Devoir de Philosophie

Verhaeren – Les Horloges

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

verhaeren
Verhaeren – Les Horloges La nuit, dans le silence en noir de nos demeures, Béquilles et bâtons qui se cognent, là-bas ; Montant et dévalant les escaliers des heures, Les horloges, avec leurs pas ; Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes Et fleurs d'antan, chiffres maigres et vieux ; Lunes des corridors vides et blêmes, Les horloges, avec leurs yeux ; Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes, Boutique en bois de mots sournois, Et le babil des secondes minimes, Les horloges, avec leurs voix ; Gaines de chêne et bornes d'ombre, Cercueils scellés dans le mur froid, Vieux os du temps que grignote le nombre, Les horloges et leur effroi ; Les horloges Volontaires et vigilantes, Pareilles aux vieilles servantes Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas. Les horloges que j'interroge Serrent ma peur en leur compas. 1. a) Emile Verhaeren : poète flamand de la fin du xixe siècle, début du xxe. b) Les Horloges : poème de forme presque déjà surréaliste sur thème classique : les horloges sont ici le symbole de la fuite du temps. 2. Annonce de plan. I. Description fantastique des horloges. II. La hantise du temps.
verhaeren

« A.

La fuite du temps.1.

Le temps qui s'écoule.— « Montant et descendant les escaliers des heures » : image originale qui montre le chemin du temps ;— « le babil des secondes », qui passent vite ;— « qui grignote le temps » ;— « boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas » : marche heurtée ou souple du temps.2.

Le temps passé.— Regret du vieux temps, ou considération de ce qui n'est plus, ou de ce qui s'est abîmé.— « Fleurs d'antan », « sons morts », « vieilles servantes », « béquilles ». B.

La peur.1.

Une atmosphère sombre.Qui favorise la peur inexpliquée, « la nuit », « le silence en noir » qui évoque le deuil, « la lune » à travers « les lunesdesCommentaires composéscorridors vides et blêmes », la couleur blême précisant l'impression de peur, et « bouche d'ombre ». 2.

Une idée de mort qui plane.— Le noir suggère la mort et le deuil (« en noir ») ;— Les « cercueils scellés » précisent l'idée de mort, et les « murs froids » font penser aux « corps froids » ;— Les « vieux os du temps que grignote le nombre » : une image horrible qui fait penser aux corps rongés par lesvers ;— La « lune » « blême » suggère aussi une atmosphère de mort. 3.

Une peur dite.a) Montée progressive de la peur, enfin exprimée à la fin de la 4e strophe :« Les horloges et leur effroi.

» Le changement de la forme du refrain qui passe de « avec » à « et » alerte le lecteurpour lui suggérer quelque chose d'important.b) Le poète apparaît lui-même à la fin du poème.

« Ma peur » souligne l'angoisse du poète, qui a le cœur « serré »quand il pose une question aux horloges sur la fuite du temps : il a l'impression d'être dans un étau, d'être broyé pardes bourreaux qui le plongent dans une épouvante atroce.c) Cette apparition tardive du poète avec toute sa peur permet une seconde lecture du poème, un peu différente,où tout devient hallucinant. Conclusion. Le poète a pour sujet un thème apparemment calme, la description des horloges dans une vieille demeure.

Mais toutdevient vite étrange, de plus en plus fantastique, puis effrayant.

L'homme apparaît peu à peu, en rendant leshorloges de plus en plus vivantes, et c'est lui qui transforme le cadre.Le thème est éternel.

Depuis « vulnerant Omnes ultima necat » (« Toutes blessent, la dernière tue ») qui était déjàl'inscription gravée sur les cadrans solaires des Romains,jusqu'au Pont Mirabeau d'Apollinaire (« Vienne la nuit, sonne l'heure »).

Mais il est repris ici avec une émotionpersonnelle sincère, semble-t-il, sous une forme qui annonce le Surréalisme.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles