époquedonnée.

Bien plus, c'est souvent un seul ou un petit nombre de spécialistes qui ont défendu la vérité contre lamajorité de leurs confrères (comme l'héliocentrisme défendu par Copernic et Galilée contre l'immense majorité desastronomes de leur temps). L'unanimité, critère de la vérité Dans ces conditions, il semble bien que l'on ne puisse faire de l'unanimité un critère de vérité.

Mais, si on ne le peut,n'est-ce pas parce qu'on considère l'unanimité en fait et non en droit ? L'unanimité ne peut-elle pas constituer lecritère idéal de la vérité ? C'est en gros la thèse qui a été soutenue par le logicien et philosophe américain Ch.

S.Peirce (1839 - 1914).

Peirce soutient que les discussions philosophiques sur la vérité sont absurdes dès lors que l'onconsidère la vérité d'une pensée indépendamment de ses conséquences pratiques, car s'il existe des ensembles desensations qui n'ont aucun rapport avec la manière dont nous agirons dans une circonstance donnée, comme, parexemple, quand nous écoutons un morceau de musique ou que nous regardons un tableau, nous n'appelons pas celapenser.

La pensée, observe en effet Peirce, naît d'un doute et tend vers une croyance.

Dans le doute, l'esprit estinsatisfait : le doute est une sorte de malaise de l'intelligence qui correspond à une indécision de la volonté,puisque, tant que je doute, j'hésite, je ne parviens pas à me décider à agir.

La croyance, en revanche, exclut ledoute dans la mesure où elle est une réponse à ce doute ; elle est donc un état de satisfaction de l'esprit et unappui pour la volonté : quand je crois à quelque chose, quand j'en suis convaincu, j'agis en fonction de cettecroyance.

C'est pourquoi, nous dit Peirce, « le résultat final de la pensée est l'exercice de la volonté » (Commentrendre nos idées claires).

Ainsi lorsqu'une croyance est fixe, c'est-à-dire qu'elle échappe au doute, je considère sonobjet comme vrai.

Peirce distingue quatre méthodes pour fixer la croyance.- La méthode de ténacité, consistant à s'attacher obstinément aux opinions que l'on possède déjà.- La méthode d'autorité, consistant à user de tous les moyens, y compris la contrainte, pour établir dans un groupe,une société, l'uniformité des croyances.- La méthode a priori, consistant à s'attacher aux théories qui paraissent les plus « agréables à la raison ».Cependant aucune de ces trois méthodes ne parvient à éliminer véritablement le doute, donc à assurer de la vérité.- La méthode scientifique, enfin, qui seule parvient à réellement éliminer le doute : elle se fonde sur le postulat del'existence d'une réalité extérieure, indépendante de notre esprit et de nos idées sur elle, qui peut et qui seule doitdéterminer nos croyances. CONCLUSION Si nous considérons, en effet, les différences qui séparent le réel du fictif, le réel se définit par le fait que sescaractères ne dépendent pas de l'idée qu'un homme en a.

L'effet distinctif de ce réel, c'est de produire unecroyance vraie à laquelle on parvient en appliquant la méthode scientifique.

Or, ce qui caractérise cette méthode,c'est que ses partisans sont convaincus qu'en l'appliquant et en poussant l'investigation assez loin, l'ensemble desesprits, quels qu'ils soient, aboutira nécessairement à la même conclusion.

C'est pourquoi Peirce donne cettedéfinition : « L'opinion prédestinée à réunir finalement tous les chercheurs est ce que nous appelons le vrai, etl'objet de cette croyance est le réel.

» En ce sens, l'unanimité (idéale et finale) est bien le critère de la vérité.. »

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