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L'usage de la raison suppose-t-il le rejet de toute croyance ?

Publié le 18/03/2004

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Or la passion et la réflexion sont sans rapport.- La croyance peut dépendre de l'inconscient. Le goût pour la réflexion aussi - comme résultant cependant d'une sublimation.- La croyance est « illogique« alors que la réflexion se veut analytique et démonstrative.

III. Il n'y a pourtant pas de réflexion sans un fond de croyance

Il faut ajouter que si la façon dont la religion affirme que la vie a un sens -en confrontant l'homme à un être et à une loi cosmique qui s'imposent à lui de l'extérieur- est d'un objectivisme qui peut paraître naïf, il n'est pas sûr que s'imaginer se passer complètement de toute foi ne soit pas une autre forme de naïveté. Il y a pour fonder une vie bien des formes de croyances possibles (le progrès, la science, l'art, ou l'amour), qui jamais ne reposent sur la connaissance ni sur la raison, et toutes révèlent un certain écart entre ce que nous savons du monde et les postulats subjectifs qui nous permettent de vivre en lui. CONCLUSION L'exercice de la réflexion croit, au minimum, à sa possibilité et à son efficacité. Quant aux autres croyances, elles doivent sans doute être écartées au maximum pour que la réflexion ait lieu sereinement, mais rien n'empêche qu'elles fassent ultérieurement retour.  Pascal: Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le coeur ; c'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement qui n'y a point part essaye de les combattre.

L'opposition apparemment tranchée entre réflexion et croyance est-elle absolue Ne faut-il pas, pour réfléchir, croire au moins à la valeur de la réflexion ?

 

il apparaît d’emblée que la raison a raison de se méfier de l’opinion inconstante (doxa) qui retient l’homme dans un monde illusoire et de se fier au savoir stable (épistémè) qui mène l’homme dans le monde des Idées. Pour autant, la raison a t’elle raison de se défier de la croyance? La croyance est un tenir-pour-vrai, un mixte de conviction et de certitude, un mixte d’insuffisance objective et de suffisance subjective; la raison est la faculté humaine de connaître, juger et agir. Mais alors, la raison est-elle dans le vrai ou bien dans l’erreur quand elle n’accorde pas sa confiance à la croyance? Est-il rationnel et raisonnable que la raison ne fasse pas confiance à la croyance?

            L’enjeu de notre parcours est de déterminer la place et la nature de la croyance dans le savoir rationnel et l’agir raisonnable de l’homme de liberté et de raison.         

            Notre cheminement s’articulera sur trois axes de réflexion: d’abord, il est rationnel et raisonnable que la raison se défie de la croyance irrationnelle et déraisonnable; puis, il est déraisonnable que la raison se défie de la croyance raisonnable; enfin, il est irrationnel que la raison se défie de la foi rationnelle.   

 

« Continuité du devoir, fidélité à lui-même et aux autres, il se conforme à l'universel et vit dans la durée.

Si la figurede la vie esthétique est celle du séducteur, celle de la vie éthique prend les traits de l'époux, de l'homme marié.Passage de l'homme à femmes à l'homme d'une femme.

Mais, ce dernier peut bien y trouver quelque joie mais il luiéchappe que l'existence est rebelle à l'alignement.

Ainsi à vouloir pérenniser l'amour dans l'institution du mariage,l'homme éthique met en place les conditions du désamour (édulcoration du sentiment dans la routine).

D'une manièreou d'une autre l'existence rappelle l'homme éthique à sa contingence : l'erreur, la trahison, la souffrance, la maladie,la mort...

rompent le bel édifice de l'existence éthique.

On le verra avec encore plus d'acuité dans la troisième etdernière sphère, la religieuse : exister, n'est pas naviguer sur un long fleuve tranquille ! Mais affronter les tempêtes.Toutes les tempêtes ! Par l'humour, l'individu peut prendre ses distances par rapport à la dérision de l'existenceéthique L'humoriste s'élève au-dessus de tout et de lui-même, il prend conscience de son néant.

Il Sa révision desvaleurs est plus complète que celle de l'ironiste qui jamais ne doutait de son moi et en voulait faire la norme absoluedu monde.

L'ironie voulait marquer la domination absolue de la subjectivité, du moi, ce que ne veut pas l'humour quirit là où attendait des larmes (le sérieux derrière la plaisanterie). L'humour est une prise de conscience de la limite de la condition humaine, de la rencontre entre notre finitude et laconscience de notre éternité.

L'humoriste est celui qui est conscient de l'infirmité de la raison, de l'insuffisante dugénéral pour réaliser toutes les aspiration de l'individu. La foi est le saut qualitatif qui introduit et constitue l'existence religieuse.

Le paradigme de la foi est le dramed'Abraham qui reçut de Dieu l'ordre d'immoler son fils Isaac sur une montagne de Moriyya (« Crainte & Tremblement »).

Scandale absolu.

Injustifiable par la théologie rationnelle, car toute tentative de justification fait de Dieu un donneur de leçon soumettant la foi à l'épreuve, et d' Abraham un ratiocineur spéculant sur les intentions divines.

Le sens de la foi est d'être une obéissance sans condition, envers et contre les certitudes del'homme éthique et au-delà de toute supputation.

L'Absolu est étranger à tout compromis entre foi et raison, foi etmonde : Dieu est étranger à tout ce qui est mondain.

D'un point de vue objectif, sous l'angle du général et de lamorale du stade éthique, fidèle au devoir, la conduite d' Abraham paraît celle d'un meurtrier, même si le meurtre n'est pas accompli (cf.

formalisme kantien).

D'un point de vue moral, on dira d' Abraham qu'il a voulu tuer Isaac . D'un point de vue religieux, qu'il a voulu le sacrifier.

Morale et foi ne se superposent pas : la foi est passion de l'infiniet la morale est raison du fini.

Cette exigence du devoir absolu envers Dieu prime sur la morale et en suspend lavalidité, ce que Kierkegaard appelle la « suspension téléologique de la morale ».

L'homme qui, comme Abraham , opte pour la foi, par le rapport absolu avec l'Absolu répond à l'ordre divin au risque d'entrer en rupture avec lesautres hommes et avec la morale.

Le religieux est le domaine de la solitude.

Celui qui a opté pour la foi est habitépar les mêmes appréhensions qui animèrent Abraham durant son voyage vers la montagne du sacrifice.

La foi n'est pas la condition du bien-être et du bonheur mais incertitude, « Crainte et tremblement », condition terrible du Christsouffrant sa « Passion »...

S'efforcer de devenir chrétien, c'est accepter d'être attisé par la tempête.

Toutes lestempêtes.

Au fond de cette solitude, de cette souffrance, nulle voix humaine.

Il n'y a guère que l'angoisse qui soitune certitude.

La foi est à la fois certitude angoissée et angoisse certaine d'elle-même.

Croire ou ne pas croire, telleque la question que pose Kierkegaard .

La foi est décision, incertitude inhérente au choix subjectif, vérité pour moi : « Il s'agit de trouver une vérité qui soit une pour moi, de trouver l'idée pour laquelle je veux vivre ou mourir ». Puisque l'existence est désespérée (le désespoir naît de l'excès ou du manque de possibilité qui s'offre au moi danssa confrontation à l'être), la foi est une espérance désespérée envers celui à qui tout est possible: « Espérant contre toute espérance, il crut... » dit saint Paul d' Abraham , le Chevalier de la foi (« Epîtres aux romains ») Elle est un mouvement en vertu de l'absurde, car c'est précisément lorsqu'il n'y a plus de raison de croire qu'elle prendtout son sens et sa valeur.

C'est pourquoi la foi ne se prouve pas, elle s'éprouve dans l'épreuve sans que jamais onpuisse savoir qu'il s'agit bien d'une épreuve.

L'épreuve n'est rien d'autre que l'existence elle-même.

Et puisqu'il n'y apas d'existence sans croyance (en général), l'existence authentique est une croyance passionnée.

L'expériencereligieuse est la passion de l'intériorité comprise comme tension irréductible entre doute &foi.

Alors que la théologierationnelle tentait de surmonter le doute par une dialectique de la raison et de la foi, Kierkegaard place le doute au coeur de l'expérience religieuse en opposant la raison et la foi.

La parole de Dieu elle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations, elle perd la parole de Dieu elle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations,elle perd la parole pour faire place au silence terrible où l'individu ne sait plus distinguer entre le commandementdivin et l'intimité personnelle.

C'est donc dans « la crainte et le tremblement » que la décision éthique trouvera son fondement.

Fondement sans fond...

abîme de l'intériorité.

Mais le paradoxe ne s'arrête pas là.

Car une existencelivrée à l'angoisse en recevrait encore la signification.

Kierkegaard rappelle que la foi est espérance.

La révélation chrétienne, distincte du spiritualisme païen, appréhende le sentiment de culpabilité comme la conscience d'une fautecommise envers Dieu .

Mais le sens du péché est aussi celui de la rédemption.

La foi apporte donc l'heureuse espérance du salut et le sentiment intime de la béatitude.

D'où la « contradiction religieuse : se trouver sur 70000 brasses d'eau et tout de même être heureux en même temps » (« Etapes »).

« Etre tranquillement assis dans un bateau par un temps calme n'est pas une image de la foi, mais quand il y a une voie d'eau dans le bateau, alors,dans l'enthousiasme, maintenir le bateau en état à l'aide de pompes et pourtant ne pas chercher à rentrer dans leport : voilà l'image de la foi.

Si l'image ne peut exprimer la longueur du temps, cela tient à son imperfection, mais lafoi dure.

Pendant que l'intelligence, comme un passager désespéré, tend ses bras vers la terre ferme, mais en vain,la foi travaille de toutes ses forces en profondeur : joyeusement et triomphalement elle sauve l'âme contrel'intelligence.

» (« Post-scriptum »). Le cri de Kierkegaard , l'espérance désespérée, retentit dans le ciel intelligible du rationalisme.

Mais c'est un cri bien tempéré...

D'une part, il se fait l'écho de l'intériorité luthérienne et répercute à sa manière le « Credo quia absurdum » des Pères de l'église.

Cette filiation historique n'exclut pas la spontanéité, mais la réinsère dans le. »

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