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La vérité est-elle compatible avec la liberté ?

Publié le 03/03/2004

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L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit. Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d'Aristote repensé par le christianisme. Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison. En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. Vérité et liberté constituent une seule et même réalitéMe connaître moi- même, c'est pouvoir librement décider de ce qui m'est profitable et de ce qui m'est nuisible. L'adequatio rei et intellectus de Spinoza, c'est-à-dire l'adéquation entre la chose et l'esprit, s'applique à la connaissance comme à la liberté. L'esprit se sent libre lorsqu'il peut rationnellement expliquer un phénomène, et il se sent libre lorsqu'il est en accord avec lui-même. Souvenons-nous d'abord de la nature de la servitude : elle ne consiste pas dans la causalité stricte qui lie les idées aux idées et les événements matériels (ou corporels) aux événements matériels. Le déterminisme de la nature (si fortement affirmé par Spinoza) n'est jamais posé comme servitude : celle-ci n'est au contraire que l'ignorance des déterminismes et la soumission à des déterminations externes.Il n'y aura donc pas contradiction entre déterminisme et liberté si celle-ci est définie non pas comme l'absence de cause et comme l'inintelligible libre arbitre, mais comme la connaissance réflexive de l'affect qui, dissolvant les images et les faux biens, transforme l'affect passif (hétéronome et aveugle) en affect actif (autonome et éclairé).

La vérité n'est pas contraignante, elle libère plutôt l'esprit. En effet, plus l'homme connaît la liberté, plus il s'affranchit de ses servitudes. Mais, si être libre, c'est faire et penser ce que l'on veut, la vérité est une entrave à notre liberté. Les lois immuables et intangibles de la logique sont incompatibles avec la liberté.

« et déployant son pouvoir, il accède à la joie.Ce pouvoir, il est clair qu'il dépend de la connaissance adéquate (réflexive et totalisatrice), puisqu'elle seule peutrendre le désir à lui-même et l'homme à sa causalité immanente.

C'est pourquoi la connaissance du troisième genre(qui est la philosophie même) sera la plus haute « vertu » : la vertu, c'est-à-dire la perfection, n'est rien d'autrepour Spinoza que la réalité.

Puissance, réalité, perfection sont identiques.

Or seule la connaissance peut conduire ledésir à sa plus haute réalité et à sa plus haute perfection.

Seule elle est capable de définir, pour chacun, l'« utilepropre », c'est-à-dire un bien qui soit à la fois spécifique et réel : seule, par conséquent, elle peut mener le désir àla plus haute joie, qui est de puissance, d'indépendance et de sérénité.

La liberté n'est rien d'autre.On le voit, elle est fondée sur la réflexion, seule capable de réaliser authentiquement le désir par la cohérence desbuts finaux et des moyens termes.

Et cette liberté réflexive, inséparable d'un authentique pouvoir, a pour contenu lajoie même.C'est pourquoi il n'y a pas de différence entre liberté et béatitude.

La liberté comme joie et perfection souveraineest béatitude parce que, ainsi que le recherchait le Traité de la réforme de l'entendement , elle est permamente etcontinue.

La béatitude est donc, comme liberté et joie, le salut même : c'est la plus haute perfection, la plus hautejoie et la plus solide des réalités.

C'est pourquoi elle est le plus haut contentement de l'esprit et du désir :l'acquiescientia in se ipso , à la fois satisfaction de soi, accord avec soi-même et le monde, et repos actif en soi-même.Cette joie et cette liberté découlent, on l'a vu, de la connaissance du troisième genre, c'est-à-dire d'une « scienceintuitive » et rationnelle qui est la philosophie même.

Elles découlent donc de la connaissance de l'unité de laNature, ou Dieu.

Comme elle est une joie, on peut la considérer comme un amour : l'amour n'est rien d'autre que lajoie accompagnée de l'idée de sa cause.

Le suprême pouvoir et la suprême vertu conduisent à l'« amour intellectuelde Dieu » : relation réflexive au tout de l'Être, qui confère joie et satisfaction, indépendance et liberté.Par-là, la conscience accède à une certaine espèce d'éternité : non pas l'immortalité empirique et imaginative (il n'ya pas d'âme), mais une manière d'être et de vivre selon la vérité des déterminations essentielles, détachée descontingences empiriques liées au temps ordinaire.

Certes, cette « éternité » appartient à l'esprit par essence et parnature.

Cependant, puisqu'au terme du long itinéraire que constitue L'Éthique la conscience accède à une joie et àune permanence qu'elle n'avait jamais éprouvées, tout se passe comme si « l'esprit commençait seulement à être »(Éth.

, V, 31, sc.) et commençait seulement à comprendre les choses sous l'aspect de l'éternité.Il s'agit en fait d'une « seconde naissance » (comme le disait déjà le Court Traité ) : cet amour intellectuel de Dieu,quoique éternel, « a toutes les perfections de l'Amour, comme s'il avait pris naissance » (Éth.

, V, 33, sc.).Il s'agit (puisque Dieu, Nature, Vérité sont identiques) d'une naissance à soi, d'une entrée dans la liberté et la joie,et non pas d'une entrée ou d'un voyage dans un autre monde.

Le langage même de Spinoza oblige à faire cetteprécision : c'est que l'allusion aux valeurs mystiques est seulement destinée à suggérer que l'enjeu existentiel duspinozisme (joie, liberté, repos actif en soi-même) est aussi important que l'enjeu métaphysique des mystiques ; labéatitude éternelle n'a, en fait, qu'un sens recevable et c'est, croyons-nous, le sens spinoziste, purementimmanent, mais suprêmement exigeant, totalement réflexif et totalement existentiel à la fois. La vérité ne contraint jamaisComme le note judicieusement Wilhelm Reich dans La Psychologie de masse du fascisme, «le pouvoir dictatorial faitmauvais ménage avec la vérité (...).

C'est la raison pour laquelle «les faits véridiques ne peuvent être imposés parl'assujettissement, mais seulement par la persuasion». La vérité est une réalité sans lendemainLe désir de connaissance perd, aux yeux de l'enfant, tout son intérêt, dès lors qu'il est supplanté par un obligatoireapprentissage de la vérité, qu'elle soit scientifique, géographique, historique, etc.

Quelle liberté reste-t-il à l'esprit àqui l'on enseigne que 2 + 2 = 4? Il admet, se soumet, et après avoir appris sa leçon ira trouver refuge dans lesrêveries de Prévert. A l'école de la vérité, seule compte la disciplineL'homme de science, tout comme le juge et le philosophe, est triplement contraint.

Il doit se soumettre aux règlesde la raison logique.

Il doit se soumettre aux faits.

Enfin, il doit se soumettre à la règle qui veut que la concordanceentre théorie et expérience soit le seul critère de vérité.L'expérience vient souvent contredire des théories en vigueur.

Ainsi, par exemple, depuis Aristote, on prétendait quela nature avait horreur du vide.

Or, en 1643, des fontainiers de Florence rapportent à Torricelli l'observation étrangequ'ils avaient faite : l'eau ne monte plus dans une pompe aspirante vide au-delà de 10,33 mètres.

Toricelli refitcette expérience en imaginant des dispositifs expérimentaux différents.

Pour dissiper toutes les objections contrel'existence du vide, Pascal demandera à son beau-frère Florin Périer d'organiser l'expérience du Puy-de-Dôme.

Celle-ci montrera que la hauteur du vif-argent dans un tuyau est moindre en haut qu'en bas de la montagne.

Il s'ensuitnécessairement que la pesanteur ou pression de l'air est la seule cause de cette suspension du vif-argent, et nonpas l'horreur du vide.

Pascal en conclura que dans le jugement qu'ils ont fait que la nature ne souffrait point du vide,. »

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