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L'utopie n'entretient-elle aucun lien avec la pratique ?

Publié le 31/12/2009

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  • • Utopie : « Néologisme formé par Th. More à l'aide du grec ou (non) et topos (lieu) pour désigner la cité imaginaire qu'il décrit ; d'où par extension, description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme irréalisable, chimérique. « Ne pas confondre « utopie « et « mythe «. Bien voir que l'utopie est « considérée « comme irréalisable et non nécessairement irréalisable. • L'utopie comme « appel « à la pratique. S'interroger sur ses liens avec la « futurologie « ou la « prospective « que Gaston Berger définit comme l'attitude qui consiste à « construire le présent à partir du futur au lieu de le considérer comme une sécrétion du passé «. • L'utopie comme « reflet déformé «, comme « effet « de la pratique, de certaines pratiques. 
  •  QUELQUES INDICATIONS DE LECTURE • L'utopie et les utopies de R. Ruyer (P.U.F.). • Bonheur et civilisation de Jean Cazeneuve (Idées N.R.F.), la première partie : Les paradis.
Remarquons d'abord que le sujet se présente sous la forme d'une phrase interro-négative. La formulation même du sujet semble suggérer une réponse du style : « si, l'utopie entretient des liens avec la pratique «. Or, il est impossible de faire d'emblée une telle réponse. Pourquoi ? Parce qu'en procédant ainsi nous traiterions de quelque chose que nous ne connaissons pas. Affirmer tout à trac que l'utopie entretient bel et bien des liens avec la pratique reviendrait très exactement à parler pour ne rien dire. Nous devons en un premier temps chercher à préciser le sens et la portée de la question. Pour ce faire, il convient de définir non seulement le concept d'utopie, mais encore celui de pratique. Nous commencerons même par définir ce concept de pratique. En l'occurrence cette façon de faire possède, selon nous, un double avantage. D'abord elle nous oblige en quelque sorte à nous préoccuper d'un concept important qui risquait, du simple fait de sa mise en relation avec un concept moins courant (celui d'utopie), sinon de passer inaperçu, du moins d'être insuffisamment analysé. Elle nous permet ensuite de faire apparaître, par rapport au concept de pratique et comme son négatif photographique, le concept d'utopie. L'analyse du concept d'utopie ne doit pas se dérouler dans l'abstrait mais s'inscrire dans l'horizon de la question posée. Nous aborderons cette question selon deux grands axes. Dans une première étape nous tâcherons de voir au fil de l'étude de plusieurs utopies, en insistant plus particulièrement sur celle que nous décrit l'ouvrage de Thomas More, si l'utopie entretient des liens avec la pratique et, dans ce cas, quelle est alors la nature de ces liens. Mais n'y a-t-il pas de nos jours une acception plus instante de l'utopie ? Voilà ce que nous nous demanderons au cours d'une seconde étape. Nous découvrirons que l'utopie, définie en un sens nouveau, entretient avec la pratique des liens tels qu'il nous est désormais loisible de parler d'une véritable pratique utopique. Que signifie cette pratique utopique ? Qu'implique-t-elle aujourd'hui ? Ces questions constitueront la trame de notre conclusion.

« b.

L'utopie politique est la voix de l'idéale prescrivant des améliorations encore inouïes Enfin, nous pouvons voir que l'utopie a un intérêt pratique, dans la mesure où la fiction se permet des licences avecle réel qui sont créatrices d'idées nouvelles.

Les utopies politiques inventent des améliorations auxquelles lescontemporains n'avaient jamais songé, et créent des idées qui n'étaient venues à personne.

Thomas More, parexemple, est le premier à avoir désigné la propriété privée comme le principal responsable des maux de la société.L'utopie est créatrice de solutions aux problèmes sociaux, que l'action politique réelle pourra réaliser dans les faits. III. Les contre utopies politiques ont également un intérêt pratique a.

Qu'est-ce qu'une contre utopie politique ? Nous poursuivrons notre réflexion en nous interrogeant sur ce type particulier d'utopie politique qu'est la contreutopie.

Une contre utopie politique ne dépeint pas une société idéalement régie, mais une forme de société le plussouvent en proie au totalitarisme.

Elle ne dessine pas le monde tel qu'il devrait être, mais tel qu'il pourrait être dansl'avenir : la majorité des contre utopies sont effectivement situées dans le futur.

1984 de Georges Orwell, Un bonheur insoutenable d'Ira Levin et Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley sont des contre utopies politiques qui dépeignent un avenir aux couleurs sombres, où les hommes sont dominés par des états tout puissants etmanipulateurs. b.

La contre utopie dessine un monde possible en suscitant la crainte qu'il se réalise Peut-on dire qu'une contre utopie politique a un intérêt pratique ? Oui, dans la mesure où elle fonctionne comme unavertissement, comme la description d'un avenir possible.

Toutes les fois où nous décrivons notre société en lacomparant à 1984 de Georges Orwell nous prouvons que la contre utopie politique a un intérêt pratique, puisqu'elle nous met en garde contre ce que risque de devenir notre société, et nous avertit des menaces qui pèsent sur notresort. Conclusion : A première vue, une utopie politique n'a pas d'intérêt pratique : construction de l'esprit, elle nous dépeint ce que lemonde pourrait être, mais en situant son discours dans un lieu indéfini qui implique son impossible réalisation.

Maisune utopie politique, ou une contre utopie politique, a en vérité toujours un intérêt pratique, médiatisé par l'actiond'autrui, en tant qu'elle peut inspirer la forme concrète d'un gouvernement réel, ou nous mettre en garde contre lesdérives qui peuvent devenir celles de l'Etat sous la domination duquel nous vivons.. »

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