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La vérité est-elle une erreur commune ?

Publié le 10/03/2004

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lui-même en lui-même, dans son espace propre, et de le contempler qu'il est. - Nécessairement, dit-il. [...] - Eh bien, c'est cette image, dis-je, mon cher Glaucon, qu'il faut rattacher tout entière à ce que nous disions auparavant : en assimilant l'espace qui se révèle grâce à la vue à l'habitation dans la prison, et le feu qui s'y trouve à la puissance du soleil, et en rapportant la remontée vers le haut et la contemplation des choses d'en-haut à l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible. [...] Dans le connaissable, ce qui se trouve au terme, c'est la forme du bien, et on ne la voit qu'avec peine, mais une fois qu'on l'a vue, on doit en conclure que c'est elle qui constitue en fait pour toutes choses la cause de tout ce qui est droit et beau, elle qui dans le visible a engendré la lumière et le seigneur de la lumière, elle qui dans l'intelligible, étant elle-même souveraine, procure vérité et intellect «.                         Platon, République (entre 385 et 370 av. J.C.), livre VII, 514a-517c, trad.

La vérité, par définition, s’oppose à l’erreur. La première est une affirmation conforme à la réalité, alors que la seconde présente une non conformité avec ce qui est. En vertu de cette considération, se demander si la vérité est une erreur commune, c’est-à-dire une erreur faite par tout un chacun, peut sembler paradoxal. Si la vérité est une erreur commune, il ne s’agit plus à proprement parler de la vérité. La définir comme une erreur apparaît contradictoire et donc impossible. Quel sens y a-t-il à se demander si la vérité est une erreur commune ? Cette question prend sens à partir du moment où on remet en cause l’idée de vérité. La vérité s’oppose à l’erreur, soit, mais la vérité existe-t-elle ? Si celle-ci n’a pas de réalité, il devient sensé de se demander si elle n’est pas une erreur commune. Le problème que nous invite à considérer la question est ainsi celui de la possibilité de la vérité.

  • I) La vérité est une erreur commune.

a) La vérité scientifique est provisoire. b) La falsification chez Popper. c) La vérité n'est qu'une croyance partagée.

  • II) La vérité n'est pas une croyance commune.

a) Vérité = évidence. b) Une croyance commune ne fera jamais une vérité. c) Vérité et vérification.

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« grande proximité de ce qui est réellement, et tourné davantage vers ce qui est réellement, il voit pluscorrectement ? Surtout si, en lui montrant chacune des choses qui passent, on le contraint de répondreà la question : qu'est-ce que c'est ? Ne crois-tu pas qu'il serait incapable de répondre et qu'il penseraitque les choses qu'il voyait auparavant étaient plus vraies que celles qu'on lui montre à présent ?- Bien plus vraies, dit-il.

[...]- Si par ailleurs, dis-je, on le tirait de là par la force, en le faisant remonter la pente raide et si on ne lelâchait pas avant de l'avoir sorti dehors à la lumière du soleil, n'en souffrirait-il pas et ne s'indignerait-ilpas d'être tiré de la sorte ? Et lorsqu'il arriverait à la lumière, les yeux éblouis par l'éclat du jour, serait-ilcapable de voir ne fût-ce qu'une seule des choses qu'à présent on lui dirait être vraies ?- Non, il ne le serait pas, dit-il, en tout cas pas sur le coup.- Je crois bien qu'il aurait besoin de s'habituer, s'il doit en venir à voir les choses d'en haut.

[...] Alors, jepense que c'est seulement au terme de cela qu'il serait enfin capable de discerner le soleil [...] lui-mêmeen lui-même, dans son espace propre, et de le contempler qu'il est.- Nécessairement, dit-il.

[...]- Eh bien, c'est cette image, dis-je, mon cher Glaucon, qu'il faut rattacher tout entière à ce que nousdisions auparavant : en assimilant l'espace qui se révèle grâce à la vue à l'habitation dans la prison, et lefeu qui s'y trouve à la puissance du soleil, et en rapportant la remontée vers le haut et la contemplationdes choses d'en-haut à l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible.

[...] Dans le connaissable, ce qui setrouve au terme, c'est la forme du bien, et on ne la voit qu'avec peine, mais une fois qu'on l'a vue, ondoit en conclure que c'est elle qui constitue en fait pour toutes choses la cause de tout ce qui est droitet beau, elle qui dans le visible a engendré la lumière et le seigneur de la lumière, elle qui dansl'intelligible, étant elle-même souveraine, procure vérité et intellect ».

Platon, République (entre 385 et 370 av.

J.C.), livre VII, 514a-517c, trad.

G.

Leroux, Paris, Garnier-Flammarion, 2002 ; 2 e éd.

2004. Transition : L'erreur commune, ce n'est pas de croire en la possibilité de la vérité – les hommes possèdent le moyen del'atteindre grâce à leur raison – mais c'est d'en avoir une conception fallacieuse, une conception qui la ruine enréalité.

Un problème se pose néanmoins à cette thèse qui nous invite à dépasser les apparences : ne risque-t-onpas de tomber dans l'erreur en sortant du sensible ? Si on ne le prend pas comme fondement de la vérité, n'est-onpas à même de démontrer tout et n'importe quoi ? II.

Les limites de la raison pure Dans la Critique de la raison pure , Kant s'interroge sur les limites de notre pouvoir de connaître.

Il constate que si la logique, ainsi que la mathématique et la physique, sont parvenues à trouver la voie sûre d'une science, ce n'est pasle cas de la métaphysique.

Tout le monde s'accorde à reconnaître les lois établies par les premières.

Lamétaphysique, par contre, fait l'objet de nombreux débats.

Elle est un véritable champ de bataille.

Cette discipline,qui vise à établir des discours sur des objets suprasensibles tels que l'âme, le monde et Dieu, ne parvientmanifestement pas à trouver la voie sûre d'une science.

Chacun y va de ses propres conceptions sans qu'un accordunanime ne l'emporte.

Pour résoudre cette crise de la métaphysique, Kant propose de déterminer les limites de laraison pure.

Cette discipline, qui vise des objets suprasensibles, des objets dont nous ne pouvons faire l'expérience,ne s'aide que de la raison.

C'est au terme de raisonnement qu'elle prétend énoncer des vérités.

Or, à quellesconditions la raison pure peut-elle énoncer des vérités ? Telle est la question kantienne.

Pour déterminer cesconditions, il prend le modèle de la mathématique et de la physique.

Il s'aperçoit alors que la raison ne parvient àénoncer des vérités qu'à partir du moment où elle formule des hypothèses et cherche par la suite à les vérifier dansle champ de l'expérience possible.

La raison pure s'avère ainsi avoir pour limite le champ phénoménal.

Lorsqu'elleoutrepasse cette limite, elle tombe dans des polémiques sans fin.

Contre la théorie platonicienne, il ne semble doncpas que la raison puisse complètement faire abstraction du sensible.

Celui-ci doit nécessairement intervenir afin deconfirmer les raisonnements formulés par la raison.

La vérité, du point de vue kantien, est en ce sens une erreurcommune à ceux qui prétendent y avoir accès indépendamment de l'expérience.

Ce que l'on affirme et qui n'est pasvérifiable, n'est tout au plus qu'une croyance. On peut citer ici le début du paragraphe 57 des Prolégomènes à toutes métaphysique futur (ouvrage qui constitue une introduction par Kant lui-même de la Critique de la raison pure ) qui met évidence l'impossibilité de déterminer quoi que ce soit en s'élevant au-delà de toute expérience possible : « Il y aurait absurdité à espérer connaître d'un objet quelconque davantage que ce qui relève del'expérience possible de cet objet, ou encore prétendre à la moindre connaissance d'une chose dont nousadmettons qu'elle n'est pas un objet d'expérience possible, en vue de la déterminer selon sa constitutiontelle qu'elle est en elle-même ; car comment veut-on parvenir à cette détermination, alors que le temps,l'espace et tous les concepts d'entendement, bien plus : tous les concepts tirés du monde sensible parl'intuition empirique ou perception , n'ont et ne peuvent avoir d'autre usage que de rendre l'expérience possible et alors que même les concepts purs de l'entendement dès qu'ils sont affranchis de cette. »

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