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Que vaut une preuve contre un préjugé ?

Publié le 24/01/2004

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Socrate fut accusé de corrompre la jeunesse et d'introduire de nouveaux dieux dans la cité. Il prit en charge sa défense, montrant l'erreur de ses accusateurs, dénonçant chacun des chefs d'accusation. Rien n'y fit. Il fut condamné à mort par l'assemblée des citoyens d'Athènes, incapable de se débarrasser de la représentation qu'elle avait de cet homme. Les hommes peuvent affirmer ou nier à l'encontre des preuves. L'histoire judiciaire, l'histoire tout court, est pleine de ces jugements précipités qui, sur fond de préjugés religieux, raciaux ou idéologiques, ont rendu faussement coupables des innocents. Il y a là quelque chose de scandaleux. Juger sans preuves, imposer jusque dans la mort les conséquences d'un préjugés relève davantage de l'irrationnel que de la saine raison. Mais le préjugé est tenace et disparaît difficilement devant la preuve. L'opinion raciste continue d'exister alors que le contenu scientifique de la notion de race est vide. Preuves et préjugés peuvent se contredire mais aussi coexister. Deux instances semblent s'opposer et se contrarier. Que vaut donc une preuve contre un préjugé?
APPROCHE: « Preuve « signifie connaissance démontrée ; « préjugé « signifie au contraire : idée acceptée avant d'être examinée (pré-jugé), idée préconçue. Un préjugé n'est pas nécessairement faux, mais il est cru sans qu'on ait la preuve de sa vérité ou de sa fausseté. Une preuve peut donc logiquement soit établir la vérité d'un préjugé, soit établir sa fausseté. Par exemple, le préjugé selon lequel le soleil tourne autour de la terre a été ruiné par la preuve du contraire. Mais pourquoi demander alors : « Que vaut une preuve contre un préjugé ? « et non l'inverse : « Que vaut un préjugé contre une preuve « ? La formulation du sujet suppose donc que les préjugés peuvent avoir une force qui leur fait résister aux preuves susceptibles de les réfuter. On peut donc reformuler le sujet ainsi : « comment expliquer que les preuves ne suffisent pas à détruire les préjugés ? «. Cela nous permet de comprendre le sens de la question « que vaut... ? «. Il faut ici distinguer une valeur logique de la preuve (la preuve que la terre tourne autour du soleil prive en effet le préjugé inverse de tout fondement) et une valeur psychologique de la preuve : bien que la rotation de la terre autour du soleil soit prouvée, le préjugé inverse peut continuer à être cru. Pour quelles raisons ? C'est ce à quoi le sujet invite à réfléchir.
L'erreur ici serait de comprendre : la preuve vaut-elle mieux que le préjugé ? Question totalement dépourvue d'intérêt : comment pourrait-on soutenir le contraire, et une question dont la réponse est évidente est a priori une fausse question. Mais en réalité le sujet est : que vaut une preuve contre un préjugé ? La préposition « contre « indique que la preuve et le préjugé sont engagés dans une lutte et l'on se demande alors quelles sont les chances pour la preuve de l'emporter face à son adversaire. A quelle occasion cette question se pose-t-elle vraiment ? On imagine bien un scientifique ou un philosophe qui, après s'être évertué à prouver, par exemple, que la notion de race humaine est sans valeur, constaterait son impuissance à contrer les « arguments « du démagogue qui sait adroitement flatter les préjugés racistes de son auditoire. La question qu'il viendrait alors à se poser : « Que vaut une preuve contre un préjugé ? « exprimerait son sentiment d'échec et la réponse qu'elle appellerait serait évidente : « La preuve ne vaut rien, ou pas grand-chose. «
 

« rationnelle et fondée ? Ensuite, si un préjugé prétend détenir la vérité, en quoi la preuve et le préjugé s\'opposent-ils ? Enfin, à partir de quand peut-on dire qu\'une preuve est valable ? Quand est-ce qu\'une preuve peut détruireun préjugé ? I.

D\'où vient la force du préjugé ? l\'expérience trompeuse lorsqu\'un individu tient une idée pour vraie, quelle que soit cette idée et si fausse qu\'elle puisse se révéler àl\'examen, il le fait au nom d\'une certaine expérience ; il pense que son idée est déjà contrôlée, ou bien qu\'ellepeut l\'être.

Sans cela, l\'idée lui semblerait une simple « vue d\'esprit », une affirmation gratuite, sans valeur devérité. Ex : une proposition raciste : dans l\'esprit de celui qui la pose comme vraie, c\'est l\'expression d\'un fait que l\'ona observé ou qu\'on pourrait observer.

Même si ces « observations » ne sont que les interprétations contestables defaits plus ou moins imaginaires, elles constituent « l\'expérience » sans laquelle une thèse ne serait pas considéréecomme vraie par celui qui la pose. la causalité [Hume] la causalité n\'est qu\'une sorte de nécessité subjective sans fondement dans la réalité, du moins sans fondementqu\'on puisse établir, si ce n\'est la succession habituelle de phénomènes, qui nous pousse à croire que notreconnaissance est absolument incontestable. => aboutit à la certitude : état de l\'esprit qui adhère sans réserve à ce qu\'il juge être vrai.

L\'esprit est alors sûrde détenir la vérité, sans le moindre doute possible. Seulement, ces certitudes sont subjectives.

Un préjugé, une opinion, certains jugements de valeur ont donc pourparticularité d\'être énoncés comme s\'il s\'agissait de jugements au sens logique du terme, càd comme s\'ils seliaient entre eux de véritables concepts. la force du préjugé se vérifie aussi par le phénomène de masse. Comme le précise John Locke, une opinion majoritaire n\'est pas forcément juste : l\'auteur dénonce la faiblessehumaine largement répandue à son époque (XVIIe) qui consiste à s\'abriter derrière l\'avis des autorités connues,gens célèbres, du plus grand nombre, pour reprendre à son compte des opinions dont la « probabilité de vérité »tient simplement au fait que d\'autres les partagent. Ex : affaire Dreyfus => 1894, accusé parce qu\'il était juif principalement.

Ce préjugé a fait qu\'une majorité del\'opinion s\'était positionné contre lui, mais n\'avaient aucune idée de la vérité : pas de preuve de son acte.

Lesvraies preuves ont mis lgtps à prendre le dessus de ce préjugé...(1898) Si un préjugé peut prétendre détenir la « vérité », en quoi alors la preuve et le préjugé s\'opposent-ils ? II.

En quoi la preuve et le préjugé s\'opposent-ils ? Distinguons clairement les différences entre ces deux concepts : préjugé: opinion jugée d\'avance, basée sur de simples opinions (collectif ou sentiment). Valeur subjective : il implique un jugement de valeurs, car le préjugé est indémontrable => on ne peut pas en tirerdes lois c\'est donc une idée reçue, non fondée. Cela nous amène à nous intéresser à ce qu\'est l\'opinion : avis, jugement porté sur une réalité, sansconnaissance véritable de cette réalité.

C\'est ainsi que le préjugé est considéré comme une opinion jugéed\'avance, spontannément admise et acceptée par une personne ou par tout un groupe sans examen préalable etsans aucun souci de vérification (préjugés racistes). Ces préjugés, opinions, jugements de valeur sont le plus souvent des impressions, sentiments, des croyances,qui se présentent abusivement comme des connaissances relatives aux objets sur lesquels ils portent, mais relèventplutôt de la supposition, là où l\'on ne dispose d\'aucune certitude.

En qque sorte, les hommes se contententvolontiers de ces affirmations toutes faites qui leur permettent à bon compte d\'organiser leur représentation dumonde, voire de lui donner un sens qui les arrange : il est commode de fonder ses préjugés racistes sur la thèseinvérifiable que certaines populations sont supérieures aux autres. Beaucoup de nos opinions ne sont ainsi que le reflet de l\'air du temps, ou des idées reçues auxquelles leurtransmission de génération en génération donne toutes les apparences de vérités solidement établies. preuve:. »

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