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Y a-t-il une vertu de l'oubli ?

Publié le 12/01/2004

Extrait du document

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance de toutes choses, y compris de son être propre. Il sait que ce qui a été n'est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus. Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable. Il marque la limite de sa volonté de puissance. L'instant présent, ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance. Le passé, au contraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été ». Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté. C'est pourquoi « l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau de ténèbres ».3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un être malade, il est l'homme du ressentiment.

·         Angles d’analyse

 

® Pour les massacres commis sous nos yeux en silence, nous exigeons un devoir de mémoire : comme si garder à l’esprit la présence de la barbarie pouvait nous empêcher de la laisser se reproduire à nouveau. C’est qu’il y a en effet une force, une puissance de l’oubli : il est comme le Léthé, le fleuve qui emporte aux Enfers, dans le royaume des morts, et qui efface les traces du souvenir. Mais quand le traumatisme empêche la vie, n’est-ce pas sagesse que de savoir oublier ?

® Au premier sens du mot, vertu signifie la force physique, le courage, la sagesse. On parle de vertu « curative «, par exemple, à propos d’une chose qui renferme un principe susceptible d’avoir des effets sur une pathologie. Il s’agira donc ici de définir en quel type de vertu consiste l’oubli s’il est bien une vertu de la pensée.

® Nous serons nécessairement amener à définir l’essence, la nature et la fonction de l’oubli, afin, précisément, de puovoir donner une juste réponse à la question. De la même manière, il est tout à fait concevable de dire qu’il y a une vertu de l’oubli, sans pour autant affirmer qu’il s’agit d’une vertu de la pensée. La pensée elle-même devra donc être expliciter dans sa définition contextuelle. Car si par pensée on appelle conscience, peut-être alors y a-t-il obstacle à définir l’oubli comme vertu.

Problématique

 

L’oubli, dans ce qu’il comporte d’ignorance et d’inconscience, peut-il être considéré comme un acte positif de la pensée, en tant qu’il sera curateur ou bénéfique pour la vie d’un sujet ? Il faut donc s’interroger sur la fonction de l’oubli tout autant que sur sa nature. Appartient-il à la pensée en tant que telle ? En quel sens peut-on et même doit-on entendre « vertu de la pensée « ? Un travail de définition rigoureux est ici requis.

« pas le poids, mais les avertissements ; ce qui constitue précisément la difficulté de l'innocence dans un oublimaîtrisé du passé. III - L'usage adéquat de l'oubli et de la mémoire a) La dialectique entre la mémoire et l'oubli naît de la nature même de la conscience : « pont jeté entre le passé etle futur » (Bergson). b) La métamorphose du souvenir en vie créatrice : le souvenir tire sa valeur d'un usage qui le rénove et lui donneune nouvelle existence au lieu de figer dans le temps.

Exemple : la dialectique de l'ancien et du nouveau dansl'Histoire de l'art. c) L'oubli et la mémoire doivent être adéquats.

Ce que l'on oublie ou non doit être réglé par un souci éthique :exemple : oublier dans le pardon ou l'indulgence. Conclusion Il ne s'agit pas d'oublier ou de se souvenir au hasard des occasions.

Il y a des devoirs d'oublis et des devoirs demémoire.

La vertu réside donc dans leur adéquation à une nécessité morale : garantir, protéger et créer des valeurspour donner sa raison au temps. SUPPLEMENT :NIETZSCHE : la nécessité de l'oubli Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas demémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui estimpossible de vivre heureux et pleinement.

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert laconscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance detoutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'estplus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présencedu passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vraibonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marquela limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, estle lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, aucontraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « celaa été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification dupassé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi« l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé quil'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau deténèbres ».3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un êtremalade, il est l'homme du ressentiment.

La « santé » psychique dépend de lafaculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcher l'envahissement de la conscience par lestraces mnésiques (les souvenirs).

Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par ellesl'homme re-sent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finitavec rien ».

Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retardinfini et veut en tirer vengeance': « On n'arrive à se débarrasser de rien, on n'arrive à rien rejeter.

Tout blesse.

Leshommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces; lesouvenir est une plaie purulente.

» « Se souvenir de tout serait, en bien des circonstances, aussi fâcheux que ne se souvenir de rien; il faudrait,pour nous rappeler une portion déterminée de notre passé, exactement le temps qu'il fallut pour la vivre, et nous neviendrions jamais à bout de penser.

» William James, Principes de psychologie, 1890. « Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voirpartout qu'un devenir; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudreen une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir.

» Nietzsche, Considérations inactuelles, 1873-1876.. »

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