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La Vérité Est-Elle Relative ?

Publié le 02/10/2010

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La vérité est par définition la propriété d’un jugement, c’est-à-dire lorsqu’un être possédant une raison dit quelque chose au sujet de quelque chose. Bien entendu, un Homme énonce une vérité en pensant qu’elle est en adéquation avec la réalité, extérieure à l’esprit, indépendamment de l’esprit. Pour cela, l’être doué de raison, l’Homme, fait appel à sa sensibilité, lui donnant des informations sur la réalité (aussi appelé coté passif, à posteriori). Ces informations atteindront alors l’esprit pour être interprétées par la raison (dans des catégories de l’esprit, catégories à priori de l’entendement). La vérité serait donc le lien entre la raison et la sensibilité, voir plus largement entre l’esprit et la réalité. Dans cette question, on se demande si la vérité dépend de nous, et donc si elle est propre à chacun, si chacun possède « sa vérité «. Dans le cas contraire, la vérité serait dite absolue, et donc indépendante de toute condition, qui serait la même pour tous.  Un jugement fait par un Homme, par sa raison, est-il forcément propre à lui, ou bien ce jugement est-il indépendant de toute condition ? Il ne faut donc pas s’interroger sur la vérité elle-même, mais sur le caractère « propre à chacun « de cette vérité. Ainsi on pourrait se demander : La vérité est-elle dépendante de la raison de chacun ? De la sensibilité de chacun ? La vérité peut-elle varier en fonction des conditions dans lesquelles elle est établie ? N’existe-t-il pas de vérité absolue ? Chacun possède-t-il « sa vérité « ?    Le jugement est, par définition, différent d’un Homme à l’autre : il est effectué par la raison d’un Homme, dont le degré d’intelligence et de volonté varie en fonction de l’Homme lui-même et des conditions dans lesquelles il émet ce jugement. En effet, Stendhal, dans son ouvrage De L’amour, nous dit : « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections «. Ainsi, L’homme menant une passion amoureuse poussée verra celle (ou celui) qu’il aime plus belle (beau) que les autres ne le voit. La passion a pour rôle de « cristalliser « la personne aimée. Un homme aimant voit par sa sensibilité la même personne que les autres n’étant pas amoureux. Cependant, L’esprit de celui-ci n’interprètera pas de la même manière les données reçues par le coté passif : il trouvera la personne aimée extrêmement belle, et sera persuadé de ce jugement. Une autre personne, non amoureuse, verra la personne d’une toute autre manière : elle la verra sans lui trouver de beauté. Même si la personne aimante ne fait pas partie de la majorité des personnes qui trouve l’aimée « anodine «, elle émet tout de même une vérité puisqu’elle ne se confectionne pas une vérité en prenant en compte celle des autres, mais en ayant fait son propre jugement. La vérité ne sera pas la même (à l’égard de la personne aimée) chez une personne passionnément amoureuse que chez une personne n’éprouvant pas de sentiments particuliers. L’établissement d’une vérité diffère donc en fonction des passions éprouvées à l’égard de quelqu’un (ou quelque chose).  De plus, de nombreux philosophes se sont penchés sur la variabilité de la vérité en fonction des civilisations et des cultures. Comme par exemple Pascal, qui dit un jour « Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà «. Un fait que nous trouvons complètement immoral, mauvais, peut être considéré comme anodin par d’autres Hommes, possédant d’autres cultures. Par exemple, l’inceste est considéré comme un crime dans la plupart des pays : les personnes commettant des incestes peuvent être rejetées de leur société, ces personnes sont qualifiées de « répugnantes «. Ce crime peut même être dans certains états puni par la mort ! Pourtant, dans certaines civilisations, l’inceste est considéré comme traditionnel. C’est le cas dans certaines ethnies africaines où les filles sont traditionnellement dépucelées par leur père avant le mariage. Les personnes averties de l’inceste ne font pourtant rien pour l’empêcher. Ils ne voient pas de mal en l’inceste. Certains occidentaux (contre l’inceste) pourraient qualifier cette tradition d’immorale, et ainsi qualifier les ethniques pratiquants l’inceste d’ « animaux «. Pourtant, ces ethniques sont bel et bien des Hommes, doués d’intelligence, possédant une morale et pouvant ainsi dissocier le bien du mal. Ils ne voient donc pas la même vérité que nous (les occidentaux) dans l’inceste. A travers cet exemple, on peut voir que les notions de bien et de mal diffèrent en fonction des cultures, des civilisations. La morale, et donc la vérité que l’ont peut établir à travers cette morale, est différente en fonction des cultures et des civilisations. Une vérité sera considérée comme vraie dans un peuple, alors qu’elle sera considérée comme en inadéquation avec la réalité dans un autre, n’ayant pas les mêmes cultures que le premier. La vérité dépend donc des cultures et coutumes d’une civilisation.  Enfin, Kant affirme que notre connaissance est relative à nos moyens de connaissance. La conséquence du relativisme de Kant est que nous ne connaissons jamais les choses telles qu’elles sont en soi, mais telles qu’elles sont pour nous. Une vérité n’est donc jamais en adéquation totale avec la réalité. Celle-ci varie en fonction non seulement de la manière dont elle est perçue a posteriori, mais aussi de la manière dont elle est interprétée par l’esprit, par les catégories a priori de l’entendement. Une vérité ne peut être établie sans l’utilisation de ces moyens de connaissance. Ainsi, un être n’ayant pas la même structure de l’esprit que la notre ne verra pas le monde de la même manière, et n’y verra donc pas les mêmes vérités. Nos moyens de connaissance sont donc relatifs à la structure de notre esprit. En considérant que tous les Hommes ont la même structure de l’esprit, ce qui est en effet le cas, on peut tout de même parler de relativité de la vérité : chaque être humain ne possède pas la même sensibilité que son semblable, et l’entendement peut de même varier d’un être à l’autre. Il peut donc y avoir plusieurs vérités établies par différents êtres humains à la vue d’un même fait.

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