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Valeur des passions ?

Publié le 10/02/2004

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« La raison est, et elle ne peut qu'être l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à les servir et à leur obéir. » Hume, Traité de la nature humaine, 1740. « On peut généralement définir [les passions comme] des perceptions, ou des sentiments, ou des émotions de l'âme, qu'on rapporte particulièrement à elle, et qui sont causées, entretenues et fortifiées par quelque mouvement des esprits. » Descartes, Les Passions de l'âme, 1649.Les passions illustrent à merveille les interactions entre l'âme et le corps. Elles résultent en effet, selon Descartes, de l'influence sur l'âme des « esprits animaux », lesquels sont composés des parties les plus subtiles et les plus agitées du sang. Ces «esprits », qui sont de nature entièrement corporelle, agissent sur l'âme, alors en proie aux passions. « J'appelle ici passions toutes les émotions que l'âme ressent naturellement à l'occasion des mouvements extraordinaires des esprits animaux. » Malebranche, De la recherche de la vérité, 1674-1675. « Comme on parle des infirmités du corps, la goutte, le rhumatisme, il y a ainsi dans l'âme l'amour de la gloire, le goût du plaisir et choses semblables.

« L'illusion passionnelle serait fondamentalement, selon certains, une illusion d'ordre métaphysique.

C'était la thèse deMalebranche : la créature éprouve un élan spontané vers le Dieu créateur et infini.

L'objet d'une passion (femme,collection de timbres, décoration flatteuse) est comme un écran interceptant cet amour qui ne devrait s'adresserqu'à l'Être infini.

L'illusion passionnelle, c'est la divinisation d'un objet fini.

La passion transforme le fini en infini, elleest une idolâtrie.

Cette illusion s'attache surtout à la passion malheureuse.

Ce collectionneur donnerait son âmepour le timbre rare qu'il n'a pas, cet amoureux transi est prêt à tout sacrifier pour son idole lointaine.

Le timbre enfindécouvert, la femme enfin possédée perdraient une bonne part de leur prestige : l'objet présent est plus difficile àdiviniser.

Souvent la possession éteint brusquement la passion; l'objet possédé révèle sa médiocrité, ses limites; etla vanité, le néant de la passion apparaît.Claudel a bien souligné, dans le Soulier de satin, à propos de l'amour coupable de Rodrigue et de Prouhèze, leprocessus de divinisation de l'objet aimé.

Lorsque don Camille demande à Rodrigue : « Que peut cette pauvrefemme, que peut-elle vous donner? » Rodrigue répond : « Si je le savais, je ne le lui demanderais pas.

» Mais cetamour coupable peut à son tour être utilisé, canalisé.

Ne suffit-il pas de l'éclairer sur son illusion et de le diriger versl'Être infini, c'est-à-dire de lui restituer son objet véritable? Ainsi Prouhèze, parlant de Rodrigue, dira : « Je ne puislui donner le Ciel, je peux du moins l'arracher à la terre.

»La passion serait bonne en ce qu'elle réveille les élans les plus profonds de notre être, mauvaise parce qu'elle risquede les confisquer.

A côté de la thérapeutique traditionnelle des passions (diversion par le voyage, l'étude, uneactivité nouvelle), on peut concevoir une thérapeutique plus souple qui saurait exploiter l'élan passionnel en ledirigeant vers d'autres buts moins égoïstes, plus féconds pour la communauté des hommes.

Rien de plus naïf et deplus dangereux que cette affirmation de Bossuet : « La passion se lasse de toujours convoiter sans être satisfaite...la passion frustrée commence à s'affaiblir et toujours impuissante prend le parti de se modérer.

» Car, tout aucontraire, il est impossible de rayer d'un trait l'élan passionnel; la psychanalyse a montré la puissance redoutable etle rôle néfaste des désirs refoulés.

La thérapeutique des passions doit seulement s'efforcer de substituer auxrefoulements pernicieux les sublimations fécondes. « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours desa volonté.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645. « Tout ce qui n'est point action est passion.

» Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

1645. « Tout homme qui se réfugie derrière l'excuse de ses passions, tout homme qui invente un déterminisme est unhomme de mauvaise foi.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946. Pour Sartre, nous sommes tous et à tout moment responsables de nos actes.

Celui qui prétend agir sous l'emprisede ses passions et qui refuse d'assumer la paternité de ses choix se ment à lui-même : il est « de mauvaise foi ». « La passion [...] est un ébranlement de l'âme opposé à la droite raison et contre nature.

» Zénon de Cittium. « Suivant la définition des stoïciens, la sagesse consiste à prendre la raison pour guide; la folie, au contraire, àobéir à ses passions; mais pour que la vie des homme ne soit pas tout à fait triste et maussade, Jupiter leur a donnébien plus de passions que de raison.

» Érasme, Éloge de la folie, 1511. « L'inclination que la raison du sujet ne peut pas maîtriser ou n'y parvient qu'avec peine est la passion.

» Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. « C'est seulement dans la mesure où les hommes vivent sous la conduite de la Raison qu'ils s'accordent toujoursnécessairement en nature.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) Tant que les hommes sont soumis à leurs passions (l'amour, l'envie, la haine...), ils ne peuvent vivre en paix les unsavec les autres.

Seule la raison leur fait rechercher le bien commun : leur nature (qui pousse chacun vers ce qu'iljuge le plus profitable) s'accorde alors nécessairement. « La raison est, et elle ne peut qu'être l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autres rôles qu'à lesservir et à leur obéir.

» Hume, Traité de la nature humaine, 1740. « On peut généralement définir [les passions comme] des perceptions, ou des sentiments, ou des émotions del'âme, qu'on rapporte particulièrement à elle, et qui sont causées, entretenues et fortifiées par quelque mouvementdes esprits.

» Descartes, Les Passions de l'âme, 1649. Les passions illustrent à merveille les interactions entre l'âme et le corps.

Elles résultent en effet, selon Descartes,de l'influence sur l'âme des « esprits animaux », lesquels sont composés des parties les plus subtiles et les plus. »

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